Les premiers poissons de chalut interdits de poissonnerie d'ici deux ans...

Ces espèces vivent dans les "Grands Fonds" de l'Atlantique du Nord-Est. Capturées à l'aide de chaluts, elles sont dans le collimateur de la Commission européenne...

Tous ces poissons ont le soutien de l'eurodéputé français, Jean-Paul Besset, et de José Bové à la fin de la vidéo



Pour apprendre le nom commun de toutes ces espèces dans les différentes langues de l'Union Européenne, télécharger le poster complet en cliquant Europa

LienLes poissonneries (et les cantines scolaires qui apprécient ce type de poissons aux filets sans arrête) pourront toujours se replier sur les espèces en eaux profondes du Pacifique Sud comme le Hoki de Nouvelle-Zélande, une pêcherie écolabellisée MSC....

Autres articles :

Pour aller plus loin...

Deux communiqués de la Commission européenne datés du 19 juillet 2012

Pêcheries : la Commission présente de nouvelles mesures visant à améliorer la protection des stocks d’eau profonde et de leurs habitats

La Commission européenne a proposé de nouvelles mesures visant à réglementer la pêche des espèces d’eau profonde dans l'Atlantique du Nord-Est. Les écosystèmes démersaux et les espèces qui y vivent sont particulièrement vulnérables aux activités humaines. Le nouveau règlement vise à garantir une exploitation durable des espèces d'eau profonde, une diminution des prises accessoires indésirées, une baisse des répercussions sur les habitats vulnérables situés en eau profonde et une augmentation des données disponibles sur la biologie de ces espèces.

À cette fin, la Commission propose de durcir le système des autorisations et de supprimer progressivement les engins de pêche qui ciblent spécifiquement les espèces d’eau profonde d’une manière moins durable, à savoir les chaluts de fond et les filets maillants de fond. La Commission prévoit également d’instaurer des exigences spécifiques pour la collecte des données sur les activités de pêche en eau profonde. Les ajustements nécessaires à la mise en œuvre de ces mesures pourraient bénéficier d’un soutien financier au titre des fonds de l'UE.

Les stocks d’eau profonde peuvent être capturés en tant que prises accessoires dans de nombreuses pêcheries. Cependant, il existe également des bateaux de pêche qui ciblent spécifiquement ces espèces. Ce sont ces derniers qui dépendent le plus de ces ressources et ils n’auront un avenir que si leur activité est gérée de manière à être durable. Cela suppose, tout d'abord, de mettre en place une transition progressive vers des techniques de pêche plus sélectives, dont les répercussions sur les habitats situés en eau profonde sont moindres.

La Commission propose de retirer progressivement les autorisations de pêcher les espèces d’eau profonde au moyen de chaluts de fond et de filets maillants de fond, car ces méthodes sont plus nocives que d'autres pour les écosystèmes démersaux vulnérables et entraînent des niveaux élevés de prises accessoires indésirées (20 à 40 % en poids, voire davantage). Les autres pêcheries commerciales utilisant les chaluts de fond ne seront pas touchées, les mesures proposées ne concernant que les pêcheries qui ciblent les poissons d’eau profonde.

Les pêcheurs coopèrent déjà avec les scientifiques pour accroître les connaissances sur les écosystèmes d’eau profonde, largement méconnus. Afin de trouver des moyens de tester des engins de pêche moins nocifs et de réorienter le secteur vers des techniques et des stratégies de pêche qui ont moins de répercussions sur ces écosystèmes fragiles, la Commission a décidé de financer une étude sur cette question, en collaboration avec des sociétés pratiquant la pêche en eau profonde.

Contexte

Les espèces d’eau profonde sont capturées dans les eaux de l'Atlantique au-delà des principaux lieux de pêche du plateau continental, à des profondeurs pouvant atteindre 4 000 mètres. Leurs habitats et écosystèmes sont largement méconnus, mais nous savons qu'elles abritent des récifs coralliens vieux de plus de 8 500 ans et des espèces anciennes qui sont encore peu étudiées. Il s’agit d’un environnement fragile qui, une fois abîmé, a peu de chances de se reconstituer. Extrêmement vulnérables à la pêche, les stocks de poissons d’eau profonde s’effondrent rapidement et sont lents à se rétablir du fait de leurs faibles taux de reproduction.

Le sabre noir et la dorade rose sont des espèces d'eau profonde à haute valeur commerciale, tandis que d’autres telles que la lingue bleue et les grenadiers présentent pour les pêcheurs une valeur moyenne. Certains stocks d’eau profonde sont gravement menacés, notamment l’hoplostète rouge et les requins d’eau profonde. D’autres peuvent être exploités (lingue bleue, grenadier de roche), mais impérativement dans des conditions respectueuses de l'environnement (en évitant les prises accessoires inutiles, par exemple).

Les pêcheries en eau profonde dans l'Atlantique du Nord-Est exercent leur activité dans les eaux de l’Union européenne, notamment les régions ultrapériphériques de l'Espagne et du Portugal, ainsi que dans les eaux internationales régies par des mesures de conservation adoptées au sein de la Commission des pêches de l'Atlantique du Nord-Est (CPANE), où les États membres de l'UE pêchent, au même titre que les autres pays, dans cette zone.

Les pêcheries en eau profonde représentent environ 1 % du poisson débarqué de l'Atlantique du Nord-Est, mais certaines communautés locales de pêcheurs sont tributaires, dans une certaine mesure, de ce type de pêcherie. Sous l’effet de l’épuisement des stocks, les captures – et les emplois qui y sont liés – diminuent depuis des années.

