Accords de pêche : Mauritanie, Maroc,… même combat !

Accords de pêche : Mauritanie, Maroc,… même combat !

L’eurodéputé breton Alain Cadec, vice-président de la commission de la pêche au parlement européen, défend coûte que coûte les accords de pêche avec les pays africains…

Exemple de la Mauritanie

Après un séjour mauritanien en novembre 2010, Alain Cadec écrivait sur son blog :

« La pêche représente 35% des exportations du pays et crée 36% de l'emploi. Depuis 2006, la Mauritanie et l'Union européenne ont signé un accord de partenariat de pêche (APP) permettant aux navires communautaires de 12 pays de l'Union européenne de pêcher dans les zones de pêche mauritaniennes. Pour la période 2008-2012, l'Union européenne verse 305 millions d'euros au gouvernement en échange de cet accès.

Cet argent doit permettre d'assurer le développement durable du secteur mauritanien de la pêche, mais l'utilisation de ces fonds reste très difficile à vérifier. D'autre part, je m'inquiète des réductions sensibles de possibilités de pêche, alors que la contrepartie financière et les redevances à payer par les armateurs européens ne cessent d'augmenter. Il s'agit de l'accord de partenariat le plus couteux conclu par l'Union européenne mais c'est aussi l'un des plus importants qu'il nous faut maintenir…. » Source : Pêche en Mauritanie: Alain Cadec demande de la transparence au gouvernement mauritanien

En réalité, pillage des flottilles étrangères

De son côté, l’OMC apporte une nuance de poids sur la présence étrangère dans les eaux mauritaniennes…

« La Mauritanie a jusqu'à présent tiré une part importante de ses revenus des ventes de droits de licence à des entreprises étrangères, contribuant ainsi à l'intensification de l'exploitation de ses ressources, plutôt qu'au développement durable d'une exploitation locale plus intégrée à l'économie nationale. Cette politique est à l'origine du sévère déclin des principales ressources halieutiques du fait de leur surexploitation. Elle a attiré beaucoup de partenaires économiques étrangers, mais n'a pas contribué à l'essor du secteur privé local. »

Voir le rapport de l'OMC : Examen des politiques commerciales : Mauritanie et OMC, « Résumé », résumé du rapport de l’Examen des politiques commerciales de la Mauritanie, WT/TPR/S/250, 2011, septembre 2011

Exemple du Maroc

Intervention d’Alain Cadec au Parlement européen sur l'accord de partenariat Union Européenne - Maroc dans le secteur de la Pêche le 14 décembre 2011

Selon vous, ce port de pêche artisanale qui abrite des centaines de barques et fait vivre des milliers de personnes, a-t-il bénéficié des compensations financières de l'Union Européenne dans le cadre de l'accord de pêche UE-Maroc 2006-2011 ?


Blocage de l'accord de pêche. Les pêcheurs marocains jubilent…

La décision du Parlement européen, mercredi 14 décembre, de ne pas prolonger l'accord de pêche avec le Maroc en a surpris plus d'un...


En premier lieu, les autorités marocaines et espagnoles dont les réactions ont été à la hauteur de la surprise : Expulsion sur le champ des bateaux européens, exigence d’une compensation financière de 30 millions d’euros pour le manque à gagner des bateaux espagnols…

En second lieu, les pêcheurs marocains qui du jour au lendemain n’ont plus dans leurs zones de pêche cette flottille étrangère concurrente…

« .... les professionnels marocains jubilent et se disent «débarrassés d’une concurrence qui les gênait aussi bien au niveau des prises que sur les marchés de commercialisation du poisson frais». A leurs yeux, la décision du Parlement européen ne ferait que restaurer le pays dans ses ambitions légitimes. Le départ de la flotte européenne ne règle pas les problèmes. Il faudra enfin concrétiser une véritable réforme dans ce secteur et en finir avec les combines qui le gangrènent. L’enjeu se trouve à ce niveau. Le plan Halieutis, censé accélérer la valorisation à terre de la ressource halieutique, est pour l’instant au point mort.

