L’Europe lève ses barrières douanières sur le poisson d’importation !

Le 22 octobre 2009, la direction en charge des Affaires Maritimes de la commission européenne annonce à grand renfort de médias que l’UE est prête à lutter contre la pêche illicite. Pendant ce temps, le 26 octobre 2009, le Conseil de l’Union Européenne adopte avec beaucoup de discrétion une mesure qui va vers la réduction voire l’annulation des droits de douane sur les importations de plusieurs produits de la mer.

Si la lutte contre la pêche illégale est un véritable serpent de mer qui revient régulièrement sur la table au même titre que la lutte contre les paradis fiscaux, la levée des barrières douanières sur les importations des produits halieutiques est un véritable coup de massue porté à la pêche artisanale. Un secteur actuellement en grande difficulté et qui ne sait comment lutter contre la chute des cours dans la plupart des pays européens.

A quoi joue l’Europe ?

Alors que les ventes en criée souffrent de plus en plus de la concurrence des produits importés à bas coût, le Conseil de l'Union européenne vient d’adopter une mesure qui va accroitre la compétitivité des produits extérieurs sur le marché européen. Selon un article de seafoodsource, le Conseil de l’UE a fixé le 26 octobre 2009 un échéancier pour la réduction ou l’élimination des tarifs douaniers sur l’importation de produits aquatiques, à compter du 1er janvier 2010 sur une période allant jusqu'au 31 décembre 2012.

Les raisons invoquées sont que l’Europe a un besoin de plus en plus important en produits aquatiques et qu’il est nécessaire d’en favoriser l’accès. Selon le Conseil, au cours des 10 dernières années, l'auto-approvisionnement de l'UE pour les produits de la mer a sensiblement diminué, passant de 57 % à 36 %. « Il est dans l'intérêt de la Communauté de suspendre en partie ou en totalité les droits de douane pour ces produits… », a déclaré le Conseil (qui comprend les chefs d'État et le président de la Commission européenne), dans le cadre des orientations de politiques générales de l’UE.

L’Europe joue le jeu de l’industrie de transformation. Consciente de garantir une offre « valable » de produits de la mer à l'industrie de transformation dans l'UE, les contingents tarifaires « devrait être ouverts en fonction de la sensibilité du produit en question sur le marché communautaire », a ajouté le Conseil. Les produits de la mer identifiés par le Conseil et qui entrent dans le cadre des contingents tarifaires, comprennent les filets de merlu destinés à la transformation, le surimi congelé, le hareng en saumure,… Lorsque le nouveau règlement entrera en vigueur au début de l'année 2010, il prévoit l'abrogation de l'actuel règlement CE 824/2007.

Autres articles :

Le 23 octobre 2009 : Communiqué du MAAP

Bruno Le Maire répond aux inquiétudes des pêcheurs

Les professionnels de la pêche viennent d’exprimer, par l’intermédiaire du comité national des pêches maritimes, leur profonde préoccupation concernant la perturbation des marchés causée par l’importation de poissons pêchés illégalement.
Conscient des graves difficultés de commercialisation de certains produits de la mer, Bruno LE MAIRE, Ministre de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche, a adressé des instructions aux directeurs régionaux des Affaires maritimes afin de renforcer les opérations de surveillance, de contrôle des activités de pêche, de débarquement et de transport du merlu capturé dans la zone économique exclusive française.
Comme réponse immédiate à la faiblesse des cours, Bruno LE MAIRE a, en outre, demandé aux acteurs de la distribution d’organiser des promotions de certains produits issus de filières de qualité comme le merlu et le tourteau. Il se félicite que la Fédération des entreprises du Commerce et de la Distribution ait répondu positivement à cette demande et décidé de poursuivre ces promotions jusqu’au mois de novembre.
Parallèlement, le Ministère de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Pêche va mettre en place, dans des délais rapides, une campagne de communication pour favoriser la consommation des « poissons de nos côtes » et ainsi valoriser les produits issus de la pêche fraîche française.
Bruno LE MAIRE a tenu à faire part des inquiétudes des pêcheurs français à la Commission européenne et aux États membres, lors du Conseil Agriculture et Pêche de l’Union européenne des 19 et 20 octobre derniers à Luxembourg. Il a demandé à la Commission et à ses homologues, lors d’entretiens bilatéraux, que le respect des quotas nationaux soit strictement contrôlé partout en Europe et leur dépassement sévèrement sanctionné. Outre les conséquences pour les ressources halieutiques, le non-respect des quotas entraîne, en effet, des perturbations des marchés qui sont préjudiciables à tous ceux qui respectent les règles.

