Au Sierra Leone, des touristes plutôt que des pêcheurs !

La Sierra Leone, pays africain béni des dieux pour la richesse de sa façade maritime, n’aime vraiment pas ses pêcheurs. Au pillage des ressources halieutiques par les flottilles étrangères maintes fois dénoncé par les communautés littorales, s'ajoute maintenant une décision du gouvernement sierra-léonais d'interdire les plages aux pêcheurs !

Lisez l’article paru dans Afrique Avenir :

La pêche interdite sur les plages de Freetown pour attirer les touristes

Le ministère du Tourisme et de la Culture de la Sierra Leone a annoncé avoir interdit toute activité de pêche le long des plages de la ville afin de les rendre plus attrayantes pour les touristes.

Dans une note publiée vendredi, le ministère déclare avoir observé avec grande préoccupation la prolifération des activités de pêche le long des plages, ce qui n'encourage pas les touristes à les fréquenter. La déclaration invite les pêcheurs à arrêter toutes activités le long des côtes sous peine d'être arrêtés.

La pêche artisanale est une pratique commune le long des côtes sierra léonaises, mais avec les mesures désespérées du gouvernement à cours d’argent visant à relancer le secteur touristique, des initiatives sont prises pour embellir les plages et les rendre plus attrayantes.

Quelques mois auparavant….

Lettre de soutien pour l’action de SLAFU (Sierra Leone Artisanal Fishermen Union) contre les pratiques de pêche illicites, à envoyer au Ministre de la Pêche : Hon. Haja Hafsatu Kabba

Votre Excellence,

Nous avons été très choqués de recevoir la nouvelle de nos collègues de SLAFU (Sierra Leone Artisanal Fishermen Union) concernant l’agression contre des pêcheurs de SLAFU par des gens qui sont impliqués dans des pratiques de pêche illicites, perpétrée suite aux efforts de SLAFU de stopper de telles pratiques.

Nous avons été informés que voici plusieurs mois, l’aide de SLAFU a été demandée par les autorités pour arrêter les pratiques de pêche dangereuses, en particulier l’utilisation de filets à petites mailles. SLAFU a donc fait en sorte que tous les bateaux utilisant cette technique restent à quai et ont demandé qu’ils n’aient pas la permission de sortir en mer avant d’avoir changé les filets. Mais, à leur grande surprise, ces bateaux ont reçu la permission de continuer à piller les eaux du Sierra Leone. En conséquence, certains des membres de SLAFU ont été attaqués, volés, leurs maisons ont été mises à sac et certains ont été battus et sont, jusqu’à aujourd’hui, encore dans un état critique.

Nous dénonçons cette agression violente et nous espérons sincèrement que votre gouvernement fournira toute la protection et l’appui nécessaires pour assurer que ces gens, qui prenaient seulement une initiative pour assurer que la pêche est faite de façon durable dans les eaux sierra léonaises, peuvent continuer à vivre de la pêche.

Nous soutenons complètement les initiatives de SLAFU pour arrêter ces bateaux, locaux et étrangers, qui utilisent des filets à petites mailles et capturent de grandes quantités de juvéniles, mettant en péril non seulement les ressources mais l’avenir des communautés de pêche qui dépendent de ces ressources. De telles pratiques doivent être interdites. C’est une chose que les organisations de pêche artisanale ouest africaines ont dénoncé lors de leur dernière rencontre à Conakry, en disant que ‘la pêche illégale est un crime contre les communautés de pêche artisanale’.

De notre côté, nous pouvons vous assurer de notre volonté de coopérer dans la lutte contre les pratiques illégales dans les eaux sierra léonaises, et nous ferons de notre mieux pour faire connaître la situation et les besoins d’appui des communautés côtières du Sierra Leone contre la pêche illégale.

Le poisson « sale » de la pêche illégale

En juin 2009, la fondation britannique, Environnement Justice Foundation (EJF), a publié un rapport "Dirty Fish" qui montre que la réglementation de l'Union européenne ne permet pas de supprimer la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN) et qu'elle ne protége pas la santé publique.

Après 14 mois d’enquête, images à l’appui, sur la pêche pirate au large des côtes de la Sierra Leone, la fondation montre l’impact de la pêche illégale dans ce pays africain et les risques sanitaires pour les européens, des consommateurs qui par ailleurs mangent ces poissons « illégaux» sans le savoir. Si certains bateaux pirates pêchent en respectant les normes d’hygiène, d’autres en plus d’être pirates sont des « empoisonneurs », profitant de la demande importante de poisson sur le marché international pour écouler sans problème leur production au mépris de toutes règles sanitaires.

« La pêche « pirate » est motivée par une croissance non durable de la demande mondiale de produits de la mer, maintenant elle menace l'avenir de la pêche dans le monde » dit Steve Trent, directeur général d’EJF. « Les acteurs européens de la pêche « pirate » fournissent aux consommateurs des poissons qui ont été volés à des populations parmi les plus pauvres de la planète, des populations qui sont les moins en mesure de protéger leurs ressources», ajoute-t-il. « De plus, ils menacent notre santé, avec du poisson « sale » qui pourrait causer de graves maladies. L'UE a une grande responsabilité dans ce trafic, elle doit mettre en place un système de la réglementation pour éviter l’entrée du poisson « pirate » sur le marché. » (Source : Seafoodsource)

  • Le 2 novembre 2010

Sierra Leone: les étrangers interdits de pêche (Le Figaro)

La Sierra Leone a décidé d'interdire tous les navires de pêche étrangers dans ses eaux territoriales afin combattre la pêche illégale, a annoncé aujourd'hui à la presse le ministre de la Pêche Joseph Koroma. "Cette mesure met un terme à l'utilisation du pavillon de complaisance pour des bateaux appartenant à des étrangers car les statistiques montrent qu'ils utilisent du matériel de pêche prohibé et opérent dans les zones réservées à la pêche artisanale", a expliqué le ministre. Il a ajouté que la pêche illégale provoque "beaucoup de dégâts" à l'économie de ce pays d'Afrique occidentale. "Nous perdons 30 millions de dollars (21 millions d'euros) par an en raison de ces pêches illégales, non recensées et non régulées", a-t-il dit. "Toutes les nuits, de ma véranda, je vois tout l'horizon éclairé mais à six heures du matin, tout est sombre, les bateaux ont disparu", a-t-il ajouté. "Nous avons des réglementations et des systèmes radars, mais le problème est la difficulté d'arrêter les contrevenants. Notre patrouille navale a des moyens limités, l'unique bateau, donné par les Chinois, tombe en morceaux", a déploré le ministre. Le gouvernement souhaite que ces bateaux soient enregistrés en Sierra Leone, pour mieux contrôler leurs activités. Selon l'office des statistiques du gouvernement, quelque 90 navires de pêche coréens, chinois et grecs naviguent sous pavillon de la Sierra Leone et paient 513 dollars par an à l'Etat. L'industrie de la pêche représente 10% du PNB du pays.

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