Fermé comme une huître !

« A l’ère des réseaux sociaux, des blogs, des listes de diffusions, des commentaires sur les journaux en ligne, à l’ère de l’internet, il devient carrément impossible de vivre caché sur cette planète. »

Cependant, rien n’est impossible pour la conchyliculture !

A l’ère de l’internet, le Comité National de la Conchyliculture (CNC) applique la politique de la bouche cousue. Fermé comme une huître, c’est bien l’impression que donne le site Web de l’organisation professionnelle conchylicole française. Le dernier article dans l’Espace professionnel concerne une information sur les moules de bouchot de l’année 2006.

De l’eau a coulé sous les ponts !

Les deux principales productions halieutiques de l’hexagone, huîtres et moules, ne sont pas encore passées à l’ère de la communication internet contrairement à la pêche où le Comité National des Pêches (CNPMEM), les Comités Régionaux et Locaux communiquent maintenant largement sur le Web auprès des professionnels et du monde extérieur.

Dans le domaine halieutique français, la palme revient au Comité Local des Pêches du Guilvinec qui informe quotidiennement les pêcheurs. Ces derniers ne manquent pas de communiquer de temps en temps leurs humeurs en ligne : Comité Local des Pêches - Le Guilvinec.

Après deux années de crise avec la mortalité des jeunes huîtres, l’ostréiculture française est à bout de souffle. Les professionnels sont dans le plus grand désarroi. Ils auraient bien besoin d’un soutien communicatif pour se relancer et se renforcer face aux défis à venir.

Des discussions sont actuellement en cours au niveau international. Ces consultations vont tracer les voies futures de l’aquaculture internationale, et donc de la conchyliculture française. Le quatrième pays conchylicole dans le monde participe-t-il à ces négociations, notamment sur l’aquaculture bio, l’aquaculture durable,...? Par ailleurs, l'Institut Maritime d'Irlande accuse les huîtres d'origine française dans un rapport sur la mortalité des huîtres dans les baies irlandaises ! (Irlande : Les premières analyses accablent les huîtres françaises....).

L’aquaculture biologique…

L'IFOAM, l'organisation internationale de l'agriculture (et aquaculture) biologique vient de publier un document en français sur la nouvelle réglementation européenne « Bio ». Des commentaires très intéressants concernent l’aquaculture. L'IFOAM indique que les organisations professionnelles ont peu participé aux discussions. Naturellement, c'est le lobby des multinationales de la pisciculture norvégiennes avec leurs filiales en Ecosse pour le saumon, et en France pour la truite, qui imposent leur point de vue avec l'appui des grandes ONG environnementales. Lire : Le nouveau Règlement européen pour l’agriculture et l’alimentation biologiques

Par exemple : les productions aquacoles qui pourront prétendre à la certification « bio » seraient uniquement les élevages à partir d’alevins d'écloserie (et par extension de naissain d'huitre d'écloserie pour l’ostréiculture). Cette mesure exclut d’office du processus bio, les élevages d’huître à partir de captage naturel !

Ce choix de produits issus d’écloserie ne tombe pas du ciel. Il est lié au prélèvement excessif de post larves de crevette et d'alevins en mer dans certaines régions du monde, des prélèvements qui épuisent la ressource naturelle réservée à la pêche. Ce problème ne se pose pas dans le cas du naissain d’huitres ou de moules mais il faudrait que les organisations professionnelles conchylicoles prennent position sur ce sujet !!!

L’aquaculture durable….

Depuis plusieurs mois, se concoctent les normes internationales relatives à l’aquaculture durable pour les coquillages, après celles du saumon, truites, crevettes, tilapia, pangasius,… Des réunions ont lieu en Europe, en Asie et en Amérique. Récemment en Espagne pour la truite. Le WWF coordonne toutes ces actions au niveau mondial qui vont déboucher sur un label aquaculture durable « ASC », l’équivalent du label « MSC » pour la pêche durable. L’organisation britannique Marine Stewardship Council qui porte ce label MSC, vient d’ouvrir un bureau à Paris.

Chacun peut donner son avis concernant les normes « bivalve durable » depuis le 1 octobre jusqu'à la fin novembre 2009. C’est le Bivalve aquaculture dialogue sur le site international du WWF pour l'envoi des commentaires. Les organisations anglo-saxones représentent les conchyliculteurs dans le comité de pilotage aux côtés des organisations environnementales internationales et les instituts de recherche (1). Va-t-on laisser la destinée de la conchyliculture française entre les mains des organisations britanniques, canadiennes, étatsuniennes, néozélandaises,... ?