Le 28 octobre 2009

Concarneau - Pêche lointaine. «Que l'Europe impose des règles» (Le Télégramme)
Plus d'Europe pour imposer au niveau mondial une meilleure organisation du marché, sans concurrence déloyale»: c'est en substance ce qu'il ressort de la session nationale des assises de la pêche consacrée à la pêche lointaine, organisée lundi au Marinarium, en présence d'armateurs, syndicats, scientifiques ou ONG. Une journée riche en échanges, «et menée de main de maître par le député Gilbert Le Bris», a tenu à noter la CGT Marins. Le tour d'horizon effectué lundi a permis de dégager nombre de positions communes. C'est ainsi le cas sur l'exigence d'une vraie définition, sur un segment spécifique, d'une flotte européenne pêchant en dehors des zones communautaires. Autre demande: «L'Europe doit agir pour limiter la forte distorsion de concurrence entre la flotte européenne et celles d'autres pays, dont on ne connaît pas les volumes de production». La vigilance sera de mise si l'OMC confirme la baisse annoncée des taxes sur les importations, de 24 à 6-7%. Au niveau social, même attente de la part de l'Europe «qui, dans les instances internationales, doit élever le niveau général, limitant ainsi le dumping social». Autre thème évoqué: l'environnement. Les évolutions engagées depuis vingt ans sur les navires ont été soulignées.

Le 4 novembre 2010 - France : Industries agroalimentaires

Remarque personnelle : « Malgré le caractère vital des produits aquatiques dont la France est le 5e marché dans le monde, l’industrie halio-alimentaire reste en marge de l’industrie agroalimentaire hexagonal ! »

Avec 420 000 salariés, l’agroalimentaire est le deuxième employeur français après le secteur mécanique (automobile...). Sur 11 000 entreprises, près de neuf sur dix sont des petites et moyennes entreprises (PME) réparties sur tout le territoire. Leur dynamisme permet à la France d’être parmi les premiers pays exportateurs de l’Union européenne.

Premier secteur industriel français, les industries agroalimentaires ont réalisé 147 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2008. En valorisant 70 % de la production agricole nationale, le secteur agroalimentaire participe au maintien d’une activité économique fortement pourvoyeuse d’emplois (un peu plus de 400 000 salariés), au plus près des territoires, dans plus de 10 000 entreprises, dont plus de 90 % de petites et moyennes entreprises. Avec 3,7 milliards d’euros d’excédent commercial en 2009, le secteur contribue par ailleurs de façon très positive à notre balance commerciale. Il constitue avec notre agriculture, un actif stratégique en France comme en Europe. Source : Ministère de l’Agriculture

Document : Enjeux des industries agroalimentaires édition 2010

Industrie halio-alimentaire en France : 106 entreprises pour 3 milliards d’euros de chiffres d’affaires. Premier secteur alimentaire déficitaire en France avec près de 3 milliards d’euros de balance commerciale négative.

Rapport Rouault Octobre 2010 : Analyse comparée de la compétitivité des industries agroalimentaires françaises par rapport à leurs concurrentes européennes

A peine une demi page consacrée au secteur halio-alimentaire

3.2- Industries du poisson et des produits de la mer

L’industrie des produits de la mer est la plus dynamique des IAA en termes de croissance. La part de marché mondial à l’exportation de la France n’est que de 2 % en 2002-04, comme en 1996-98, ce qui la place loin du leader mondial qu’est la chine (9 %) ou la Thaïlande (7 %) mais aussi le Danemark et l’Espagne 4 %. Sa part de marché à l’importation est stable à 6 %. Les cinq indicateurs de compétitivité de la France sont au dessus de la moyenne européenne à l’exception de celui de l’évolution de la part de marché. La consommation par tête en France est un peu inférieure à celle de la moyenne de l’UE 15. Avec un indice de Balassa de 0,4, la France apparait peu spécialisée dans l’industrie des produits de la mer, cet indice est de 4,5 au Danemark et de 1,9 en Espagne. Mais la croissance de la valeur ajoutée réelle de l’industrie française est supérieure à celle de l’ensemble de ses IAA et l’une des plus élevées en Europe. Le taux d’autosuffisance de la France est voisin de 40 % inférieur à celui de l’UE 15 qui est de 55 %.

Selon Rabobank (2004), les principales entreprises en Europe étaient Pescanova (ES), Unilever (NL) qui détient Davigel et Bolton Group (BE/IT) qui détient Saupiquet.