Dans le passé, ce type de pêcherie a perduré dans un contexte en grande partie non réglementé, ce qui de toute évidence a eu des répercussions négatives sur les stocks concernés. En 2003, l’Union européenne a commencé à fixer des limites à la quantité de poissons pouvant être capturée, au nombre de navires autorisés et au nombre de jours pouvant être passés en mer (l’effort de pêche) pour pêcher ces espèces.

Le graphique ci-dessus montre dans quelle proportion l'effort de pêche a diminué ces dernières années. Diminution de l'effort de pêche depuis 2000, selon les informations communiquées par les États membres de l'UE concernés

Pour de plus amples informations : DG MARE

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Améliorer la protection des stocks de poissons d'eau profonde et de leurs habitats

Questions et réponses

1. Quelles sont les pêcheries visées par les mesures proposées et celles qui ne le sont pas ? Quels sont les régions et secteurs de la pêche concernés ?

Les navires directement concernés sont essentiellement français, espagnols et portugais. Ces navires actifs dans les pêcheries d’eau profonde ne sont pas uniquement les grands chalutiers opérant au large de la côte ouest des îles britanniques (zones de «Hatton bank» et de «Rockall bank»), mais également ceux qui, dans certaines régions ultrapériphériques de l'Union (Açores, Madère, Canaries, par exemple), se livrent à la pêche artisanale à la palangre, sans utiliser de chalut de fond. Les gros chalutiers sont principalement basés en Bretagne et Normandie (France), ainsi qu’en Galice, dans les Asturies et au Pays basque (Espagne).

De l'avis de la Commission, l'importance économique des captures d’espèces d’eau profonde est globalement faible: les 34 334 tonnes d’espèces d’eau profonde débarquées de l'Atlantique du NordEst (2008) ne représentent qu'environ 1 % du total des débarquements (3 563 711 tonnes) de cette zone (données sur les captures de pêche en eau profonde fournies par le Centre commun de recherche). Dans un contexte régional, la situation peut être différente, mais les répercussions d’une suppression progressive des chaluts de fond et des filets maillants de fond restent limitées. Par exemple, en ce qui concerne la France, le gouvernement et le secteur concerné ont examiné, il y a deux ans, la situation de cette activité et ont estimé que 180 emplois environ étaient liés aux navires de pêche en eau profonde, des chalutiers pour la plupart, même si ces derniers opèrent également dans d'autres pêcheries. Quelque 200 poissonneries sont spécialisées dans les poissons d’eau profonde. Les quatre ports dont les activités sont le plus tributaires des pêcheries d’eau profonde sont BoulognesurMer, Lorient, Concarneau et Le Guilvinec. La proposition de la Commission aurait une incidence très limitée au niveau national, mais plus sensible au niveau local (Bretagne).

2. Cette initiative estelle le prélude à une interdiction totale de la pêche au chalut de fond dans les eaux de l’Union européenne ?

Telle n’est absolument pas l'intention de la Commission. Les pêcheries d’eau profonde, tant celles qui ciblent ces espèces que celles qui les capturent en tant que prises accessoires, seront définies sur la base du poids total journalier des captures d'un mélange d'espèces répertoriées avec précision. Le seul segment qui sera progressivement supprimé est celui des pêcheries ciblées. Les autres pêcheries commerciales ne seront pas touchées. Il s’agit en réalité d’espèces qui sont principalement pêchées au chalut, notamment la langoustine, à forte valeur économique.

3. Quels sont les efforts déjà entrepris en matière de recherche et de gestion dans le secteur des pêcheries en eau profonde ?

L’UE finance actuellement un projet (Deepfishman) dans le cadre de son programmecadre de recherche, qui vise à fournir une évaluation fiable des principales espèces d'eau profonde. Les efforts accomplis par l’industrie pour recueillir des données plus détaillées portent déjà leurs fruits; ainsi les avis scientifiques du Conseil international pour l’exploration de la mer devraientils être de meilleure qualité cette année.

En outre, la Commission poursuit ses recherches et ses essais pour améliorer les techniques de pêche, avec pour objectif final la durabilité. Au titre du cadre de l’UE pour la collecte de données, une étude a été commandée en vue de soutenir la recherche sur les améliorations des engins qui seraient de nature à contribuer à une exploitation plus durable des stocks d’eau profonde tout en réduisant les effets négatifs sur l'écosystème. L'étude est mise en œuvre en coopération avec l'industrie de la pêche et prévoit l’embarquement d’observateurs à bord des navires de pêche commerciaux.

Parallèlement, la Commission recueille des données très détaillées fournies par des localisateurs de navires par satellite et les croise avec des données sur les captures afin d’établir plus précisément quelle est l’empreinte des activités de ces flottes. Cela permettra d’avoir une idée claire des zones où cette pêche s’effectue pour les différentes flottes concernées et aidera aussi les scientifiques à comprendre avec une précision toujours plus grande où et comment les stocks de poissons évoluent.

4. Pourquoi les chaluts posentils des problèmes dans les pêcheries d'eau profonde et comment peuvent-ils être remplacés par des techniques de pêche plus respectueuses de l'environnement? Qu’en estil des filets maillants de fond ?

