Distribution. E. Leclerc retire le saumon d’élevage de ses étals !

Distribution. E. Leclerc retire le saumon d’élevage de ses étals !

Véritable coup de Trafalgar dans la filière « Saumon », que la décision de Michel-Edouard Leclerc de retirer tout le saumon d’élevage dans les rayons et poissonneries des magasins E. Leclerc, 1e distributeur en France.

L’industrie halio-alimentaire ne comprend pas cette décision qui va mettre sur le carreau plusieurs milliers d’ouvriers et d'ouvrières dans les ateliers de fumaison, de filetage, de plats surgelés en Bretagne, à Boulogne et partout en France… Tous les acteurs de la filière "Saumon d'élevage", importateurs, grossistes, transformateurs et poissonniers, depuis les zones de production en Norvège, Ecosse, Chili et Irlande, jusqu'au plus petit village, se mobilisent pour défendre ce Saumon atlantique, qui a déserté fleuves et rivières de l'hexagone ; ils demandent à Arnault Montebourg, ministre du redressement productif, d’appeler MEL (1) à la raison… Plus d’un milliard d’euros sont en jeu si le saumon d’élevage est interdit de vente sur le sol français…

En réponse, MEL explique que c’est en solidarité avec ses amis canadiens, pêcheurs indiens, défenseurs du saumon sauvage et distributeurs engagés, qu’il a pris cette décision. Au moment de Rio+20, MEL a écouté le discours émouvant de la fille du célèbre David Suzuki (2), grand défenseur du saumon du Pacifique sur la côte Est du Canada.

Et ce ne sont pas les menaces de la Norvège de ne plus importer de camenbert « qui pue » qui feront changer MEL…. Ni même l’interdiction de vendre du gaz et du pétrole norvégiens au station service E. Leclerc… MEL a aussi des amis en Guyane française où pétrole et gaz vont couler à flot...

Redescendons sur terre et en particulier au Canada où OFG retire pour de vrai ce saumon des étals...

L'élevage de poisson en milieu ouvert est de plus en plus décrié (pollution environnementale, sanitaire, génétique,...). Au Canada, le saumon élevé dans des cages en mer est inscrit sur la liste rouge des pêcheurs et des environnementalistes... et depuis peu des distributeurs...

Une chaine de supermarché canadien vient de retirer de ses rayons le saumon produit en cages ouvertes :
Un premier supermarché canadien retire le saumon d'élevage de ses étals

Overwaitea Food Group (OFG) est le premier grand détaillant canadien – et le troisième en Amérique du Nord – à cesser de vendre du saumon élevé en cages ouvertes, ce produit d’élevage controversé. La décision d’OFG survient à un moment où l'industrie est l’objet de critiques sévères quant à la propagation de plus en plus fréquente des virus dans les fermes, tant sur la côte ouest que sur la côte est du continent.

« Greenpeace félicite Overwaitea Food Group pour cette initiative qui lui permet de s'approvisionner en produits de la mer plus durables tout en protégeant nos océans », a affirmé Charles Latimer, responsable de la campagne Océans de Greenpeace. « Il est grand temps que le gouvernement fédéral et l'industrie de la pisciculture prennent conscience que ce type de saumon n'est pas compatible avec les politiques d'approvisionnement durable des détaillants canadiens. »

En 2010, OFG a commencé à vendre du saumon élevé en bassins fermés, tandis que le saumon élevé en cages ouvertes, plus dommageable pour l'environnement, a été graduellement retiré des magasins. Loblaw et Safeway ont emboîté le pas et cherchent désormais à s'approvisionner auprès d'élevages en bassins fermés, mais leurs clientèles n'ont pas encore accès à cette alternative durable.

Une solution : la pisciculture dans des bassins à terre à l'image de la truiticulture française...

Avec plus de 35.000 tonnes de truites élevées chaque année, la France, est le 3e pays producteur d’Europe.

La truite d'aquaculture, un bon reportage de France 24 (cliquer sur l'image)...

Cependant, les acteurs de la filière "Truite" ne mettent pas en avant cet avantage "bassin à terre" par rapport au saumon d'élevage, principal concurrent commercial !!!


