Lifecycle vient au secours de la salmoniculture !

Alors qu’un désastre écologique nommé "ISA" se profile au Chili et qu’une bactérie pathogène jusqu'alors inconnue, Francisella philomiragia noatunensis, cause des mortalités dans les élevages de cabillaud en Norvège, la recherche commence à s’organiser au niveau européen.

L'Université d'Aberdeen en Ecosse, a annoncé la semaine dernière, le lancement d’une étude qui devrait permettre de protéger les poissons d'élevage contre les maladies virales et bactériennes. L’étude appelée Lifecycle est centrée sur le saumon Atlantique. « L’aquaculture se développe et des connaissances biologiques sont nécessaires pour améliorer la qualité et la viabilité de l’activité», a déclaré Sam Martin, professeur de physiologie des poissons à l'Institut de biologie et des sciences de l'environnement. Les travaux de recherche vont porter plus particulièrement sur l'éclosion des larves, moment où les poissons sont très vulnérables à la maladie dans le but de connaitre le système immunitaire des poissons. L'université a reçu 344 000 euros pour mener à bien ses recherches avec 14 partenaires de 9 pays (dont l’INRA et l’Université de Rennes)

Décharges flottantes de saumons au Chili

La salmoniculture a connu un développement exponentiel depuis le début des années 80 et tout particulièrement au Chili le deuxième producteur mondial après la Norvège. Malgré quelques à-coups, rien ne semblait pouvoir stopper sa progression. Mais, la contamination massive des élevages chiliens par le virus ISA et la chute de production de 40 à 50% prévue cette année révèlent des dysfonctionnements très graves dans cette activité - près de 200 000 tonnes de saumon en moins sur le marché international en 2009. D'autre part, l'abandon des saumons morts dans les fjords chiliens est un véritable scandale qui montre que des sociétés salmonicoles sont plus intéressées par des profits à court terme que par la mise en place d'une activité aquacole durable. En plus de l'impact environnemental, il faut ajouter les 7500 ouvriers mis sur le carreau à la fin de l'année 2008 dans la région de Puerto Montt, la capitale chilienne du saumon.

Philippe FAVRELIERE

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Autres programmes de recherche

Fine fish : Malformation des jeunes poissons d'élevage

Saumon d’élevage : Des malformations causées par des eaux trop chaudes

Les scientifiques ont constaté que les températures supérieures à 16 °C (permettant par ailleurs d’accroitre la croissance des poissons) peuvent causer des malformations osseuses chez les jeunes saumons (appelés aussi tacons). Les résultats de l'étude ont été récemment publiés dans BMC (BioMed Central) Physiology.

C’est dans le cadre d’un programme européen, appelé FINE FISH, qu’une équipe scientifique s’est intéressée aux malformations osseuses qui affectent fréquemment les poissons d'élevage intensif et elles représentent un problème sanitaire important et un défi en matière de productivité pour l'aquaculture industrielle. Ce programme est doté de 3,02 millions d’euros de l’Europe au titre des petites et moyennes entreprises (PME). Ces malformations affectent les poissons d'élevage intensif relativement souvent et elles représentent un problème sanitaire important et un défi en matière de productivité pour l'aquaculture industrielle.

Ce programme vise à améliorer les « performances du secteur européen des écloseries de poissons ». Certaines recommandations sont d’ores et déjà accessibles aux intéressés, notamment pour les cas des espèces individuelles (la perche, la brème, le cabillaud, la truite, le saumon). Selon la FEPA (Fédération européenne des producteurs aquacoles), 650 000 tonnes de poissons sont élevées dans l'UE chaque année, contre 60 000 tonnes en 1970. La production totale européenne s'élève à plus de 1,6 million de tonnes dont plus de 860.000 tonnes de saumon et truite en Norvège. Source : L’eau chaude : source de malformations chez les poissons d’élevage (Univers Nature)

Revue de presse

Le 2 septembre 2010

Aquaculture : Des puces à ADN pour surveiller l'état de santé de poissons d'élevage (BE Japon)

Une équipe rassemblant des chercheurs de l'Agence de Recherche pour la Pêche, du Centre de Recherche pour l'Agriculture, les Forêts et la Pêche de la préfecture d'Oita et de l'université japonaise des Sciences de la Vie et des Sciences Vétérinaires a mis au point une méthode de diagnostic fondée sur les biotechnologies et destinée à être utilisée sur les poissons d'élevage….

Les chercheurs ont mis au point une méthode de diagnostic utilisant une puce à anticorps et une puce à protéine. D'ordinaire utilisé en recherche médicale, c'est la première fois que ce type d'outil est appliqué à l'aquaculture. La puce à anticorps correspond à l'arrangement de nombreux anticorps sur une petite plaque en verre, chaque anticorps étant capable de reconnaitre et de se lier avec une protéine spécifiquement présente dans le sang lors d'une infection. Lorsqu'un anticorps s'est lié avec une protéine présente dans l'échantillon de sang, un réactif émet une fluorescence rouge ou verte. Cela permet de visualiser la présence et l'étendue de l'infection.

Quant à la puce à protéines, il s'agit d'une feuille de papier tournesol sur laquelle sont disposées des protéines caractéristiques de plusieurs maladies susceptibles d'affecter le Cardeau (par exemple, l'Edwardsiellose). Si le poisson est ou a été atteint par une maladie, il possède dans son sang des anticorps caractéristiques de celle-ci, qui se lieront aux protéines correspondantes situées sur la puce. Grâce à un réactif, il est possible d'identifier la pathologie dont le poisson est atteint.

Ce test présente trois avantages. Tout d'abord, il ne nécessite qu'un léger prélèvement sanguin et est donc peu invasif. De plus, il est assez rapide. Enfin, il permet de rechercher en une fois la présence de multiples pathogènes.

En permettant une détection précoce des maladies, cette méthode pourrait permettre de limiter les pertes, mais également de contrôler l'utilisation d'antibiotiques par les aquaculteurs, un point important pour les consommateurs japonais qui sont particulièrement sensibles aux questions de sécurité alimentaire. Pour la suite, les chercheurs se proposent de simplifier leur méthode et d'en mettre au point une version utilisable directement sur le lieu d'élevage.

Source : Annonce de l'Agence de Recherche pour la Pêche (en japonais) - 14/07/2010 - http://www.fra.affrc.go.jp/pressrelease/pr22/220714/ - Asahi Shimbun - 16/08/2010

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