Par rapport à d’autres méthodes de pêche, la pêche au chalut de fond peut s’avérer plus nocive pour les espèces d’eau profonde et habitats vulnérables. D’autres voix se sont élevées pour dénoncer le fait que la pêche au chalut de fond a de graves incidences sur la faune benthique des grands fonds, en particulier les coraux formateurs de récifs1. Ce type de pêche peut expliquer, entre autres, la diminution des taxons d’eau froide et autres taxons constituant des habitats2. Étant donné que cet engin de pêche est remorqué sur le fond de la mer, ses effets sur certains habitats et écosystèmes sont plus importants. Par ailleurs, la pêche au chalut de fond entraîne des niveaux élevés de captures indésirées: les «prises accessoires». Les taux estimés de captures indésirées dans les pêcheries au chalut ainsi observées se situent en moyenne entre 20 et 30 % en poids (CIEM) 2010. La diversité des espèces rejetées par les chalutiers dépend principalement du lieu de pêche et de la saison. Par exemple, sur le versant occidental de «Hatton Bank», dans le cas de la pêche expérimentale au chalut ciblant les grenadiers de roche et des alépocéphalidés, les rejets sont principalement les grenadiers et les requins d'eau profonde3.

Les filets maillants de fond sont des filets «plantés» de manière fixe au fond de la mer ou de l’océan et dans lesquels les captures s'enchevêtrent. Les navires reviennent après un certain temps pour les remonter et récupérer les captures. L’incidence de ces filets sur l'environnement est estimée en termes de captures indésirées et, dans les cas où ceuxci sont perdus ou abandonnés, la pêche fantôme continue pendant très longtemps. Ces filets sont déjà frappés d'une interdiction générale à des profondeurs de plus de 600 mètres. La proposition présentée ici consolide pour l’essentiel les règles qui leur sont applicables.

La Commission est prête à collaborer avec l’industrie et les États membres afin de faciliter une transition vers des méthodes plus sélectives ou pour remplacer les engins de pêche ciblant les espèces d’eau profonde et/ou redéployer les navires concernés vers d'autres pêcheries susceptibles de les accueillir. Conjointement avec les autorités nationales, qui sont en premier lieu responsables, la Commission est disposée à étudier les possibilités de recourir aux fonds de l’UE pour atténuer les effets de l’arrêt définitif des activités de pêche en eau profonde et des pertes d'emplois potentielles (par exemple, en réaffectant les emplois à d’autres pêcheries).

5. Puisque les pêcheurs se sont montrés responsables en contribuant à améliorer la qualité des données, que, partant, la science progresse, et que, de fait, il y a des chances de pouvoir même pêcher davantage que par le passé, estil raisonnable de proposer la suppression progressive de la pêche au chalut en eau profonde ?

Il est généralement admis au sein de la communauté scientifique que de nombreux stocks de poissons d’eau profonde dans l'Atlantique du Nord-Est ont diminué et sont désormais en dehors des limites biologiques de sécurité4. Toutefois, les informations sur l'état de la plupart des stocks de poissons d’eau profonde restent limitées ou de mauvaise qualité, en dépit des initiatives prises récemment pour développer le prélèvement d’échantillons et les analyses de données. Ces efforts doivent être poursuivis et, dans certains cas, amplifiés. Un engagement à long terme sera nécessaire pour améliorer, en définitive, les évaluations des pêcheries d’eau profonde.

La réponse à la question posée est oui. En 2012, le CIEM a pour la première fois mis en œuvre une approche qui permet de donner des avis quantitatifs dans les cas où les données sont de mauvaise qualité, en se fondant sur le principe de précaution et, dans la mesure du possible, en tenant compte également du RMD. Si certains stocks très peu nombreux – devaient, sous l'effet d'une amélioration des résultats scientifiques, évoluer dans un sens positif, les pêcheurs pourront bien entendu voir leurs efforts récompensés.

Toutefois, cet argument n’enlève rien au principe de bon sens selon lequel il convient d’encourager le secteur de la pêche à exploiter ces espèces d’une manière plus durable et, pour ce faire, il convient de se pencher non seulement sur les niveaux des captures, mais aussi sur les traces laissées par les engins de pêche. Si, en ce qui concerne certains de ces stocks encore une fois, très peu nombreux– le poisson est plus abondant, on le doit également aux limites qui ont été imposées aux captures ces dernières années. Nous devons à présent aider l’industrie à se réorienter ellemême vers des moyens de pêche plus respectueux de l’environnement. La possibilité d'accroître, en toute sécurité, les captures pour certains stocks, pour autant que la science affirme que cela est possible, constitue pour les flottes de chalutiers une chance à saisir pour augmenter leur rentabilité économique à court terme. Autrement dit, elles doivent saisir cette chance unique de se restructurer en s’équipant à plus long terme d’engins dont les effets sur l’environnement sont moindres.

Pour l’avenir, une solution consistant à associer des stocks en meilleure condition et des méthodes de pêche plus propres, qui permettent de diminuer sensiblement les captures d’espèces indésirées et dont les effets sur les habitats en eau profonde sont bien moindres a toutes les chances de donner de bons résultats.

Pour en savoir plus : DG Mare

1 : Fosså et al., 2002.

2 : Gage et al., 2005.

3 : Duran Muñoz et al., 2012.

4 : Campbell et al., 2011.

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Le 27 juillet 2012

Le Marin du 27 juillet 2012 consacre un dossier sur la pêche dans les grands fonds... Pour lire ce numéro de l'hebdomadaire de l'économie maritime : aller dans un kiosque ou en ligne sur le Kiosk

Pendant ce temps, Bloom mesure les retombées de sa campagne médiatique contre la pêche en eaux profondes....



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Le 31 août 2012

Le Marin du 31 août 2012 consacre un dossier sur les grands fonds, cliquer Ici

Pêche des grands fonds. Le port de Lorient affûte ses arguments (Le Télégramme)

«On ne met pas un boulet à un coureur de 100 m pour qu'il avance plus vite». Avec d'autres élus de l'agglomération lorientaise, des représentants de la filière de la pêche et de la communauté scientifique, Norbert Métairie, le maire de Lorient, a filé la métaphore olympique, hier, en marge du Festival interceltique, pour rappeler sa franche opposition à la proposition de la commissaire européenne Maria Damanaki d'interdire la pêche de grands fonds dans un délai de deux ans.