Le Comité Interprofessionnel des Produits d'Aquaculture (CIPA) serait en porte-à-faux ! Comment défendre les éleveurs de truite avec leurs bassins à terre alors que les pisciculteurs méditerranéens élèvent bars (loup), daurades et maigres en cages ouvertes ?

Philippe Favrelière

(1) MEL comme Michel-Edouard Leclerc
(2) David Suzuki : David Suzuki Foundation

Autre articles :


Pour aller plus loin....


Une guerre commerciale !

Entre Saumons du Pacifique et Saumon Atlantique
Entre Pêcheur et Aquaculteur



L’étude publiée par le réseau TRAFFIC « The great salmon run » nous éclaire sur la compétition commerciale que se livrent le saumon sauvage et le saumon d’élevage sur le marché Nord américain.

Au cours des 25 dernières années, l’industrie du saumon a été marquée par le développement de la salmoniculture. Le saumon d’élevage a connu une progression de 2% en 1980 à 65% en 2004 sur le marché mondial.

Les trois-quarts du saumon frais et congelé consommés aux Etats-Unis sont maintenant cultivés. Et, la valeur des captures Nord-américaines a chuté considérablement : les prises annuelles de saumon d’Alaska sont passées de plus de 800 millions $ à la fin des années 80 à moins de 300 millions $ aujourd'hui. Le déclin du saumon sauvage a eu des effets socio-économiques importants sur communautés de pêcheurs et la pêcherie.

Le rapport montre que la croissance rapide de la salmoniculture a radicalement modifié le marché du saumon (types de produits disponibles, époque de production et normes de qualité). Il recommande aux pêcheurs de labelliser leurs produits (label MSC) informant ainsi les consommateurs que le saumon sauvage vient de la pêche durable.

"Ce rapport lève le voile sur une industrie très complexe qui a un grand impact tant sur les communautés littorales que sur l'environnement," dit Jill Hepp de TRAFFIC Amérique du Nord. "Notre but est que ce rapport soit maintenant utilisé par l'industrie et les décideurs pour protéger les ressources de saumon sauvage et la pêche dont tant de personnes dépendent."

Etude complète en anglais : The great salmon

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Saumon d’élevage bio…vraiment ? (Greenpeace)

Organowashing, vous connaissez ce mot? Eh bien, nous aurons l’occasion d’être initiés à ce phénomène lorsque le saumon d’élevage « biologique » fera son entrée sur le marché canadien. Oui, les amis, la saga du saumon d’élevage se poursuit et cette fois notre protagoniste sera peint en vert avec la mention « bio » étampée sur le dos.

Quand je fais l’épicerie et que je vois une étiquette de produit biologique, je suis rassuré en sachant que son empreinte écologique est nettement inférieure aux produits conventionnels, particulièrement les produits locaux et biologiques. Si, comme moi, vous accordez une certaine confiance à ces produits étiquetés plus qu’aux autres, faites en sorte que votre loyauté envers l’étiquetage bio s’arrête au saumon d’élevage « biologique », car cette mention est loin de correspondre à la définition du terme en question.

Il n’est pas étonnant que de nombreux agriculteurs biologiques, groupes veillant à la salubrité des aliments et autres organismes de conservation soient mécontents de la décision rendue la semaine dernière par l’Office des normes générales du Canada : celle-ci permet désormais l’étiquetage bio du saumon d’élevage. Tout ce que nous avons pu espérer des produits biologiques et tout le travail que les agriculteurs ont fait pour répondre aux standards les plus stricts est en train d’être détruit....

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Slow Food Canada adopte le "Manifeste du Saumon Sauvage"

Sauvez notre saumon

Ce manifeste vise à protéger et restaurer nos pêches

par Sinclair Philip

Le Dr. John Volpe, spécialiste des systèmes alimentaires marins de l’École des études environnementales de l’Université de Victoria, C-B, et moi, avons rédigé ce manifeste, adopté unanimement par les présidents des conviviums présents à la Réunion nationale de Slow Food Canada tenue à Calgary le 23 avril 2006. Ce texte sera révisé en vue d’adresser et d’inclure les préoccupations des membres des provinces atlantiques. Celle imprimée ici est une version condensée du manifeste original. Nous développons notre site Web national et espérons y inclure le manifeste dans son intégralité bientôt.

