AMAP poissons : de l’île d’Yeu à Nantes


Habiter sur une île, pour un pêcheur, n'est pas un avantage mais un obstacle....
Un obstacle à surmonter en prenant des initiatives...


AMAP poissons : de l’île d’Yeu à Nantes

Depuis mai 2010, un circuit court de distribution de poissons s’est mis en place entre les pêcheurs de l’île d’Yeu et les AMAP de l’agglomération nantaise .

Une initiative des pêcheurs

L’initiative est venue du maire de l’île, Bruno Noury, qui est aussi en charge de l’organisation des producteurs de l’île. Les pêcheurs de l’île d’Yeu sont inquiets de l’effondrement du nombre de bateaux et des menaces pour la survie de leur criée. La pêche est essentielle pour assurer l »emploi à l’année. L’interdiction des filets maillants dérivants a eu un fort impact sur l’activité traditionnelle de pêche au thon et, en 2010, l’interdiction de la pêche au requin taupe a touché 5 bateaux hauturiers. Le prix d’achat du poisson ne cesse de baisser à la criée et sa survie est menacée si l’hémorragie continue. Bruno Noury a donc pris contact avec les fondateurs de la première AMAP en France, dans le Var, et avec les AMAP de Loire- Atlantique.

Bruno Noury et les initiateurs de l’Amap de Nantes présentent leur projet à l’île d’Yeu lors de la Journée Mondiale des Pêcheurs en novembre 2010

Une longue préparation

La distribution de poisson par des AMAP pose des problèmes particuliers plus complexes que celle de produits agricoles. Il faut respecter la chaîne du froid, la production est impossible à planifier, la participation des pêcheurs à la distribution est difficile à organiser, les consommateurs connaissent très mal les conditions concrètes de l’activité de pêche, ses contraintes et ses aléas. Il faut donc une longue préparation pour surmonter tous ces problèmes. Les réunions et les groupes de travail entre pêcheurs et Amapiens ont permis d’aboutir à la rédaction d’une charte et à la mise au point d’un système de distribution, expérimenté en mai 2010.

Une gestion complexe et rigoureuse

Quatre bateaux sont concernés par cette initiative. Le poisson passe sous criée et il est acheté par la coopérative de mareyage qui assure ensuite la préparation des poissons et leur mise en caisse sous glace. Les caisses sont mises en conteneur et déposées dans un camion frigorifique au port de Fromentine. Ce camion est conduit par un pêcheur ou un ancien pêcheur. Ce sont donc les pêcheurs qui assurent la livraison d’un bout à l’autre de la chaîne, jusqu’aux divers lieux de livraison choisis par les AMAP. La première livraison-test a représenté environ 80 colis de 3 kilos à 10 € le Kilo, déposés dans 3 lieux et livrés au cul du camion, pour des raisons sanitaires. Sur les 10 € , 8 € reviennent aux pêcheurs et 2 € au mareyage et à la logistique. L’expérience s’est révélée très positive, mais souligne également quelques difficultés : difficulté au départ pour louer un camion frigo, faible disponibilité des pêcheurs pour participer aux distribution car ils perdent 2 jours de mer, conditionnement non recyclable.

Un développement rapide


Sur la base de cette expérience et avec les ajustements nécessaires au moment du renouvellement des contrats, le circuit des AMAP se développe autour de 4 bateaux, trois côtiers et un hauturier. Les pêcheurs concernés s’organisent en GIE (Groupement d’intérêt économique) et les points de distribution sont définis : 7 en 2011 et 14 en fin 2013.  Chaque contrat, de septembre ou octobre à juin, représente 9 ou 10 livraisons, soit une par mois au prix de 30 €, puis 33 € pour tenir compte de l’augmentation des prix du carburant et autres charges. Les pêcheurs ont acheté un camion frigo qui réalise une livraison hebdomadaire assurée par un ancien pêcheur et parfois l’un des pêcheurs engagé. La différence entre le prix de vente en criée et le prix de vente  à l’AMAP, une fois les frais déduits, est directement reversée aux pêcheurs et ne rentre pas dans la part armement, ce qui est une innovation

Des bénéfices pour les pêcheurs

Pour les pêcheurs, le circuit des AMAP  se révèle avantageux. Leur revenu est considérablement amélioré d’environ 3000 € par an. Ceci n’est pas négligeable quand le salaire varie de 1500 à 1700 € par mois et cela seulement les bonnes années. Fin 2013 ; la marge supplémentaire pour les pêcheurs est de 1,7 €. Le nombre de colis n’atteint pas toujours les 80 espérés, mais ce sont parfois 120 ou 150 colis et de nouvelles perspectives de livraisons se précisent à Angers et à Chateaubriand. La livraison aux AMAP et essentielle pour le fonctionnement des bateaux concernés qui assurent ainsi 5 à 20% de leurs ventes. Cependant la participation des pêcheurs aux livraisons reste très difficile car trop contraignante. Une présence tous les 3 mois est souhaitée, mais pas toujours réalisable.