«On ne peut pas à ce point dénigrer une activité sans en mesurer les conséquences économiques et sociales». Le temps presse. Et «l'inquiétude est réelle», reconnaît le maire de Lorient.

600 emplois dans la balance à Lorient

Avec près de 600 emplois concernés et un marché lorientais tourné vers la pêche au large (1 kg sur 2 de poisson vendu sous halles à marée provient de la pêche au large), une telle réforme reviendrait à mettre le port morbihannais à genou. Premier touché, l'armement Scapêche qui représente un tiers des poissons de grands fonds vendu sous halle à marée. «C'est plus de 200 emplois directement impactés», selon un représentant de l'armement mousquetaire. Une première saignée suivie d'une inévitable coupe claire dans les effectifs à terre. «Un emploi de pêche des grands fonds génère plus de trois emplois à terre», observe Bernard Kervarec, chargé de réaliser une étude d'impact par Lorient Agglomération.

«Les stocks de poissons sont reconstitués»

Surtout que les scientifiques y voient beaucoup plus clair que par le passé dans cet univers froid et sans lumière où évoluent empereur, grenadier, sabre, lingue bleue... «On entend beaucoup de fausses informations», relève pour sa part Alain Biseau, expert auprès du CIEM. L'appauvrissement de la ressource halieutique, argument massue des détracteurs de la filière, ne tient pas. «Cette pêche est désormais très encadrée en Europe et la reconstitution des stocks est très largement en cours. Conséquence, «l'interdiction défendue par la commissaire européenne n'est pas nécessaire, ni souhaitable». L'examen de la réforme sera à l'ordre du jour des parlementaires européens dès l'automne prochain. Les Lorientais ont déjà des arguments à faire valoir.

Des arguments balayés en un instant par les images chocs de Greenpeace et Océan 2012


Les dégats de la pêche de grand fond par gpfrance

Les dégâts de la pêche de grand fond par Greenpeace. Commentaire de OCEAN2012 sur sa page facebook : "Depuis que Mme Damanaki a décidé de faire cesser la pêche profonde le lobbying des pros français et d’intermarché est en marche. De grands et beaux esprits nient les dégâts sur les fonds marins et sur les échos systèmes, voici la vérité, faites circuler".

Source : Stoppons la surpêche pour sauver les poissons mais aussi les pêcheurs (Cdurable)

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Le 12 septembre 2012

Chalutage, chantage au labourage !

Quand des médias "scientifiques" mettent en pâture le chalutage....

En véritables racleurs de bas-fonds, ces médias instrumentalisent les travaux de scientifiques en recherche de compréhension. C’est notamment le cas de Futura Sciences à l'égard de Pere Puig et ses collègues de l'Université de Barcelone qui viennent de publier dans la revue « Nature » leurs premiers travaux sur l’impact du chalutage au large des côtes catalanes...

Le chalutage est devenu un sujet hautement sensible depuis que Maria Damanaki, commissaire européenne à la pêche, a décidé d’interdire le chalut dans les grands fonds. Pour beaucoup de pêcheurs, cette interdiction ouvrirait la voie à la prohibition de tous les arts trainants y compris la drague utilisée par les petits métiers de la coquille saint-jacques ainsi que par les ostréiculteurs, éleveurs d’huîtres en eaux profondes...

Futura Sciences, fossoyeur des grands fonds !

L’article de Futura Sciences publié le 10 septembre 2012 : Les chalutages profonds ravagent les fonds marins, s’inscrit dans le lynchage médiatique de la pêche au chalut...

« Une étude publiée dans la revue Nature par Pere Puig de l’Institute of Marine Sciences de Barcelone vient de confirmer ce que de nombreuses personnes pensaient. La pêche au chalut perturbe également les fonds marins profonds. Elle y réalise un véritable travail de terrassement, détruisant directement ou indirectement, par le dépôt de sédiments, les reliefs complexes sources d’abris pour la vie.... Sans surprise, les chaluts de fond causeraient de gros dégâts environnementaux en eaux profondes. La mise en mouvement des sédiments provoquée par les filets modifierait profondément la physionomie des grands fonds, notamment dans les canyons sous-marins méditerranéens.... »

Futura Sciences veut enterrer définitivement le chalutage dans les grands fonds, le chalutage tout court...

Les scientifiques cherchent à comprendre le labourage des fonds marins...

Futura Sciences va dans le sens du mouvement « anti-chalutage », alors que Pere Puig et ses collègues cherchent à comprendre l’impact du chalutage sur les fonds marins qu'ils comparent au labourage en agriculture. Les scientifiques sont beaucoup plus nuancés dans leurs premières conclusions (d’après les articles de la revue Nature et de l’Université de Barcelone) :

« Les conséquences écologiques et les effets sur la biodiversité marine de cette pêcherie sont évidentes dans certaines parties du monde, comme dans les fonds avec des coraux d'eau froide qui sont détruits lors du chalutage. Toutefois, sur les fonds meubles, certaines espèces commerciales, du moins dans nos eaux, ne semblent pas être affectées de manière critique, puisque ces zones sont exploitées depuis des décennies... »

« Le chalutage de fond a été comparé à la coupe à blanc des forêts. D’après nos résultats, il vaudrait mieux comparer le chalutage à une activité agricole intensive. Le chalutage répété sur le même terrain, par le déplacement et la redistribution des sédiments, favorise en fait la mise à niveau de la surface et il produit des effets morphologiques similaires à ceux du champ labouré par un agriculteur. »

« L'interdiction devrait être évaluée au cas par cas plutôt que comme une approche globale, car une pêche durable peut apparaître dans certains zones où les dommages géologiques et de l'écosystème sont faits... »

Comment Futura Sciences, site internet dont l’audience est très importante sur le web (comparable celle d’Ouest France), peut se prétendre de la science ? Futura Sciences instrumentalise les travaux de scientifiques, Pere Puig et ses collègues de l’Université de Barcelone, toujours en quête d’informations complémentaires...

