Sénégal. Le lac de Guiers en péril

Sénégal. Le lac de Guiers en péril

Le lac de Guiers, situé dans le Haut Delta du fleuve Sénégal dont il est un défluent, est l’une des principales réserves d’eau douce du Sénégal qui produit 65 % de l’eau consommée à Dakar. Pompée et traitée sur place dans les usines de Gnith et Keur Momar Sarr, l'eau est acheminée par une conduite forcée souterraine de 300 km de long. Cependant sa durabilité est remise en question par une forte pollution diffuse et industrielle, mais aussi par l’envahissement des plantes aquatiques qui rendent inaccessibles les surfaces arables.

La pollution diffuse de même qu’industrielle, ainsi que les plantes envahissantes sont en train de remettre en danger ce territoire hydrologique qui fait partie intégrante de la plaine d’inondation de la vallée du fleuve du Sénégal.

Le lac de Guiers est en danger

Alimenté par le fleuve Sénégal et les eaux de pluie de la vallée du Ferlo, le lac de Guiers occupe le centre d’une vaste dépression naturelle de 50 km de long.... Le lac de Guiers est long de 35 km et large de 8 km. Avec une profondeur moyenne de 1,3 m en période de décrue et de 2,5 m en période de crue, il occupe une superficie d’environ 250 km2 et contient 400 millions m3. Malheureusement, le lac de Guiers est agressé par les nombreux aménagements agricoles sur ses rives Est et Ouest occasionnant des rejets toxiques, mais aussi la prolifération des plantes aquatiques. Tout le long du lac, la pollution fait ravage. Les typhas à perte de vue et les nénuphars cachent même l’eau et empêchent aux populations riveraines de s’adonner à la pêche et à l’agriculture.

Des activités concurrentes...

Les installations de la Sénégalaise des eaux (SDE) dans les années 1970, puis les aménagements complémentaires de 2004 ont renforcé l'importance stratégique du site, qui voit converger les populations, mais aussi diverses activités parfois concurrentes ou développées de manière anarchique. La construction du barrage de Diama en 1985, puis de celui de Manantali en 1987 ont amélioré les hauteurs d'eau et facilité l'irrigation, mais des perturbations environnementales sont aussi apparues (proliférations de plantes aquatiques, etc.).

Alors qu'elles sont entourées par une zone semi-désertique qui vit traditionnellement de l'élevage, les rives du lac sont donc assez fertiles, et des champs de canne à sucre, gérés par la Compagnie sucrière sénégalaise (CSS), ont pu s'étendre au nord. L'agriculture paysanne produit aussi du riz et des patates douces. La pêche constitue également une activité significative, fournissant environ 2.000 tonnes de poisson par an.

En visite à la digue de Pakh dans le Delta du fleuve Sénégal, on découvre sur une superficie de 800 ha du périmètre villageois, plus de 500 ha détruites par les eaux usées déversées dans le lac. « Jusqu’en 1986, cette zone était exploitée. Mais les eaux usées qui étaient déversées par la Société pour le Développement Rizicole du Sénégal (Sdr) et le phénomène de la salinisation sont en train de grignoter nos terres », nous explique Aldiouma Boh notre guide du jour. Sur la digue de Pakh, l’effet de l’érosion est visible. La dégradation de la digue est très poussée. Pour atténuer le phénomène, les villageois ont mis sur place des sacs de fortune pour rétablir cette digue qui était construite par la Compagnie sucrière sénégalaise vers 1978....

Pêcheurs et agriculteurs font le procès de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css)

L’activité des pêcheurs est aussi remise en cause par les infrastructures sur la Taouey. C’est ce que nous apprend Ousmane Guèye, pêcheur. « C’est la Css qui a barré la Taouey naturelle en y mettant un pont. Ce qui a diminué la production en poisson car nous ne pouvons plus prendre le poisson convenablement avec les ponts de la Css et de la Sde qui traversent le lac. Dans le quartier de Gadolhout, il y a près de 1000 pêcheurs dont l’activité est remise en cause. Pour survivre, nous sommes obligés de nous adonner à la pisciculture », a-t-il signalé.

Avant de poursuivre : « La Css a aménagé un point de drainage où elle rejette les eaux usées qui polluent le lac. Les poissons meurent et ont souvent un côté paralysé et malformé. Ce point de rejet tant décrié est situé au quartier Bountou Bath ». A Mbane, Matol Sarr, Chef du village, incrimine le barrage de Diama. « C’est après la construction du barrage de Diama que le typha est venu envahir nos terres qui étaient utilisées pour la riziculture. Même si dans une certaine il a permis de sédentariser nos populations, l’après barrage est de loin responsable de cette situation. On ne cultive plus le riz, on l’achète maintenant alors que nous étions autosuffisants auparavant. Nous nous sommes tous recyclés au maraîchage avec la production de patates, d’oignons, d’arachide, de carotte, de manioc, de piment et de salade ».