Au cours de l'été dernier, le problème des tests souris dans le bassin d'Arcachon a démontré que toute la population pouvait se mobiliser autour de ses huîtres et ostréiculteurs. En France, l'huître fait partie de la tradition culinaire de nombreuses régions. Mener l'huître et l'ostréiculture vers des sentiers mal balisés pourrait avoir des conséquences désastreuses pour l'ensemble de la profession et la survie des communautés côtières !
Philippe FAVRELIERE (modifié le 22 octobre 2009)

Pour plus d'informations :

Autres articles :

Autres informations :

France 2 Envoyé spécial : Fermé comme une huître

Un reportage de Véronique Blanc et Frédéric Capron - 17 décembre 2009

Des Normandes d’Utah Beach, des Bretonnes de Cancale, des Méditerranéennes de l’Etang de Thau… Cette année encore, 130 000 tonnes d’huîtres seront consommées dont la majorité durant les fêtes de fin d’année. En France, sept bassins du littoral en proposent. Envoyé spécial a donc longé les côtes françaises ; s’est arrêté en Charente à la découverte de la Marennes-Oléron, la numéro 1 des ventes ; puis s’est intéressé au mal qui ronge les huîtres depuis 2 ans et met en péril l’avenir même de l’ostréiculture. Enfin, après un détour par le bassin d’Arcachon où les éleveurs contestent les tests de la souris, notre équipe s’est penchée sur les huîtres du futur. Pour voir le reportage intégral, cliquer ICI

Critique Télérama
Fermé comme une huître (Marion Vaque-Marti, Tony Casabianca, Guillaume Viart). Certes, les abords de ce reportage sont aussi légers et pétillants qu'une bulle de champagne noélique, mais on y évoque aussi, avec un louable souci de clarté, des questions peu festives, comme les tricheries sur les délais d'affinage, la surmortalité des jeunes huîtres victimes d'un virus dévastateur, et l'ascension controversée des très rentables huîtres triploïdes, appelées « quatre saisons » parce qu'on les consomme toute l'année, à un prix écologique encore mal déterminé.

Critique Nouvel Obs
Tout le littoral atlantique ne parle que d'un mystérieux sérial killer. Ses victimes ? Les huîtres, aujourd'hui frappées par un mal inconnu qui inquiète toute la filière. A l'Ifremer (Institut français de Recherche pour l'Exploitation de la Mer), on penche pour un virus, sans savoir ce qui aurait rendu les huîtres plus vulnérables : le réchauffement global, une pollution venue de la terre ou de la mer...
A défaut de démasquer le coupable, «Envoyé spécial» amené l'enquête en profondeur pour découvrir les secrets de l'huître. Depuis les claires, ces anciens marais salants où sont affinées les huîtres de Marennes Oléron, en passant par le bassin d'Arcachon, jusqu'aux laboratoires-écloseries où naît aujourd'hui une bonne partie des huîtres que nous consommons. Peut-être le salut viendra-t-il de derrière ces murs : un programme de sélection génétique pour tenter de créer des lignées résistantes à la surmortalité vient d'y être lancé. C'est là aussi que sont élevées, depuis leur création en 1999 par l'Ifremer, les huîtres triploïdes. On les a dotées d'un petit nom plus doux à la commercialisation : «huîtres quatre saisons». Rendue stérile par une modification de sa composition chromosomique, cette variété peut se consommer toute l'année, contrairement aux originales qui deviennent laiteuses en période de reproduction. Fini les mois en «r», vive les plateaux en plein cagnard !
De vraies perles, ces huîtres... Certes, il ne s'agit pas d'OGM (il n'y a pas d'introduction de gènes nouveaux provenant d'une autre espèce), mais tout de même. «Pourquoi bousculer la nature ? C'est prendre le risque d'un retour de bâton», martèle cet ostréiculteur du Morbihan, bien déterminé à défendre une pratique traditionnelle, notamment via un réseau qui garantit la traçabilité de sa production. Nombreux sont ceux qui réclament un étiquetage, soulignant que le consommateur a le droit de savoir si les huîtres sont nées en mer ou si elles proviennent d'une écloserie. D'autant que c'est bientôt tout le plateau de fruits de mer qui va muter : selon «le Monde», un brevet vient d'être déposé par l'Ifremer pour développer les recherches sur les moules triploïdes. Marjolaine Jarry

Commentaires