Slow Food Canada encourage uniquement la consommation saisonnière de saumon sauvage de la côte ouest, décourage la consommation de toute forme de saumon d’élevage incluant le saumon d’élevage « biologique », et s’engage à la restauration des réserves de saumon sauvage.

Dans le Canada atlantique, plusieurs facteurs dont la surexploitation, la diminution des sources d’alimentation traditionnelle, la mauvaise gestion gouvernementale et la destruction de l’habitat ont réduit les réserves de saumon sauvage à un niveau frisant l’extinction. Ces menaces sont amplifiées par l’homogénéisation des bassins génétiques sauvages, résultat des fuites importantes et fréquentes de saumon en élevage dans le milieu sauvage, érodant la diversité génétique. Presque toutes les réserves de saumon sauvage dans les provinces atlantiques sont gravement atteintes et ne devraient pas être consommées. Dans le Pacifique, où plusieurs réserves sont plus saines, même si certaines se sont dégradées dans les dernières 100 années, nous avons remarqué que l’élevage de saumon n’allège pas le fardeau des réserves de saumon sauvage. En effet, l’élevage de saumon ne fait que modifier l’économie de l’offre et de la demande et mettre en danger les réserves sauvages en réduisant les prix et conséquemment, le niveau de vie des pêcheurs, pouvant mener même jusqu’à la disparition complète de ces économies.

Nous croyons que les saumons sauvages sont la pierre angulaire culturelle et écologique de l’espèce, dont l’importance est capitale pour leur habitat autochtone. Nous soutenons donc que tous les efforts sont nécessaires pour protéger et restaurer ces pêches afin d’éviter le destin dramatique qu’ont connu les pêches de morue. Le saumon sauvage exprime un aspect important de notre héritage culinaire. Son existence est profondément ancrée dans le tissu écologique et culturel de nos terres et de nos océans, et doit être préservée comme une expression de notre mode de vie….

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On ne peut pas parler des saumons sauvages du pacifique sans évoquer Alexandra Morton

En 2009, François Bernard a rencontré la biologiste Alexandra Morton lors d'une conférence sur la côte Pacifique du Canada....

Morceaux choisis, extraits du Blog de François Bernard

L'aquaculture en question, portrait de la biologiste Alexandra Morton

Alexandra Morton vit depuis 26 ans dans l'archipel des Broughton Islands, un chapelet d'îles située au large de la côte nord-est de Vancouver Island. Biologiste marine de profession, Alexandra est aussi une environnementaliste reconnue pour son obstination et son intégrité. C'est une salle comble qui l'accueille ce samedi 21 mars 2009. Au programme de sa conférence, le sujet épineux des fermes d'élevage de poissons et ses récents développements juridiques. Alexandra Morton a récemment obtenu un jugement plaçant les fermes sous juridiction fédérale, ce qui à terme devrait permettre un véritable contrôle d'une activité plus que controversée.

Dans la petite salle communale de Manson's Landing, Alexandra est en terrain conquis et entame sa présentation après une salve d'applaudissements. Son contenu est une synthèse d'un travail scientifique mu par un amour sincère des îles et de leurs écosystèmes, à la fois complexes et extrêmement fragiles. D'abord consacrées aux orques et à leurs routes migratoires, ses recherches se sont orientées sur les saumons, une fois les orques définitivement chassés des lieux suite à la dégradation brutale de leur habitat. Alexandra explique non sans humour que le fait d'être mère l'a autant empêché de mener une carrière semblable à celle de ses collègues masculins qu'aidé à s'ancrer dans un territoire, cet ancrage lui offrant la possibilité d'observer année après année l'évolution de son milieu et de ses sujets d'études.

Débarquées en Colombie britannique suite au renforcement des contrôles de leurs activités en Norvège, les fermes aquacoles sont arrivées avec les bras chargés des promesses habituelles. La Colombie britannique est, à proprement parlé, une colonie, dont les ressources brutes, minerai, bois, pêche, eau et électricité, sont exportées à l'état brut vers leur principal client, les Etats-Unis, grands bénéficiaires des accords de libre-échange (NAFTA) conclus entre les deux pays. Face au marasme de ces activités de ressources et à l'épuisement de la pêche, les compagnies aquacoles ont profité des portes ouvertes par le gouvernement provincial, dont la faiblesse des exigences environnementales et sociales était la garantie d'énormes profits à venir. Sans grande concertation avec les communautés locales, les fermes ont commencé à s'installer sur les routes migratoires des saumons sauvages. Vingt ans après, le constat est amer, les saumons sauvages se font de plus en plus rares et les fermes aquacoles doivent recourir à des procédés extrêmement polluants pour maintenir leur production. Les maigres répercussions en matière d'emploi imposent un autre constat cruel : les fermes aquacoles sont un échec social retentissant pour les populations locales, et seuls les compagnies aquacoles peuvent encore nier leur propre nocivité.

