Aimer les paysans (de la mer) !

En ce jour de février 2009, un texte de Yann Fiévet paru sur le site de ActionConsommation sous le titre de "Aimer les Paysans !". Il suffit de remplacer dans le texte "paysans" par "paysans de la mer" ou "conchyliculteurs" ou "pêcheurs".

L’une des leçons économiques majeures de la dernière décennie sera – quand on en aura pleinement pris conscience au Nord comme au Sud – la faillite générale des stratégies agricoles (ndlr halieutiques) mises en œuvre à partir des années 1960 (ndlr 1980). On redécouvrira partout demain le rôle prépondérant des paysans (de la mer) dans l’évolution équilibrée des sociétés humaines et des milieux naturels qui les portent. Pour le moment les tenants des modèles agro-technocratiques parviennent encore à dissimuler l’ampleur de la déconfiture du « monstre » qu’ils ont engendré et apparaissent toujours comme « progressistes » aux yeux des croyants du salut de l’humanité par la transformation des sols en paillasse de laboratoire. Cependant, le vrai progrès est déjà à l’ouvrage, dans les marges des systèmes dominants maintenus artificiellement en vie grâce aux perfusions financières, chimiques ou scientistes.

Toute révolution mentale commence par détruire les mythes de l’ordre ancien. On avait décrété trop vite « la fin des paysans (de la mer) ». Certes, la figure du paysan défini par Henri Mendras en 1967 dans son célèbre ouvrage n’existe presque plus quarante ans plus tard dans nos contrées. Il faut tout le talent cinématographique et ethnographique d’un Raymond Depardon pour faire vivre brillamment les survivants d’un monde submergé par les fastes dérisoires de la modernité. Pourtant, si le paysan (de la mer) maître de son labeur et de son temps, cultivant péniblement sa terre a disparu chez nous il est illusoire de voir dans sa disparition le signe premier et décisif de l’avènement de son successeur naturel : l’agriculteur exploitant rationnellement la terre. Il n’est rien de plus faux que cette dichotomie entre le paysan (de la mer) qui incarne la tradition qu’il faut nécessairement dépasser et la modernité qu’incarnerait l’entrepreneur des campagnes rationalisées. Finalement, il n’a pas fallu si longtemps pour réaliser que cultiver une terre (la mer) c’est l’entretenir, la faire durer tandis qu’exploiter la terre (la mer) c’est l’appauvrir puis la détruire à terme bref.

Entre la figure disparue à jamais et l’épouvantail qui bientôt sera nu, il y a toute la place pour des hommes et des femmes respectant de nouveau la terre (mer) nourricière. Qu’ils se nomment encore paysans ou qu’ils préfèrent se dénommer agriculteurs paysans, ils (ré)inventent les formes d’une agriculture durable pour une transmission convenable aux générations futures. Ils veulent vivre du fruit de leur travail et non de subventions quémandées et sans cesse renégociées par des représentants à la légitimité douteuse. Ils veulent ne pas trop – voire pas du tout – dépendre du complexe agro-bio-business pour leurs semences, la nourriture de leurs animaux d’élevage, leurs débouchés sur le marché qu’ils souhaitent plus équilibré. Ils développent des circuits courts par la vente directe aux consommateurs qu’ils apprécient de rencontrer quand la Grande Distrib’ méprise ce lien social essentiel. Bref, ils aiment la terre et ses fruits, la vie, les autres… Chaque jour désormais, le consommateur se tourne davantage vers eux et voudrait se détourner au contraire des faiseurs de mal bouffe. Le moment est donc venu de « pousser » l’offre de l’agriculture paysanne par un basculement des subventions de l’agriculture (la pêche) productiviste prédatrice des écosystèmes vers le financement de la conversion des terres (des mers) et l’installation de nouveaux paysans (de la mer) aux « méthodes douces ». Il faut mettre un frein – et pourquoi pas un coup d’arrêt – au mouvement de concentration des terres (quotas) par une redéfinition du rôle des structures de régulation de la propriété agricole, à commencer par celui des SAFER. Il faut enfin encourager la création et le développement de réseaux producteurs-consommateurs où l’échange marchand nécessaire est largement complété par d’autres formes d’échanges indispensables à une économie sociale et solidaire. C’est par ce changement d’échelle de la production de l’agriculture paysanne que l’on rendra accessible au plus grand nombre – et à des prix raisonnables – une alimentation de qualité garante d’une meilleure santé.

La leçon ultime de ce processus – trop sommairement décrit ici – auquel nos sociétés n’ont pas le droit d’échapper sous peine de graves périls tiendra en ceci : nous allons de nouveau aimer sincèrement les paysans (de la mer).
Yann Fiévet

Commentaires

RYMO a dit…
LA Peche était autrefois le poumons économique du senegal.
car elle dépassait trés largement tous les secteurs en terme de PIBet de rentrée de devise dans le pays .Esuite cette belle page n'a pas été bien geré par les autorités.car il n'y avait pas un controle et un systeme de suivi aussi bie des navires que du stock dans la mesure ou les populations croyaient que les richesses halieutiques etaient inépuisables .c'est vers les années 1980 que des experts canadiens sont venus dans le cadre de la coopration bilaterale nous aider à mettre sur pied un organe avectrois tryptiques : le PSPS PROJRT PROTECTION ET SURVEILLANCE DES PECHES DU SENEGAL .COMPOS2 DE / UN VOLET ADMINISTRATIF ?UN VOLET SCIENTIFIQUE ET UN VOLET OPERATIONNEL ?AVEC COMME RESPONSABLE la direction des peches ,le centre de recherche ,la marine nationale .le volet administratif avait recruté de observateurs dexpeches formés à bonne ecole pour la collecte des données statistiques ,pour le contole du respect de la reglementation ,des engins ; des especes interdites ,des especes immatures et toutes ces informations étaient remises au centre de rechercheocéanographiquequi assurait le volet scientifique .la marine en collaboration avec les agents des peches et les observateurs faisait des sorties pour traquer les pecheurs délinquants .au bout du compte tous les faits deluctueux étaient sanctionnés pecuniairement et administrativement.Mais au fure et à mesure qu'on avançait avec le temps les choses alaient de mal en pire .se sont tous les navires qui étaient controlés .à la fin certains senegalais de connivance avec les européens et les asiatiques sot arrivés à mettre sous pavillonsenegalis en se faisant créer un arreté pour n'embarquer des oservateurs que sur les bateaux etrangers . le résultat est là . depuis plus de dix ans il n'existe pratiquement pas de bateaux battant pavillon etranger dans nos eaux. la mer est laissée à la merci des bateaux sénégalais qui n'embarquent pas d'observateurs ,qui ne sont pas arraisonnés ou qui refusent de payer les amandes pour multiples raisons . soit il y a un politicien derriere et les agents n'arraisonnent pas ,soit c'est des pretextes de la crise ou de la chereté du gasoil;soit c'est un avertissement ;soit c'est une main levée, soit c'est un moratoire. et bisarement toutes ces expressions ne figurent pas dans la loi .par conséquant nous devons etre sérieux et honnete . laisson en paix la flotte etrangere surtout Européenne et parlons nous entre senegalais .c'est nous meme qui sont à la base de la situation de la peche au senegal du moins la plus grande resposabilité nous revient . il faut une concertation avec tous les acteurs de la peche .