Sources : Sudonline et Wikipedia (modifié le 12 août 2011)

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Le 24 juillet 2012

Ile de Kharé, merveille de la nature aux multiples paradoxes

Située dans la communauté rurale de Bokhole, dans le département de Dagana, l’île de Kharé est inconnue du commun des Sénégalais. Et pourtant, cette localité du Walo perdue au milieu d’une étendue d’eau à des potentialités énormes. Entourée d’eau douce, ce qui lui offre à la fois des conditions propices à l’aquaculture et au tourisme, cette merveille est cernée par une nature verdoyante. Pour rallier Kharé, à partir de Keur Mbaye, il faut emprunter une longue piste à travers les champs sur plus de 4 km, afin de gagner les berges du fleuve Sénégal. De là, c’est un autre périple dans l’eau qui commence. La traversée se fait, en effet, sur près de 3 km grâce à un vieux bac ou alors à l’aide de pirogues. Sur cette île de Kharé - dont est originaire le professeur Amsatou Sow Sidibé (côté maternel) - se réveillent chaque matin environ 400 âmes. Mais cette population ne bénéficie d’aucun plan d’aménagement, contrairement à Rakhwate, le village mauritanien jumeau de Kharé qui se situe à l'autre bout de la rive. Dans cette partie extrême de la frontière entre le Sénégal et la Mauritanie, la seule structure administrative qui existe demeure une école primaire. Elle compte 6 classes, dont 4 étaient en abris provisoires pour, par la suite, devenir des abris définitifs. L’école accueille un effectif de près de 130 élèves. «C'est tout sauf, une école, il n’y a pas de clôture, il n’y a pas de sécurité», décrit l’instituteur Mafal Coumba Fall, l'un des rares fils du terroir qui a accepté de revenir offrir ses services à son village natal.

Un village au décor de «carte postale»,

La population de Kharé a comme principale activité l’agriculture. Seulement, ces paysans ne jouissent pas de cette merveille que la nature leur a gracieusement offerte. Au contraire, les insulaires sont victimes de ces avantages que la nature les a dotés. Milieu propice pour la reproduction des reptiles comme les serpents et autres, moustiques qui y dictent leur loi, Kharé souffre de son oubli par les autorités sénégalaises et du fait que tout y manque. Ce dont se désole Mafal C. Fall qui souligne que, pourtant, le village voisin de Rakhwate en Mauritanie bénéficie d'infrastructures de bases modernes. «L’électricité y est disponible. Les routes sont bitumées. Rakhwate exerce une attraction irrésistible sur des populations. Mais ici, à Kharé, on n’a rien. Les gens ne pensent qu’à s’en aller, en quête d’une meilleure vie», se désole-t-il en mettant l’accent sur cette autre souffrance qui le mine. A savoir les élèves sont victimes des mirages de la modernité et abandonnent les classes en pleine année scolaire pour aller chercher du travail. Originaire du village de Kharé, aujourd’hui élève en classe de terminale, Mbaye Gaye conforte les explications de l’instituteur. «De tous mes camarades de la sixième, nous sommes deux seulement à avoir la chance d'arriver jusqu’en terminale», dit-il. Et pourtant, malgré toutes ces difficultés, renseigne M. Fall, l’école s’est classée troisième, l’année dernière, dans le département de Dagana en termes de résultats scolaires.

Les paysans cotisent 6 000 francs par mois pour que leurs enfants étudient

Kharé ne disposant pas de collège, les parents cotisent mensuellement à raison de 6 000 francs Cfa par élève pour faire fonctionner le bac et ainsi permettre à leurs progénitures, inscrites au moyen secondaire, de rallier le reste du Sénégal pour poursuivre leurs études. Quotidiennement donc, ce sont 7 longs km que les élèves qui ont dépassé l’élémentaire parcourent, à partir de Kharé pour rejoindre le village de Keur Mbaye qui dispose d’un Collège d’enseignement moyen (Cem). Cette situation, ajoutée au manque d’aide et de politique de maintien des enfants à l’école, pour des élèves qui affrontent quotidiennement les aléas climatiques dans cette partie Nord du Sénégal, où chaleur et poussière sévissent, poussent bien des parents à finir par baisser les bras. D’autant que «mobiliser 6 000 francs Cfa chaque mois pour son enfant n’est pas donné à tous, surtout si on est un pauvre paysan démuni de Kharé qui n’a que la terre pour vivre.» finit par lâcher le patriote enseignant. Cela pousse le maître de l’école de Kharé à lancer un appel à l'Etat pour qu'il mette en place un programme qui puisse fixer les résidents de cette merveille de la nature détachée de la terre ferme. Une mise en valeur qui consisterait, selon l'instituteur, à mettre en valeur les immenses potentialités en ressources hydrauliques de Kharé, village au décor de «carte postale», qui souffre malheureusement de son enclavement et du fait qu’il est inconnu de presque tous. Le souhait de ces populations est, en tout cas, bénéficier des projets et des financements dans le domaine de la pisciculture. Car le site s’y prête à merveille.

Source : Mamadou Lamine CAMARA (Stagiaire)

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