Des Amapiens mobilisés malgré des difficultés

Dans leur majorité, les Amapiens sont satisfaits. Certains ont pu découvrir le métier des pêcheurs lors de diverses rencontres sur l’île, y compris avec des sorties en pêche. Ils ont découvert de nouveaux poissons et coquillages. L’initiative nantaise va essaimer sur d’autres villes.

Cependant il ne faut pas nier les difficultés que l’on retrouve d’ailleurs dans d’autres expériences comme LESPAR , à Lorient.  Plusieurs amapiens ne renouvellent pas leur contrat pour diverses raisons. Des paniers de 3 à 4,5 kg sont importants mais le poisson peut être congelé, pour certains, la variété des poissons est insuffisante, il y a peu de poissons nobles. La gestion des chèques mobilise beaucoup de temps pour les coordinateurs. et sans coordinateurs, pas d’Amap possible.

Un appui essentiel pour les pêcheurs artisans

L’appui aux pêcheurs artisans par une AMAP constitue un engagement contraignant que seule la qualité des relations établies avec les pêcheurs permet de pérenniser. L’engagement des pêcheurs est aussi fondamental et contraignant pour eux même si les résultats sont importants. L’expérience de l’île d’Yeu montre que les AMAP peuvent constituer un outil essentiel pour la survie de la pêche artisanale dans des lieux éloignés des consommateurs. Les pêcheurs de l’île sont soutenus dans leur démarche par les structures professionnelles et l’AMAP a permis de conforter les outils portuaires (criée et coopérative de mareyage). L’Amap a également permis aux pêcheurs de faire comprendre leur situation, leurs contraintes, leurs difficultés et les menaces sur leur avenir. Cette ouverture et ce renforcement de leur maîtrise sur la commercialisation et la valorisation de leurs captures sont déterminants pour leur avenir.


Pour aller plus loin...

Commercialiser la pêche locale

Cette publication présente quelques-unes des pistes et outils que les pêcheurs et autres acteurs locaux peuvent utiliser pour améliorer la commercialisation de la pêche locale avec l’aide de leur Groupe d’action locale pêche (FLAG). Nous allons commencer par examiner pourquoi la commercialisation des produits issus de la pêche locale doit être améliorée ainsi que quelques-uns des avantages qui en découleront. Nous nous pencherons ensuite sur le rôle spécifique des FLAG et sur l’aide qu’ils peuvent apporter au développement de projets de commercialisation.

Pour terminer, nous présenterons deux approches innovantes pour améliorer de la commercialisation à l’échelon local (la vente directe et les CSF – Pêcheries soutenue par la communauté/Community Supported Fisheries) ainsi que trois outils pratiques qui peuvent être utilisés pour améliorer l’efficacité de la stratégie de commercialisation : les outils numériques,  les activités axées sur l’expérience ainsi que les labels et les marques.

Les différents thèmes développés dans la présente publication ont été identifiés dans le cadre de la préparation du séminaire FARNET « Commercialiser la pêche locale » organisé en juin 2013 à Stockholm. Avant l’évènement, les FLAG participants ont en effet été interrogés via une enquête visant à identifier les différents thèmes des groupes de travail du séminaire. Les discussions et les conclusions de ces groupes de travail ont alimenté une grande partie de la présente publication.

Sommaire

En bref ..... 3
Comment utiliser ce guide ? ..... 3
1. Pourquoi améliorer la commercialisation de la pêche locale ? ..... 4
2. Quel soutien les FLAG peuvent-ils apporter ? ....... 6
3. Pistes, astuces et conseils : cinq boîtes à outils ........ 11
3.1 ● Vente directe, les bases ........ 12
3.2 ● Circuits courts : pêcheries soutenues par la communauté et « paniers de poissons» » .... 24
3.3 ● Le marché numérique ...... 32
3.4 ● Les zones de pêche et l’économie de l’expérience ...... 40
3.5 ● Marques et labels au niveau local ...... 46

Cliquer Ici pour télécharger le document "Commercialiser la pêche locale"