Philippe Favrelière

Pour aller plus loin dans la réflexion...

Les Pêches et la biodiversité marine (d'après un scientifique canadien)

Pratiquement tout engin de pêche perturbera l’habitat marin dans une certaine mesure. La façon dont les habitats réagissent, dépend de leur sensibilité ainsi que du type et de l’intensité de la pêche. En général, les engins de pêche remorqués comme les chaluts et les dragues sont la principale cause de la destruction de l’habitat reliée à la pêche.

Toutefois, le premier passage d’un engin de pêche dans un habitat où il n’y a jamais eu de pêche auparavant a un impact plus grand que les passages subséquents. Ce fait est important, puisqu’il indique que le maintien relativement constant de la pêche dans certaines zones aura moins d’impact que le déplacement et la redistribution des pêches au fil du tempsSource : Société Royale du Canada 2012 : Le maintien de la biodiversité marine au Canada : relever les défis posés par les changements climatiques, les pêches et l'acquaculture

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Bataille scientifique autour de la pêche profonde (Le Monde)

Par Stéphane Foucart

Dures journées pour la pêche profonde. Alors que le Parlement européen se prépare à examiner la proposition présentée en juillet par la Commission de Bruxelles, visant à bannir progressivement les chaluts et les filets maillants de fond en Atlantique du Nord-Est, de récents travaux accablent de nouveau ces engins de pêche.

Une étude publiée dans la dernière édition de la revue Nature évalue l'impact du chalutage profond pratiqué au cours des dernières décennies en Méditerranée du Nord-Ouest. En raclant les fonds marins, les chaluts terrassent les talus continentaux et déplacent des millions de tonnes de sédiments : cette pêche "est devenue un important facteur d'évolution des paysages sous-marins" et ce, "à grande échelle". Dans la foulée de la proposition de la commissaire à la pêche, Maria Damanaki, nul doute que ces résultats seront enrôlés dans la bataille qui voit s'affronter les défenseurs de la pêche profonde à ses opposants.

Car, depuis le mois de juillet, cette bataille se tient aussi sur le terrain de la science. En France, les acteurs de la filière, de même que l'Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer (Ifremer), affirment que la proposition de Bruxelles est infondée. Face à eux : les ONG (à l'exception de France Nature Environnement), les biologistes de la conservation, mais aussi de nombreux experts de la gestion des ressources halieutiques, assurent que la science impose l'arrêt de cette pratique.

Que dit la science ? L'essentiel des études publiées dans les revues scientifiques suggèrent que les cycles reproductifs des espèces profondes sont trop longs pour que celles-ci puissent être exploitées de manière à la fois durable et rentable. Cette opinion, largement partagée, a été résumée dans une analyse publiée en mars dans la revue Marine Policy, conduite par une quinzaine de chercheurs internationaux, dont Daniel Pauly, professeur à l'université de Colombie-Britannique (Canada), reconnu comme l'un des meilleurs spécialistes du sujet.

"Stabilisation de stocks, mais à des niveaux très bas"

Ray Hilborn, professeur à l'université de Washington, non moins reconnu, assure de son côté que "la plupart des poissons profonds ont une croissance lente et une durée de vie longue, mais cela ne veut pas dire qu'ils ne peuvent pas être durablement exploités, cela signifie que nous ne pouvons en prélever qu'une très petite fraction chaque année". Cela s'applique-t-il à la situation actuelle dans l'Atlantique du Nord-Est ? Pascal Lorance, chercheur à l'Ifremer, le pense. "Les choses ont beaucoup changé, assure-t-il. Jusqu'en 2003, les taux de capture d'espèces profondes étaient clairement non durables dans cette zone, mais depuis, l'effort de pêche y a été divisé par quatre."

L'Ifremer en prend pour preuve le dernier avis du Centre international pour l'exploration de la mer (CIEM), l'organisme chargé de prodiguer aux Etats des recommandations scientifiques sur les niveaux de prises à ne pas dépasser. Dans les zones travaillées par les armements français, le CIEM recommande ainsi pour 2013 une augmentation des prises pour le grenadier et le sabre noir. Tom Blasdale, président du groupe de travail du CIEM sur les pêcheries profondes, assure que "pour certaines espèces, nous avons de bons indices que les taux d'exploitation actuels sont au niveau, ou bien au-dessous des niveaux durables".

Un diagnostic contesté par certains, à l'image du biologiste Les Watling. Ce professeur à l'université d'Hawaï, à Manoa (Etats-Unis), estime au contraire qu'"en appliquant les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), certaines espèces profondes de l'Atlantique du Nord-Est, comme le sabre noir ou la lingue bleue, devraient être considérées comme en danger d'extinction". "S'il y a eu stabilisation de certains stocks au cours des dernières années, celle-ci s'est faite à des niveaux très bas, par rapport au stock initial", ajoute M. Watling.... Suite...
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Faible augmentation des possibilités de pêche en eau profonde pour 2013 et 2014


Communiqué de presse

Bruxelles, le 9 octobre 2012

Faible augmentation des possibilités de pêche en eau profonde pour 2013 et 2014

La Commission européenne a présenté aujourd'hui ses propositions de possibilités de pêche concernant les stocks de poissons d'eau profonde dans les eaux UE et internationales de l'Atlantique du Nord-Est pour 2013 et 2014. Conformément aux avis scientifiques, la Commission propose, par rapport à l’année 2012, d'augmenter les totaux admissibles des captures (TAC) pour trois stocks, de les diminuer pour 13 stocks et de les maintenir à leur niveau actuel pour 8 stocks (y compris des TAC zéro pour 6 stocks).