Alexandra Morton épingle au passage le fonctionnement de notre démocratie et des médias dominants, qui mettent sur un même pied d'égalité le travail scientifique, fruit d'années de recherches et d'expériences, et la propagande des experts en relations publiques à la solde de compagnies privées qui jouissent de relais financiers et politiques de premier choix dans leur entreprise de désinformation. Plus que jamais, c'est d'un soutien populaire enracinée dans une volonté individuelle de s'informer et d'agir qu'Alexandra et d'autres activistes ont besoin. Le but avoué de ses conférences est d'ouvrir nos yeux endormis et de convaincre les citoyens ordinaires de leur pouvoir d'action.

La liste des griefs et des dysfonctionnements des compagnies aquacoles est longue. Non contentes de forcer artificiellement la croissance d'une espèce non indigène de saumon, les fermes aquacoles ont recours à l'emploi de techniques interdites, comme l'éclairage nocturne des bassins, ou l'émission d'ondes radio destinées à repousser les phoques et autres animaux attirés par les nasses (cages ndlr). Par ailleurs, la concentration artificielle de centaines de milliers de poissons dans des nasses (cages ndlr) entraîne la prolifération de maladies et de parasites. Ces derniers se propagent dans l'ensemble de la chaîne alimentaire vivant à proximité des fermes. Inspirée des méthodes d'agriculture intensive, les fermes ont recours à l'emploi de procédés chimiques pour combattre la surmortalité lié à cette "monoculture". Aspergés massivement sur des bassins non confinés et ouverts sur le reste de l'océan, les polluants se dispersent en fonction des marées et des courants, ce qui place de fait les fermes en contravention avec les règles fédérales sur les pêcheries et océans. Censées être des réponses temporaires et limitées dans le temps, ces pratiques deviennent récurrentes, illustrant la persistance de la Nature à détruire ce qui va à l'encontre de ses règles. En consommant le saumon d'élevage, nous nous exposons donc à un produit alimentaire industriel bourré d'une large palettes de produits chimiques, colorants, antibiotiques, et pesticides, parmi lesquels des poisons neurotoxiques comme le. A boycotter d'urgence !

En obtenant la mise sous tutelle des fermes aquacoles par l'autorité fédérale, Alexandra Morton espère contraindre les fermes de quitter l'océan pour s'installer sur terre, où elles seront libres de faire leur travail dans des bassins confinées et soumis à des contrôles quant aux méthodes et produits chimiques employés....

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En 20 années de vigilance et de lutte, Alexandra a heureusement pu compter sur une importante mobilisation des populations locales et sur le succès d'une campagne de dons qui lui a permis de financer les frais juridiques de son action en justice....

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Alexandra Morton inscrit également son combat dans une perspective d'autonomie alimentaire. Correctement gérés, les écosystèmes côtiers peuvent redevenir les cornes d'abondance qu'ils furent jadis, à l'époque où les saumons se trouvaient tout au long du Pacifique Nord, de l'Alaska à la Basse-Californie. Dans une optique de relocalisation de nos circuits de production alimentaire, le fameux "100 miles diet", le saumon et autre espèce indigènes sauvages doivent redevenir une priorité. Alexandra Morton partage la vision traditionnelle de l'environnement. La Nature n'est pas une ressource que l'on exploite jusqu'à épuisement, il s'agit d'une seule entité vivante, dont les différentes composantes animales et végétales en sont les différents organes, chacun ayant une fonction particulière au sein du cycle de la Vie. En migrant en masse lors des différentes phases de leur existence, les saumons agissent comme un seul animal. Ils sont depuis toujours une source extraordinaire et abondante de vie, nourrissant dans une même geste providentielle les plantes, animaux et parmi eux, l'espèce la plus ingrate pour tant de générosité, l'espèce humaine....

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