Bienvenue dans FARNET, le réseau européen des zones de pêche

FARNET est le réseau européen des zones de pêche soutenues par l'Axe 4 du Fonds européen de la pêche (FEP). Grâce à des échanges approfondis d’informations et à une cellule d’appui spécialisée, le réseau vise à soutenir les différents acteurs impliqués dans le développement durable des zones de pêche au niveau local, régional, national et européen.
Le cœur du réseau est composé de quelque 300 Groupes d’action locale pêche (Fisheries Local Action Groups / FLAG). Ces partenariats public-privé constitués au niveau local travaillent ensemble au développement durable de leur territoire. Basés dans 21 Etats membres, les FLAG gèrent chacun leur budget pour animer une série de projets proposés et réalisés par un ensemble varié d’intervenants locaux.

Pour en savoir + : Farnet

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Consommations et pratiques alimentaires durables


Analyse de données nationales issues d’enquêtes d’opinion

CEP - Centre d'études et de prospective

Analyse n° 69 - mai 2014

Les pratiques alimentaires durables dépendent des préoccupations des consommateurs, liées à la protection de l’environnement, aux enjeux éthiques, à la recherche de proximité ou de bien-être personnel.

Les tendances nationales de ces pratiques indiquent cependant un recul de la prise en considération de la dimension environnementale de la durabilité au profit des aspects économiques et sociaux, en lien avec le contexte économique et financier actuel. Les choix alimentaires apparaissent davantage influencés par les préoccupations autour du pouvoir d’achat, de la santé, avec une montée en puissance de l’intérêt pour les produits de proximité et les circuits courts.

Sur un plan méthodologique, au-delà des informations déclaratives recueillies par les enquêtes d’opinion, les données sur les consommations réelles font souvent défaut. Source : Ministère de l'Agriculture

Cliquer ici pour télécharger "Analyse n° 69 - mai 2014 Consommations et pratiques alimentaires durables : analyse de données nationales issues d’enquêtes d’opinion"

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Autres initiatives de circuits courts dans la filière poisson

Une poissonnerie ambulante dans les communes et les hameaux

La traçabilité et la proximité entre lieu de production et lieu de vente sont des thèmes d'actualité. Éric Laurent et Yannick Gaurat ne s'y sont pas trompés, lorsqu'ils se sont associés, il y a deux ans, dans ce type de démarche, se rapprochant davantage de leurs clients pour la vente de poissons, coquillages et crustacés de la Presqu'île.

Source : Ouest France / Camaret-sur-Mer - 13 Décembre

À Crozon et Camaret

« Éric pêche à bord du navire côtier de notre armement, le Rouanez ar Mor. Nous assurons ensuite la vente de notre pêche et celle d'autres pêcheurs locaux au petit marché de la place de l'Église de Crozon et aux Viviers de la pêche camarétoise, quai Téphany, à Camaret », indique Yannick Gaurat.

Un camion poissonnerie

Yannick et Éric ont décidé de proposer des tournées à bord d'un camion poissonnerie, créant ainsi un nouvel emploi salarié. Un nouveau membre vient de rejoindre l'équipe : Thomas Le Bourhis, qui se rendra dans plusieurs communes de la Presqu'île à jours et heures fixes pour proposer la vente de poissons et crustacés, dès ce lundi.

Où le trouver ?

Le matin, entre 8 h et 12 h, le camion stationnera à Camaret le mardi, à Lanvéoc le mercredi, à Roscanvel le jeudi, à Morgat le vendredi et à Tal ar Groas le samedi.

L'après-midi, entre 14 h et 17 h, il parcourra les différents hameaux : le Cap de la Chèvre, Saint-Hernot et La Palud le mardi, Le Fret, Rostellec et Saint-Fiacre le mercredi. La tournée se terminera le vendredi après-midi dans les hameaux de Saint-Julien, Kerret et Kersuet.

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Le 12 avril 2014

Du poisson à Châteaubriant, de la mer à l'assiette

Une Amap poisson va voir le jour à Châteaubriant. Chaque mois, des paniers de 3 à 4 kg de poissons, en provenance de l'Île d'Yeu, seront proposés à la vente en circuit court. Deux essais ont lieu en mai et juin.

Source : Ouest France par Nathalie Baril

L'idée a germé après le festival du film de l'environnement, en mars 2013. Éric Taraud, patron pêcheur du Petit Gaël II, à l'Île d'Yeu, était venu parler d'Amap et de poisson. Une Amap (1), quèsaco ? C'est un système d'économie alternative, sociale et solidaire, qui lie directement le producteur au consommateur, appelé aussi « mangeur. Ce dernier paye à l'avance un « panier ». En contrepartie, le producteur s'engage à fournir des produits de qualité, dans le respect de l'environnement.