Pour 2013, la Commission propose une augmentation de 77 % du TAC pour le stock de grenadier de roche à l’ouest des îles britanniques (pour le porter à 4 500 tonnes). Ces niveaux de pêche devraient permettre de ramener ce stock à des niveaux durables d'ici à 2015 [ce que l'on appelle le rendement maximal durable (RMD)]. La Commission propose également d'augmenter de 20 % et 5 % respectivement les TAC pour deux stocks de sabre noir des eaux occidentales (Ouest de l'Écosse/Irlande). Pour ces stocks également, les avis scientifiques indiquent la façon de parvenir au RMD d'ici à 2015. Pour les autres stocks de sabre noir et de grenadier de roche, il est proposé de réduire ou de maintenir inchangés les TAC actuels. Conformément à l'approche de précaution, la Commission propose de réduire de 20 % les TAC de dorade rose et de lingue bleue, car l'état de conservation de ces stocks n'est pas pleinement connu.

Mme Maria Damanaki, commissaire européenne chargée des affaires maritimes et de la pêche, a déclaré à ce propos: «Pour préserver les pêcheries d'eau profonde, nous devons suivre les avis scientifiques et ne pas surexploiter les espèces vulnérables. Néanmoins, trois des stocks concernés semblent en passe d'être reconstitués et d'atteindre un niveau compatible avec le RMD. Nous avons un objectif de gestion clair: assurer une exploitation durable à long terme de ces stocks.»

À deux exceptions près, les données disponibles sur les stocks d’eau profonde sont insuffisantes pour permettre aux scientifiques d'évaluer intégralement l'état des stocks, qu'il s'agisse du nombre de poissons ou de la mortalité par pêche. Néanmoins, les avis scientifiques se sont améliorés, en particulier pour les stocks qui offrent les possibilités de pêche les plus importantes.


Contexte

La pêche d'espèces d'eau profonde est réglementée par l'Union européenne depuis 2003 en ce qui concerne, d'une part, les totaux admissibles des captures (TAC) par espèce et par zone et, d'autre part, l'effort de pêche maximal pouvant être déployé dans l'Atlantique du Nord-Est.

Les poissons d'eau profonde sont capturés au-delà des principaux lieux de pêche du plateau continental. Ils sont répartis le long du talus continental ou peuplent les monts sous-marins. La plupart de ces espèces ont une croissance lente et une longue durée de vie, ce qui les rend particulièrement vulnérables face à la pêche.

Si les pêcheries d'eau profonde ne représentent qu'environ 1 % du poisson débarqué de l'Atlantique du Nord-Est, certaines communautés locales de pêcheurs sont tributaires, dans une certaine mesure, de ce type de pêcherie. Sous l’effet de l’épuisement des stocks, les captures – et les emplois qui y sont liés – diminuent depuis des années.

Les propositions de la Commission sont fondées sur les avis scientifiques rendus par le Conseil international pour l'exploration de la mer (CIEM).

La Commission a récemment proposé un nouveau système de gestion pour les pêcheries d'eau profonde afin d’assurer une meilleure protection des stocks d’eau profonde et de leurs habitats (voir IP/12/813).

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Le 17 septembre 2013

Grands fonds : Laisser le champ libre à l’exploitation minière !

La France a demandé l’extension de sa ZEE au-delà des 200 milles marins... C’est pour pêcher plus loin et plus profond ?

La pêche en eau profonde bientôt interdite ?



TF1 Sciences - 1min 56s –  le 17 septembre 2013 à 20h35

Les marins pêcheurs d'eau profonde pourraient voir très prochainement leur activité interdite par l'Union européenne. Leurs filets qui plongent dans les entrailles des océans sont accusés de détruire un milieu fragile et encore méconnu. Source : La pêche en eau profonde bientôt interdite ? sur WAT.tv

Métaux sous-marins : quel contrôle de leur exploitation ?
        
Cet été la communauté internationale a accordé deux nouveaux permis d'exploration minière, au Japon et à la Chine, sur des sommets sous-marins situés dans les eaux internationales. Au cœur du dispositif d'autorisation figure une agence internationale très peu connue, l'AIFM. Mais ses pouvoirs sont-ils suffisants pour concilier exploitation industrielle et préservation de la biodiversité ?

Source : Novethic  par Thibault Lescuyer

Les fonds sous-marins font l’objet d’une forte attention, notamment parce qu'ils contiennent des terres rares. En juillet deux nouveaux permis d’exploration ont été accordés dans la « zone », ainsi que l'ONU définit les sous-sols dans les eaux internationales. Ils complètent ceux déjà octroyés à une quinzaine de pays par l’Agence internationale des fonds marins (AIFM) pour rechercher des gisements polymétalliques. Pour l’instant, ces permis ne sont qu’exploratoires. « Pour qu'une extraction ait lieu, il faut une certaine concentration de minerais. Or les sociétés chinoises et japonaises en sont encore probablement au stade des indices. Et les permis de l'AIFM ne concernent que l'exploration, mais pas l'extraction », précise Yves Fouquet, responsable du laboratoire Géochimie et Métallogénie à l'Ifremer. Une chose semble certaine : « Certains gisements peuvent contenir jusqu'à 5% de cuivre alors que le taux des mines terrestres est de l'ordre de 0,5% », ajoute le géologue.