Chez les industriels, la «fête» se fait dans la retenue. Selon Mohamed El Jamali, industriel de la conserve de poissons, «le retrait de la flotte européenne va diminuer la pression sur la ressource, mais aura un impact fort négatif sur les pêcheurs espagnols». Reste le manque à gagner pour l’effort de développement du secteur. Pour rappel, le dernier protocole, qui a expiré le 27 février 2011, a apporté une contribution financière de 36,1 millions d’euros par an… »

Probablement un manque à gagner pour ceux qui se servaient avant que cette somme n’aille comme prévu dans le protocole de l’accord de pêche « dans des actions de développement du secteur, notamment les infrastructures tels les ports, les halles aux poissons, les villages des pêcheurs et la lutte contre la pêche illicite non réglementée et non déclarée… »

Philippe Favrelière (avec l'aide de l’article de l’Economiste : Accord de pêche : Akhannouch : « Aucun intérêt à renégocier »)

Autres articles :
Photographie de Philippe Favrelière : Port de pêche d'Essaouira au Maroc

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En Afrique de l'Ouest, les pêcheurs artisanaux demandent l'arrêt de la pêche industrielle européenne....


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Le 29 décembre 2011 : Annulation de l'accord de pêche (suite)

Depuis l'annulation de l'accord de pêche Maroc/UE, les langues se délient parmi les représentants de la pêche marocaine qui voient des opportunités de développement de la pêche locale....

Pendant ce temps, les responsables espagnols préparent une stratégie pour reprendre pied dans les eaux marocaines déjà surexploitées avec la diminution des débarquements des petits pélagiques...

Pendant ce temps, des analystes analysent sans tenir compte de l'avis des acteurs principaux que sont les pêcheurs marocains et les communautés villageoises côtières....

La FPM n’est pas pressée de renouveler l’accord de pêche (Les Echos)

La Fédération des pêches maritimes (FPM) monte au créneau. Non loin d’être attristée du non renouvellement de l’accord de pêche Maroc-UE le 14 décembre dernier, elle avoue que la décision lui convient tout à fait. «De tous temps, nous avons été contre cet accord que nous n’acceptions finalement que par patriotisme. Nous le subissions», s’exprime ainsi Hassan Oukacha, président de la FPM, qui regroupe les chambres de pêche maritimes et leur fédération, la Confédération nationale de la pêche côtière, l’Association de la pêche hauturière et les associations de la pêche côtière et artisanale, et par ailleurs membre de la CGEM. «Nous étions habitués à ce que notre avis soit pris en compte. Cependant, Aziz Akhannouch avait décidé de faire cavalier seul. Il ne nous a jamais demandé notre avis», insiste Oukacha.

En attendant la semaine prochaine

Aujourd’hui, le non renouvellement semble être une aubaine pour les professionnels. «Le rendement des bateaux marocains va augmenter» s’enthousiasme Oukacha. «En l’état actuel des choses, il n’y a pas lieu de renégocier cet accord. Toutefois, si renouvellement il y a, ce nouvel accord devra se baser sur d’autres termes. Notre principale demande est qu’il y ait plus d’investissement sur terre et sur mer. L’objectif recherché est de valoriser les ressources pêchées par les bateaux européens au Maroc», explique Oukacha. D’une part, cela permettrait de faire vivre l’économie de la pêche et, d’autre part, de contrôler ce que pêchent les 115 bateaux européens présents dans l’espace maritime marocain, en vertu de cet accord. Une réunion avec Mohamed Horani, président de la CGEM, se tiendra la semaine prochaine pour discuter des suites du dossier.

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Réunion le 11 janvier à Barbate de la Commission maroco-espagnole des professionnels de la pêche (Maroc Agriculture)

Madrid – La Commission maroco-espagnole des professionnels de la pêche tiendra une réunion, le 11 janvier prochain à Barbate (Cadix-Sud de l’Espagne), a indiqué, mercredi, le vice-président de la Confédération espagnole de la pêche (Cepesca), Javier Garat.

L’objectif de cette réunion est de « fixer la feuille de route que suivront les professionnels de la pêche des deux pays dans l’avenir , notamment après le rejet dernièrement par le Parlement européen (PE) de la prorogation de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne (UE), a-t-il ajouté dans des déclarations à l’agence Europa Press.

M. Garat a souligné que la Commission maroco-espagnole des professionnels de la pêche a pour objet de mettre en valeur et consolider les relations de coopération entre les deux parties.

Le vice-président de Cepesca a fait ces déclarations à l’issue d’une réunion avec les représentants des professionnels de la pêche à Barbate, axée sur l’examen des conséquences de la non prorogation de l’accord de pêche Maroc-UE sur les pêcheurs de la région.