Quatorze Amap poisson existent en Loire-Atlantique. L'Amap poisson de Châteaubriant est la dernière à se mettre en place. En contrat avec des pêcheurs de l'Ile d'Yeu, constitués en Groupement d'intérêt économique (GIE), l'initiative est portée par deux autres Amap : les Paniers de la Mée à Châteaubriant et la Manne au panier, à Saint-Michel-et-Chanveaux (Maine-et-Loire), « avec le concours de personnes hors du circuit des Amap », précise Semia Boyer, coordinatrice de l'Amap poisson à Châteaubriant.

Produit frais, respect de la pêche traditionnelle

« L'Amap nous lie avec Éric Taraud et ses membres d'équipage. Soixante-dix familles, c'est le minimum pour qu'il puisse nous livrer une partie de sa pêche. » Ce seuil garantit la rentabilité, compte tenu de la mobilisation d'un camion, d'un chauffeur et de la préparation des colis. Pour l'instant, plus d'une soixantaine de personnes sont intéressées. Une fois l'Amap créée, les contrats mangeur-pêcheur les engagent de septembre à juin, avec une livraison mensuelle. Soit neuf colis de 3,7 kg en moyenne, au prix total de 34 €.

Dans les colis, deux espèces différentes, selon la saison : sole, lotte, bar, daurade, merlu, thon, etc. « Les poissons sont livrés mais pas forcément vidés, précise Semia Boyer. La livraison est assurée par camion frigorifique, de Fromentine à Châteaubriant. »

L'une des raisons d'être de ces Amap : la chute du cours du poisson quand les prix grimpent à l'étalage. La vente en circuit court « garantit la fraîcheur du produit, son origine et sa qualité, dans le respect de la pêche traditionnelle et durable et des conditions de travail sur le bateau. »

Par ce système, les mangeurs garantissent au pêcheur l'écoulement de sa production et lui assurent un revenu décent. « 1 500 à 1 700 €, c'est le salaire moyen d'un matelot. Or, depuis trois ans, ce niveau de salaire n'est pas atteint », indique Christelle Artus, Castelbriantaise. Fille, petite-fille et arrière-petit-fille de pêcheur à l'Île d'Yeu, elle aussi milite pour l'Amap poisson. L'île compte aujourd'hui 43 bateaux, soit 150 à 200 emplois de marins pêcheurs. La moitié de l'effectif, il y a dix ans.

Vendredi 23 mai et vendredi 27 juin, paniers d'essai à l'Amap poisson. Distribution entre 18 h et 20 h, sous le préau de la Mapa, rue Denieul-et-Gatineau, Châteaubriant. S'engager pour le panier d'essai : http://doodle.com/6ctd9qymsh8gsp7. Pour passer commande : amappoissonchateaubriant@gmail.com

(1) Association pour le maintien d'une agriculture paysanne.

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Le 24 Mai 2014

Flunch / Au menu, Merlu d’Yeu

Le merlu des fileyeurs de l’île d’Yeu à la carte des restaurants Flunch, c’est possible.

Le produit tel qu’il se présente aux clients des restaurants Flunch (source : PdM)

Source : PDM par B.Vaudour

Même si l’adéquation entre les contraintes de pêche et l’approvisionnement régulier d’une enseigne est délicate, l’expérience mérite d’être renouvelée. En contact avec les pêcheurs de l’île, Flunch a trouvé un prestataire de choix pour fileter et surgeler cet abondant poisson blanc du golfe de Gascogne. Débarqué au Sables d’Olonne, le merlu de filet doit offrir une bonne tenue à la transformation. Son classement en Extra ou en A répond au cahier des charges de Flunch. Fil'mer, filiale de l’entreprise de découpe boulonnaise Frai’Emball, portionne (170 g) et surgèle le poisson sur le site vendéen de Givrand où travaille une quarantaine de personnes. L'usine a livré ensuite 260 restaurants Flunch qui ont mis en avant le merlu sous le logo Pavillon France. « France Filière Pêche a souhaité soutenir la démarche même s’il s’agit d’un produit surgelé, l’essentiel est de promouvoir la pêche de nos côtes » rappelle Marion Fisher, responsable communication de l’association interprofessionnelle.

Merlu, matière à transformer

Plus cher que les blocs de colin d’Alaska, le merlu surgelé recule dans l’industrie des panés. Mais il tient ses lettres de noblesse en portion nature surgelée.... 

Pour en savoir + : PDM

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