Le seul problème est que cette nouvelle frontière pour les métaux en est une aussi pour la faune et la flore. Dans ces contrées abyssales le niveau de connaissance est « inégal, mais généralement insuffisant pour définir a priori les plans de préservation de l'environnement et de la biodiversité en cas d'exploitation », constate une récente étude de l'IFREMER (1). Et ce alors qu'on a découvert par endroit «une vie exubérante et extraordinaire ».

Greenpeace demande un moratoire sur l'exploration

Face à cette incertitude, Yves Fouquet invoque l'intérêt des missions d'exploration, avec l'idée que « pour contrôler, il faut connaître ». Mais des ONG comme Greenpeace dénoncent la précipitation des industriels. « Avant d'explorer les métaux sous-marins, il faut d'abord protéger les écosystèmes marins les plus vulnérables », estime François Chartier, chargé de campagne Océans à Greenpeace. L'ONG appelle à un moratoire, sur toute  exploration tant que des réserves marines n'ont pas été instaurées sur 40% des océans (contre 1% actuellement) et qu'un accord mondial sur la protection de la biodiversité en haute mer n'a pas été conclu (2).

Des industriels rassurants

Champion français de l'ingénierie et des infrastructures en eaux profondes, Technip juge important de préserver la biodiversité, mais sans partager les craintes de Greenpeace. Dans le cas du projet Solawara 1 par exemple, auquel participe Technip, « la biodiversité semble très pauvre, voire inexistante, d'après les études menées par les organisations qui envisagent l'exploitation» précise Julien Denègre, Business Development Manager chez Technip. Situé en Papouasie Nouvelle-Guinée et non dans la « zone », Solwara est cependant le projet d'extraction en eaux profondes (1 700 m) le plus avancé à ce jour. Selon Julien Denègre, toutes les précautions et même des clauses de restauration des écosystèmes sont prévues par les acteurs qui gèrent l'exploitation.

Les promoteurs de l'extraction invoquent aussi le fait que les mines sous-marines pourraient avoir moins d'impact que sur terre. Ainsi « extraire les nodules polymétalliques (sortes de gros caillous posés au fond des plaines abyssales) pourrait être beaucoup moins dommageable que l'extraction en surface », argumente Sheryll Murray, députée anglaise à l'origine d'une proposition de loi sur le « seabed mining »... De plus, les projets dans la « zone » devront faire l'objet d'études d'impact préalables et d'un contrôle par l'AIFM.

L'AIFM, ange gardien du patrimoine minier commun

L’AIFM ? Cette agence, instituée par la Convention de l'ONU sur le droit de la mer, a la lourde responsabilité de réguler l'exploitation des sous-sols internationaux, dont les richesses sont considérées, depuis 1982, comme le « patrimoine commun » de l'humanité. Regroupant 160 membres environ, mais pas les Etats-Unis, l'AIFM a établi les codes miniers et c'est elle qui instruit les demandes de concessions. Son rôle deviendra crucial si les explorations débouchent sur des extractions : car le demandeur devra alors spécifier deux zones d'égale valeur minière sur sa concession pour qu'une, au choix de l'AIFM, soit réservée au bien commun. Mais les mécanismes restent à préciser pour qu’il ne se transforme pas en usine à gaz comment s'assurer que les deux zones sont bien d'égale valeur, par exemple ?

L'autre défi de l'AIFM sera son rôle de gendarme, via une agence d'inspection à créer. Il y a « un besoin critique de discussions pour financer et mettre en place une agence » chargée de « vérifier la conformité des activités d'exploration et d'exploitation », déclarait en juillet son secrétaire général, le Ghanéen Nii A Odunton.

(1)   Les ressources minérales marines profondes, sous la supervision d'Yves Fouquet et Denis Lacrois, éditions Quae 2012.

(2)   Depuis le sommet Rio+20, des négociations sont en cours à l'ONU pour faire modifier la Convention sur le droit de la mer et y intégrer, notamment, des clauses sur la protection de la biodiversité.

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Commentaires

Hippolyte a dit…
Pour ou contre l'exploitation ciblée des poissons d'eau profonde, notamment avec des techniques ayant un impact sur les fonds marins ? Nombreux sont ceux qui donnent une réponse basée sur des arguments fallacieux.

Ainsi, pour certains, le CIEM aurait soit disant dressé un tableau encourageant de l'état des stocks de poissons d'eau profonde, permettant d'envisager leur exploitation durable sur la base des prélèvements actuels. J'ai pris la peine de lire les avis du CIEM sur cette question et je trouve au contraire qu'il donne des avis qui vont très majoritairement vers une réduction des prélèvements, pour 2013 et 2014.

Je vous laisse juge :

http://www.ices.dk/committe/acom/comwork/report/asp/advice.asp?titlesearch=&Region=-1&Species=73&Period=316&submit1=Submit+Query&mode=2

Ce qui me semble vrai, en revanche, c'est que le CIEM ne préconise pas dans l'immédiat d'interdiction généralisée de la pêche ciblée de toutes ces espèces d'eau profonde. Mais est-il raisonnable de vouloir réduire les captures de 10, 20 ou 40 %, pour certaines espèces et pas pour d'autres, avec des techniques de pêches non sélectives ? Si c'est pour augmenter les rejets, ce n'est pas très judicieux.

