Canada atlantique : Retour de la morue sous la menace des pétroliers !

Canada atlantique : Après les flottilles étrangères, les communautés côtières vivent sous la menace de l'industrie gazière et pétrolière !

A l'Est du Canada, les pêcheurs côtiers, survivants de l’effondrement de la pêche, croient toujours au retour de la morue. Espoir corroboré ces derniers mois par les résultats encourageants des scientifiques… Maintenant, les pêcheurs du golfe du Saint-Laurent pointent la menace des compagnies pétrolières et gazières.

Les pêcheurs côtiers espèrent toujours en la morue, la richesse historique des communautés littorales de l’est canadien. Pendant des centaines d’années, des millions de tonnes de morue ont été puisées dans les eaux froides du Labrador pour nourrir les populations européennes. Mais, l’exploitation intensive des flottilles industrielles étrangères a condamné cette ressource qui faisait vivre des milliers de familles canadiennes depuis des générations. Les étrangers sont repartis en jetant derrière eux près de 40.000 pêcheurs et travailleurs du secteur de la transformation au chômage ; ils sont repartis en laissant quelques tonnes de morue aux derniers pêcheurs côtiers après le moratoire de 1992. « En 1994, le moratoire sur la pêche à la morue en vigueur depuis juillet 1992 s'étend à l'ensemble du Canada atlantique. D'autres poissons de fond comme le flétan et le sébaste tombent bientôt sous le coup de l'interdiction. Ce n'est plus seulement la population de Terre-Neuve qui en subit les contrecoups, mais aussi les pêcheurs du golfe du Saint-Laurent et de la Nouvelle-Écosse. »

Retour de la morue sur les bancs de Terre-Neuve !

Depuis l'effondrement des stocks de morue au début des années 90 et la mise en place d'un moratoire sur la pêche, les communautés côtières du Canada atlantique espèrent un retour de cette espèce emblématique ainsi que d'autres poissons de fond comme l'aiglefin.

Selon certaines hypothèses scientifiques, la morue ne reviendra jamais, ce qui serait une des pires catastrophes écologiques de l'histoire du Canada. Mais ce n'est pas ce que concluent les chercheurs. « À la question cruciale de savoir si ces dommages aussi profonds dans la dynamique de grands écosystèmes marins sont réversibles, la réponse est assurément oui », affirment les chercheurs de l'Université Queen's et de l'Institut océanographique Bedford, à Dartmouth, dans leur étude publiée en juillet 2011. Ils constatent que des tendances néfastes pour les poissons de fond sont en train de s'inverser dans les eaux au large de la Nouvelle-Écosse.

Par exemple, des poissons fourragers qui ont remplacé les poissons de fond depuis 20 ans sont en déclin. Au tournant des années 2000, à la faveur de la disparition de leurs prédateurs comme la morue, leur nombre s'était multiplié par neuf. À tel point que ces poissons, comme le capelan et le hareng, mangeaient les petites morues, une situation que les chercheurs appellent un « renversement prédateur-proie ». Mais depuis 2006, les stocks de poissons fourragers sont revenus à des niveaux comparables à ceux qui prévalaient avant l'effondrement du nombre de poissons de fond. En parallèle, les poissons de fond capturés à des fins scientifiques sont de plus en plus gros pour leur âge. Les petits sont de plus en plus nombreux à survivre. Leur nourriture, composée d'animaux marins microscopiques (zooplancton), est plus abondante. Source : Les stocks de morue commencent à se reconstituer dans l’océan Atlantique (ecologie.tv)

Menace des pétroliers et des gaziers dans le golfe du Saint-Laurent !

Le golfe du Saint-Laurent est l’un des écosystèmes marins les plus riches de la planète. Il n’est pas seulement riche en ressources halieutiques, étant donné la variété de poissons et de crustacés qui y vivent, mais son sous-sol marin abrite des ressources qui attirent depuis une décennie l’intérêt d’autres exploitants potentiels, notamment l’industrie gazière.

Sur le plan des activités de pêche, l’exploitation de la morue, du sébaste (poisson rouge), du magnifique flétan, de la plie, du hareng, du crabe, de la crevette, du homard, du pétoncle et de combien d’autres espèces, a soutenu l’activité économique de centaines de communautés maritimes du Nouveau-Brunswick, du Québec, de l’Île-du-Prince-Édouard et de la côte Ouest de la Nouvelle-Écosse et de Terre-Neuve. Les retombées économiques de cette activité humaine se comptent en centaines de millions de dollars, le nombre de personnes directement liées au monde de la pêche par dizaines de milliers….

À la fin des années 1990, pendant qu’on s’occupait à reconstruire les stocks de crabe dans le golfe, arrive l’industrie pétrolière et gazière intéressée par les ressources que pourrait abriter le sous-sol marin du golfe du Saint-Laurent. Elle demande aux autorités de procéder à des relevés sismiques qui permettraient d’évaluer l’importance des gisements de pétrole et de gaz dans le golfe du Saint-Laurent. Le procédé d’exploration est jugé trop risqué pour les stocks de crabe et de homard, particulièrement pour la composante juvénile de ces stocks. La zone d’exploration est considérablement réduite. Sous la pression des organisations de pêcheurs qui s’opposent pratiquement à l’unanimité aux relevés sismiques que veut entreprendre l’industrie pétrolière et gazière, l’exploration est frappée par un moratoire dans les zones du golfe où l’habitat marin abrite les principaux stocks de crabe, entre autres.