Préparations de viandes, de poissons ou de crustacés, de mollusques ou d’autres invertébrés aquatiques – SH16

Ce marche de 23 à 24 Md€ en valeur en 2004 bénéficie d’une croissance de l’ordre de 6 % l’an entre 2004 et 2009. Les trois premiers acteurs en sont la Thaïlande, la Chine et l’Allemagne. En termes de contributions à la croissance des exportations, les trois premiers pays sont de nouveau la Thaïlande et l’Allemagne suivies du Brésil. La Chine perd des parts de marché.

Entre 2004 et 2009, le taux de croissance des exportations françaises en moyenne annuelle et en valeur n’est que de 3,2 % et la part de marché de la France tombe de 3,7 % à 3,1 %. La France reste très peu spécialisée sur ce marché en croissance avec un indice de Balassa qui se situe autour de 0,6/05 sur la période. Le taux de croissance en moyenne annuelle et en valeur des importations françaises est assez dynamique à 6,7 % si bien que notre déficit commercial, de 397 M€ en 2004 s’élève en 2009 à près de 700 M€.

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Le 16 juin 2011 : Réforme de la PCP

L'industrie halio-alimentaire sans reproche donne sa leçon de la pêche durable !!!

Dans un communiqué, l'industrie halio-alimentaire communautaire demande l'ouverture des barrières douanières sur le poisson... Le libre échange des produits de la mer...

« Pour satisfaire les besoins alimentaires de l’UE, il faut faire davantage que simplement protéger le secteur de la capture »

Poursuivre l’approvisionnement en poisson de l’industrie de la transformation est vital pour l’ensemble de l’économie et nécessite une politique intégrée de la chaîne d’approvisionnement, écrivent Guus Pastoor et José Ángel Mozos, de l’AIPCE-CEP (l’association européenne des importateurs et industriels du poisson). Ils réclament l’obligation de plans de gestion à long terme et l’élimination des barrières commerciales pour le poisson en provenance des pays tiers.

Les membres de l’AIPCE-CEP (L’Association des Industries du Poisson et la Fédération des organisations nationales des importateurs et exportateurs de poisson de l’EU) sont des acteurs majeurs du marché de l’UE pour les produits de la pêche. L’industrie du poisson représente 130.000 salariés, 4.000 entreprises et une valeur de production d’environ 20 milliards d’euros. Elle se trouve principalement dans les zones côtières où elle contribue au maintien de leur activité économique. L’activité des importateurs et exportateurs de poisson et celle des entreprises de service associées à l’industrie de la transformation, contribuent également d’une façon significative à la création d’emplois et de richesses. Par conséquent, le fait d’assurer un approvisionnement adéquat de ces secteurs est vital pour la durabilité économique et sociale de l’économie au sens large..... Suite sur cfp-reformwatch.eu

En fin de communiqué, Guus Pastoor et José Ángel Mozos de l’AIPCE-CEP s'en prennent ouvertement aux pêcheurs européens se plaçant du côté consommateur dans la défense d'une pêche durable !!!

Maximiser la Valeur du pêcheur au Consommateur

La capture de poissons pour qui il n’y a pas de débouché, constitue le pire gaspillage des ressources. La PCP doit bien davantage prendre en compte les préoccupations des consommateurs en leur proposant un approvisionnement d’origine durable pour un tarif et une qualité requis par les clients, avec les volumes et la stabilité dont le marché a besoin. Cela nécessite de meilleures connexions et politiques intégrées tout au long de la chaîne d’approvisionnement, et de mettre clairement l’accent sur l’efficacité et la valeur ajoutée, à tous les stades du processus.

Cela impose également de mettre l’accent sur la nécessité d’assurer les futurs besoins en nourriture de l’UE (en termes de sécurité, de qualité, de valeur nutritive, d’accessibilité et de sécurité d’approvisionnement) plutôt que de se contenter de vouloir protéger un secteur de la pêche incapable de répondre à la demande des consommateurs de l’UE. Ainsi, les mesures voulant protéger les marchés de l’UE de la concurrence des pays tiers sont obsolètes et ne devraient plus faire partie de la politique de l’UE.

Principes de la PCP

Ils devraient s’appliquer à toutes les pêches dans les eaux de l’UE et au-delà. Ceci inclut la Méditerranée et tous les navires de l’UE pêchant dans les océans du monde.

Conclusion

La pêche est une source de protéines précieuse et renouvelable (faible teneur en carbone), de plus en plus importante pour l’UE et la sécurité alimentaire de la planète. L’objectif de la PCP devrait être de maximiser ce potentiel et de reconstituer les stocks pour satisfaire la demande du futur au lieu de gérer uniquement le statu quo.