Sur la proposition d'interdiction de la pêche ciblée des espèces d'eau profonde, j'ai lu en revanche avec satisfaction, en page 6 du journal Le Monde du 21 juillet 2012, une déclaration de Michel Barnier, Commissaire européen, qui me paraît prendre l'exacte mesure du problème et couper court à certaines rumeurs : "Je n'ai pas de soucis avec le fond du texte, la pêche profonde posant effectivement un certain nombre de problèmes, explique M. Barnier. Cependant, j'ai voulu avoir un échange avec Maria Damanaki sur les conséquences humaines et sociales de cette proposition et sur les mesures d'accompagnement et de reconversion des pêcheurs proposées par la Commission, mesures qui à mon sens devraient être renforcées."

Sur ce problème qui touche à l'exploitation halieutique d'un milieu réputé peu productif et particulièrement fragile, on aimerait maintenant avoir aussi l'opinion de notre Ministre de l'Ecologie…
Aquablog a dit…
Merci pour ce commentaire…

La Commission européenne souhaite l’interdiction du chalutage en eaux profondes (sur des fonds > 400 m) ainsi que les filets maillants dans la ZEE. Soit…

Mais, va-t-elle tolérer l’importation d’espèces d'eau profonde capturées notamment dans le Pacifique Sud comme le Hoki de Nouvelle-Zélande (pêché au chalut entre 200 et 600 m de profondeur) ?

Par ailleurs, les pêcheurs ont peur que cette interdiction soit les prémices d’une interdiction totale du chalut de fond et pourquoi pas de la drague à coquilles saint-jacques !

N’y a-t-il pas aussi des huîtres élevées en eaux profondes dans les baies de Quiberon et de Cancale et qui sont elles aussi récoltées à la drague ? depuis des générations ! Les bretons allaient même draguer les cancalaises à la voile !

Pour pousser le raisonnement à l’absurde… Pourquoi ne pas interdire les nasses à langouste dans les Caraïbes ? Il a été démontré que ces « casiers » de plus de 2 m d’envergure se déplacent avec la houle ce qui provoque un phénomène de balancement avec frottement sur les récifs coralliens ; ces engins de pêche pourtant dit « dormant » cassent ainsi les « jeunes pousses » de corail...

En conclusion...

Les Pêches et la biodiversité marine

Pratiquement tout engin de pêche perturbera l’habitat marin dans une certaine mesure. La façon dont les habitats réagissent dépend de leur sensibilité ainsi que du type et de l’intensité de la pêche. En général, les engins de pêche remorqués comme les chaluts et les dragues sont la principale cause de la destruction de l’habitat reliée à la pêche.

Toutefois, le premier passage d’un engin de pêche dans un habitat où il n’y a jamais eu de pêche auparavant a un impact plus grand que les passages subséquents. Ce fait est important, puisqu’il indique que le maintien relativement constant de la pêche dans certaines zones aura moins d’impact que le déplacement et la redistribution des pêches au fil du temps…

Source : Société royale du Canada
Hippolyte a dit…
Vous avez raison : pour certains, s'attaquer au chalutage pratiqué sur des fonds de plus de 400 mètres pourrait ne constituer qu'une première étape destinée à préparer le terrain permettant de s'attaquer ensuite à d'autres pratiques traînantes sur les fonds marins.

Le débat actuel ne porte pas sur une éventuelle généralisation de l'interdiction du chalutage de fond. Restons-en, pour le moment, à cette proposition d'interdiction qui concerne la pêche en eau profonde.

Ce qui me hérisse, c'est la façon dont certains essaient de faire croire que cette proposition ne tient pas compte de l'avis des scientifiques. Certes, les scientifiques ne demandent pas la fermeture immédiate de ces pêcheries mais ils dénoncent le caractère précaire de ce type de pêcherie qui met à mal à la fois les espèces ciblées et l'ensemble de leur écosystème. En gros, ils disent que ce type de pêche n'a pas vraiment d'avenir…

Voici le point de vue récent de l'ICES sur le problème général de l'exploitation des poissons d'eau profonde :
http://www.ices.dk/marineworld/deepseafish.asp

Voici une publication plus ancienne mais beaucoup plus détaillée de ce même organisme :
http://people.oregonstate.edu/~boehlerg/FTPgb/reprints/2000/KoslowIJMS00.pdf

Et voici enfin, une toute récente publication scientifique qui fait actuellement référence sur cette question :
http://www.marine-conservation.org/media/filer_public/2011/09/06/norse_et_al_2012_sustainability_of_deep-sea_fisheries.pdf

Ceux qui crient au scandale dans les media feraient bien de commencer par s'informer. Mais peut-être que la recherche de la vérité n'est pas leur préoccupation première…


Cordialement
Hippolyte a dit…
L'IFREMER monte au créneau ! Plusieurs modifications successives viennent récemment d'être apportées dans ses pages consacrées à la pêche profonde. Au moment où j'écris, on en est à la version du 23 juillet 2012 de ce document :

http://wwz.ifremer.fr/peche/FAQ/FAQ/Peches-en-eaux-profondes-dans-les-eaux-europeennes-expertise-et-travaux-menes-par-l-Ifremer

Cet organisme prend clairement position et l'essentiel me semble être dit dans cette phrase : "une interdiction pure et simple des pêches profondes, dont la durabilité est au moins en partie atteinte, n’apparaît pas nécessaire".

Il est évidemment difficile d'aller à l'encontre des affirmations de spécialistes de la question.
On peut néanmoins regretter qu'il ne soit pas clairement indiqué où on peut trouver les travaux, les avis et les opinions émanant d'autres organismes, qui sont utilisés à l'appui de la démonstration de l'IFREMER. Il n'est par exemple pas anodin de savoir dans quel document le CIEM a écrit : "l'exploitation des stocks de poissons profonds a été amenée à un niveau soutenable".
Aquablog a dit…
Merci pour l'info

J'ai fait un lien dans les actualités du jour...

Cordialement

PF