Dans la foulée de la frénésie des gouvernements provinciaux qui voient, tant au Québec qu'en Acadie, un potentiel important de revenus en redevances sur l’extraction du gaz naturel, les gouvernements semblent être disposés à revoir leur décision d’interdire l’exploration, donc les relevés sismiques.

S’il y a 20 ans les relevés sismiques représentaient suffisamment de risques pour en interdire la pratique dans des zones sensibles abritant des ressources riches en crustacés, il est difficile de concevoir que les fondements du moratoire ne tiennent plus aujourd’hui. C’est pour cette raison que nous partageons les motifs de la Coalition du Saint-Laurent qui œuvre à empêcher la levée du moratoire. L’écosystème du Saint-Laurent est aussi fragile qu’il est riche. Les autorités gouvernementales devraient s’en souvenir. Source : La fragilité du golfe (capacadie)

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Vers le rétablissement des poissons de fond et d’une pêche durable dans l’est du Canada

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Conseil pour la conservation des ressources halieutiques

Rapport pour le ministre des Pêches et des Océans

Septembre 2011

Le présent rapport apporte des orientations pour la promotion de la reconstitution des stocks de poisson de fond de l’Est du Canada et le rétablissement de pêches durables à partir de ces stocks.

Le rythme de rétablissement de la morue du Nord a été beaucoup plus lent que ne l’avait annoncé le ministre des Pêches et des Océans quand il a interdit l’exploitation de ces stocks en 1992. La plupart des autres stocks de poisson de fond se maintiennent à de très faibles niveaux, ce qui a engendré un haut degré de frustration au sein de l’industrie et suscité de graves critiques à l’endroit du gouvernement du Canada pour son incapacité à reconstituer les stocks. Il faut toutefois reconnaître que l’homme n’a pas la capacité de « reconstituer » un stock de poissons marins décimé, de la même façon qu’il peut rebâtir une maison détruite par un tremblement de terre ou un pont entraîné par les crues. Il ne suffit pas de le vouloir et d’y consacrer les ressources nécessaires. La mise en valeur, telle que pratiquée dans les lacs et les cours d’eau, est impraticable dans l’océan.

Les actions possibles se limitent à favoriser le rétablissement en cessant ou en diminuant largement les activités qui nuisent aux stocks. À cet égard, le Conseil appuie fermement le cadre décisionnel de la pêche du MPO qui englobe l’approche de précaution. Le Conseil se réjouit des récents progrès réalisés sur le plan de l’élaboration de cadres stratégiques d’exploitation pour les stocks de poisson de fond et de plans de rétablissement pour les nombreux stocks qui en ont besoin. Le Conseil tient aussi à souligner la nécessité de s’assurer que la pêche des espèces fourragères ne nuit pas aux besoins alimentaires de la morue et d’autres poissons de fond et que les pratiques de pêche et d’autres activités océaniques ne détruisent pas l’habitat du poisson de fond.

Dans de nombreuses régions du monde, on constate qu’une réduction substantielle de la mortalité par pêche a eu l’effet souhaité sur le rétablissement. Cependant, dans bien des cas, la reconstitution des stocks n’a pas suivi immédiatement la réduction des activités de pêche. De nombreux facteurs du milieu naturel ont des répercussions sur la capacité des populations de poisson de se reproduire efficacement et de croître, et notre influence ou notre contrôle sur la plupart d’entre eux est plutôt limité, quand ce n’est carrément nul. En général, une fois que nous avons fait ce que nous pouvions pour cesser de leur porter atteinte, nous n’avons plus qu’à nous armer de patience et attendre que la nature fasse son œuvre.

Néanmoins, le Conseil convient, comme une grande partie des membres de l’industrie de la pêche du poisson de fond, que cette approche du « ne pas nuire et attendre » est insuffisante pour permettre à de nombreux stocks de poisson de fond de l’Est du Canada de se reconstituer. Contrairement à ce qui se passe dans plusieurs autres parties du monde, on observe, dans les eaux de l’Est du Canada, depuis quelques dizaines d’années, une hausse phénoménale du nombre de mammifères marins, et en particulier des phoques.

Certains ont émis l’hypothèse, depuis le milieu des années 1990, que la prédation par les phoques était la cause prédominante du taux élevé de mortalité naturelle qui a empêché le rétablissement de nombreux stocks de poisson de fond. Le Conseil croit que les preuves à l’appui de cette hypothèse sont suffisamment solides et que la situation de nombreux stocks est suffisamment urgente pour que l’on procède le plus rapidement possible à des prélèvements ciblés de phoques d’une ampleur et d’une durée suffisantes pour vérifier concrètement cette hypothèse....

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