Ceci exigera une approche intégrée regroupant la gestion de la pêche, la politique régissant les écosystèmes marins et les questions relatives à la chaîne d’approvisionnement. D’efficaces et rationnelles opérations économiques doivent également constituer des facteurs politiques clés afin de maximiser la valeur de cette ressource naturelle unique.

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Le 27 août 2012

Comment développer les activités halieutiques si l'Europe est une passoire !



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Le 27 octobre 2012

Canada/UE : Le ministre canadien vante les accords de libre échange aux pêcheurs de Nouvelle-Ecosse

Le ministre MacKay souligne les avantages d’un accord commercial entre le Canada et l’Union européenne pour la Nouvelle-Écosse...

Selon le Ministre, les pêcheurs néo-écossais ont tout à y gagner... 

L’élimination des obstacles tarifaires permettrait d’accroître les ventes de produits de la mer de calibre mondial de la Nouvelle-Écosse sur le lucratif marché de l’Union européenne, lequel compte quelque 500 millions de consommateurs. Cela profiterait directement aux travailleurs néo-écossais grâce à la création d’emplois, à la hausse des salaires et à une prospérité accrue à long terme.

Le renforcement des échanges commerciaux avec l’Union européenne favorisera la création d’emplois bien rémunérés, la croissance et la prospérité à long terme pour les travailleurs de la Nouvelle-Écosse, affirme le ministre MacKay.

L’Union européenne est le plus grand marché du monde pour les produits de la mer. De 2009 à 2011, ses importations annuelles se sont chiffrées, en moyenne, à 25 milliards de dollars. Les droits que perçoit actuellement l’Union européenne sur les produits de la mer du Canada s’élèvent, en moyenne, à 11%, mais atteignent parfois 25%. Ces droits élevés seraient éliminés aux termes d’un accord commercial ambitieux entre le Canada et l’Union européenne.

« Plus de 60 p. 100 des revenus annuels du Canada (produit intérieur brut) et un emploi sur cinq au pays dépendent du commerce », a souligné le ministre du Commerce international et ministre de la porte d’entrée de l’Asie-Pacifique, l’honorable Ed Fast. « C’est pourquoi notre gouvernement met en œuvre actuellement le plan d’expansion du commerce le plus ambitieux de l’histoire du Canada, lequel comprend un accord global de nouvelle génération avec l’Union européenne. Un tel accord permettrait d’augmenter de 20% nos échanges bilatéraux et d’injecter 12 milliards de dollars par année dans l’économie canadienne. Cela se traduirait par une augmentation de 1 000 dollars du revenu de la famille canadienne moyenne ou la création de 80 000 emplois. »

L’Union européenne est le deuxième partenaire commercial du Canada en importance et la plus vaste économie intégrée du monde : elle compte plus de 500 millions de consommateurs et enregistre un PIB supérieur à 17 billions de dollars.

Emplois, croissance et prospérité à long terme pour les travailleurs de la Nouvelle-Écosse

Un accord commercial ambitieux avec l’Union européenne aurait des retombées positives considérables au Canada, car il mènerait à une hausse de 20 p. 100 des échanges bilatéraux et à une augmentation de 12 milliards de dollars du revenu annuel du Canada (produit intérieur brut).

Cela se traduirait par une hausse de 1 000 dollars du revenu de la famille canadienne moyenne ou par la création de 80 000 emplois, ce qui reviendrait à ajouter à l’économie canadienne cinq fois le nombre d’emplois qu’on trouve actuellement dans la ville de New Glasgow.

De nombreux secteurs clés de l’économie de la Nouvelle-Écosse bénéficieraient d’un accord commercial ambitieux entre le Canada et l’Union européenne :

Produits de la mer

Ce secteur emploie plus de 10 000 personnes en Nouvelle-Écosse.

L’Union européenne constitue le plus important marché du monde pour les produits de la mer. De 2009 à 2011, les importations de produits de la mer de l’Union européenne en provenance du monde entier ont atteint, en moyenne, 25 milliards de dollars par année.

L’Union européenne impose actuellement des droits de douane moyens de 11% sur les exportations canadiennes de produits de la mer, et certains atteignent même 25%. Ces obstacles tarifaires importants seraient éliminés dans le cadre d’un accord commercial ambitieux entre le Canada et l’Union européenne.

L’élimination des obstacles tarifaires permettrait d’accroître les ventes de produits de la mer de calibre mondial de la Nouvelle-Écosse sur le lucratif marché de l’Union européenne, lequel compte quelque 500 millions de consommateurs. Cela profiterait directement aux travailleurs néo-écossais grâce à la création d’emplois, à la hausse des salaires et à une prospérité accrue à long terme.

Source : Affaires étrangères et Commerce international Canada

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