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Les prix de la sardine flambent (Libération)

Les poissons désertent les assiettes des ménages à faibles revenus

Les prix des poissons s’envolent de nouveau. Ils ont presque quadruplé en moins de quelques semaines. Ils sont devenus presque inabordables, la sardine s’arrogeant même le qualificatif et la tarification des produits de luxe. En effet et jusqu’au 27 décembre, au marché de gros de la capitale économique, une caisse de 20 kg de sardines coûtait 250DH contre 50 DH auparavant, celle de maquereaux s’écoulait à 180 DH contre 50 DH, celle des anchois 200 DH contre 50 DH et celle de crevettes 500 DH contre 200 DH.

Quant à la caisse de pageot, elle a été cédée à 180 DH contre 80 DH auparavant, les anguilles l’ont été à 300 DH contre 80 DH, la raie à 350 DH contre 150 DH auparavant, la bonite à 200 DH contre 80 DH auparavant et le mulet à 170 DH contre 80 auparavant.

La cause ? Certainement pas la non-reconduction de l’accord de pêche Maroc-UE, mais le mauvais temps qui a poussé, selon certaines sources, plusieurs raïs à renoncer à lever l'ancre. Mais pour d’autres, c’est la rareté du poisson qui s'impose comme une pénible évidence conjuguée au phénomène de la spéculation et des intermédiaires….

Concernant la hausse des prix des sardines, il nous a souligné que cette augmentation trouve son explication dans le fait que l’offre est quasi inexistante dans les deux marchés les plus importants, à savoir celui de Laâyoune et de Tan Tan. « Les sardines commercialisées aujourd’hui au marché des poissons de Casablanca proviennent en grande partie des petits bateaux qui pêchent près des côtes entre El Jadida et Rabat », nous a-t-il précisé. Pourtant, quelles que soient les explications, il reste évident que les milliers de kilomètres du littoral marocain seraient de moins en moins poissonneux.

Ainsi, et selon une note publiée par la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) relevant du ministère de l’Economie et des Finances, le volume des débarquements de la pêche côtière et artisanale a atteint, au titre des dix premiers mois de l’année 2011, 739.257 tonnes, soit un recul de 22,7% par rapport à fin octobre 2010.

Cette évolution est attribuable particulièrement, selon la DEPF, au repli de 25,3% des débarquements des poissons pélagiques, en lien avec la baisse des débarquements de la sardine de 43,4%.

La valeur du total des débarquements a affiché une baisse de la valeur des débarquements des poissons pélagiques de 15,1%, bien que leur prix moyen ait marqué un accroissement de 13,8%. La valeur des débarquements du poisson blanc a légèrement progressé de 1,5% et celle des crustacés a augmenté de 27% et ce, en dépit de la baisse de leur prix moyen de 33,5%.

Par ailleurs, la valeur des exportations des produits de la mer s’est établie à 9,8 milliards de dirhams au titre de la même période, en repli de 13,5% en glissement annuel, en rapport notamment avec la baisse de la valeur des exportations des poissons en conserve de 19,2% ; la valeur des exportations des crustacés, mollusques et coquillages ayant affiché une quasi-stagnation (+0,7%).

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Suspension du protocole de pêche Maroc-UE : le dessous des cartes (Agoravox)

Le 15 décembre dernier le parlement européen a rejeté la prorogation du protocole de pêche avec le Maroc (36 millions d'euros annuels en compensation des prises européennes en eaux marocaines). La décision européenne a été motivée, a précisé le rapporteur finlandais Carl Haglund, par trois raisons : D'abord, économique car le Maroc semble mieux profiter financièrement que l'Union européenne (UE) ; ensuite, écologique au regard de la surexploitation des espèces ; et enfin social, puisque jusqu'à présent, la population locale du Sahara semble peu profiter des retombées financières de l'accord. S'agit-il des vraies raisons ?

Des prétextes plutôt que des arguments

Si l'on peut comprendre que l'UE, étranglée par une crise d'endettement, racle les fonds de tiroir, lorgner sur l'enveloppe de 36 millions est loin de résoudre tous ses problèmes. D'autant plus que si elle doit répondre à la demande de réparation formulée par l'Espagne, principale lésée dans cette histoire, elle devrait débourser 30 millions d'euros pour la dédommager des deux mois d'inactivité de ses pêcheurs. Alors que le Maroc perçoit à peine un peu plus pour une exploitation durant 12 mois. S'il y a vraiment une partie qui doit se plaindre d'un rapport couts-bénéfices désavantageux c'est bien le Maroc. En versant 36 millions d'euros en contrepartie de la capture de 700000 tonnes, l'UE s'assure le poisson à un coût de revient moyen (toutes variétés confondues) de 0.5 cents d'euros, une aubaine pour le consommateur européen qui paye en moyenne son poisson moins cher que son homologue marocain.

Quand les députés européens ayant voté contre l'accord parlaient de surexploitation des ressources halieutiques, ils oublient qu'ils étaient déjà devancés par tous les gouvernements marocains et ce depuis 1995 quand ils refusaient de prolonger le protocole avec l'UE afin de dénoncer la surexploitation par les pêcheurs européens de ces stocks halieutiques. Mais sous la pression des européens le Maroc finissait toujours par céder.

Concernant la population locale sahraouie qui ne semble pas bien profiter financièrement de l'accord, faut-il rappeler ici que l'Allemagne qui avait exprimé des réserves auparavant, à cause de ce point, les avait levées après de premières informations données par le Maroc selon lesquelles plus de 700 millions de dirhams ont été affectés à des extensions et des rénovations des ports de Boujdour (comme le montre la photo google ci-dessus !!!) et Dakhla. Et puis il a été convenu que le Maroc produise justement un rapport d'ici fin février pour mettre en évidence les retombées de l'accord sur la population locale. Pourquoi donc les députés ont précipité la suspension de l'accord deux mois avant la remise du rapport ?

Un vote politisé...

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Le 13 janvier 2012

Les pêcheurs marocains en désaccord avec ceux qui surexploitent leurs ressources…

« Il faut repenser les termes de l’accord de pêche dans le sens d'un renforcement de la coopération avec l'UE en matière d'infrastructures et de mise à niveau de la flotte, loin de toute exploitation directe de nos ressources. »

La confédération nationale de la pêche côtière au Maroc veut rester en dehors des négociations menées actuellement par la commission mixte des professionnels maroco-espagnols de la pêche. Selon Mohamed Alalou, président de la confédération nationale de la pêche côtière, « cette commission ne représente pas le secteur de la pêche maritime sur le plan national. » Cette commission mixte de professionnels marocains et espagnols qui déplore le blocage du protocole de pêche entre le Maroc et l'UE en l'imputant à des « motifs politiques » et qui s'est prononcée pour son réexamen sur la base des seuls aspects techniques et économiques, est composée du secrétaire général de la confédération espagnole de la pêche, du président de la fédération andalouse des professionnels de la pêche et du vice-président de la fédération des pêcheurs du Maroc.

Selon Mohamed Alalou « les participants à ces négociations, côté marocain, ne représentent qu'eux-mêmes et leur action est motivée par des intérêts personnels….. Les négociations menées actuellement par cette commission affaibliront la force de négociation du Maroc au cas où un accord serait envisagé. »

Et de souligner que l'ensemble des professionnels du secteur de la pêche « sont contre la reconduction de l'accord de pêche en ses termes actuels. » L'accord a engendré une « surexploitation » des pêcheries et une baisse constante des ressources halieutiques du Maroc, selon des statistiques établies par l'Institut scientifique, a-t-il averti, ajoutant que le secteur a besoin plutôt d'un plan d'aménagement pour toutes les filières de la pêche (côtière, hauturière et artisanale).

Kamal Sabri, président de la Chambre des pêches maritimes Atlantique Nord et membre de la confédération, fait le même constat relevant que les cinq dernières années ont été marquées par une baisse importante des captures. Pis encore, « on est menacé, d'ici 10 ans, d'épuisement de nos ressources. » Il a appelé, à cet égard, toutes les parties prenantes à tout mettre en oeuvre pour préserver cette richesse qui « n'a pas de prix ». Au cas extrême où une reconduction de l'accord s'avèrerait inévitable, poursuit M. Sabri, « il faut repenser ses termes dans le sens d'un renforcement de la coopération avec l'UE en matière d'infrastructures et de mise à niveau de la flotte, loin de toute exploitation directe de nos ressources. »

Kamal Sabri propose, par ailleurs, que « les professionnels nationaux se chargent eux-mêmes et de l'exploitation et de la commercialisation des divers produits de la mer qui sont la propriété de tous les Marocains, à qui revient d'ailleurs de décider ou non la reconduction de l'Accord de pêche avec l'UE via le Parlement. » D’après Au fait Maroc : Accord de pêche Maroc-UE : Divergences de vues entre les professionnels marocains du secteur de la pêche

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