Ostréiculture - Comment sauver le bassin d'Arcachon ?

Après quatre années calamiteuses, les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon sont à genoux. Et l'abandon partiel du test de la souris ne suffira pas à sauver la filière.

La Commission européenne a accepté, fin septembre, de mettre un terme à l'hégémonie du test dit de la souris au profit d'un protocole chimique. Le test consistait à injecter des extraits d'huître à trois souris. Si deux des trois rongeurs mouraient dans les vingt-quatre heures, il était considéré comme positif, révélant la présence d'une toxine. Désormais, le test ne prévaudra que dans les cinq heures suivant l'injection. Au-delà, en cas de mort des souris, un protocole chimique sera appliqué pour savoir s'il y a risque à la consommation.

Toxine non identifiée

« C'est un soulagement, commente Olivier Laban, président de la section régionale conchylicole du bassin d'Arcachon. Il faut que tout soit prêt pour mars 2009, période à laquelle reprendront les tests. » Le nouveau protocole doit être mis en place sur le bassin d'Arcachon à titre expérimental. En retour, Bruxelles exige le gel des exportations. « Une contrepartie acceptable », estime Olivier Laban. Réclamée depuis longtemps par les professionnels, cette décision arrive tard. Depuis 2005, la production du bassin vit en effet au rythme d'interdictions de commercialisation qui frappent au plus fort de la saison touristique. Sans que l'on sache pourquoi. La mortalité des souris révèle une toxicité que les scientifiques ne parviennent pas à identifier. Pas d'intoxication chez les consommateurs, mais, cet été encore, la vente d'huîtres a été interdite du 24 juillet au 14 août et celle des moules, du 28 avril au 5 septembre ! Cette quatrième année calamiteuse a mis la filière à genoux. A l'instar de Jean-Michel Labrousse, les pêcheurs de moules du bassin (une quinzaine d'autorisations) ont perdu environ 30 % de leur chiffre d'affaires et ne doivent leur survie qu'à la diversification de leurs activités. « En 2004, je vendais 140 tonnes par an cette année, rien. » Chez les ostréiculteurs, la situation s'avère plus dramatique encore. Ainsi, à 54 ans, Marc Druart, qui travaillait avec la grande distribution depuis trente ans, a dû liquider son entreprise. Membre du Conseil national de la conchyliculture, président de la section régionale arcachonnaise pendant douze ans, il a vu sa production annuelle passer de 350 à 120 tonnes. « Les interdictions ont torpillé nos recettes et terni notre image. » Si Marc Druart a tourné la page, il ne peut s'empêcher de penser aux plus jeunes. « L'ostréiculture du bassin est au bord du gouffre. Et le fonds de calamités agricoles (dont l'indemnisation est plafonnée à 20 % du chiffre d'affaires) ne suffira pas. Il faut un plan Marshall pour sauver la profession ! » L'abandon du test de la souris n'est qu'un préalable. Trois autres impératifs conditionnent la survie de l'ostréiculture arcachonnaise. D'abord, il faut lever le doute : les souris meurent de quelque chose et les ostréiculteurs ont intérêt à savoir de quoi. C'est dans ce but que la section régionale conchylicole a déposé, le 20 août, une plainte pour pollution auprès du procureur de Bordeaux.

Soutien financier

Second impératif, réensemencer le bassin avec du naissain (larves de différents mollusques) de qualité. En 2007, les ostréiculteurs ont été confrontés à une très faible quantité de naissain. Le phénomène a frappé tous les sites ostréicoles français mais se révèle très sensible sur le bassin d'Arcachon, premier producteur de naissain de France. En outre, en 2008, ce sont les jeunes huîtres de 12 et 18 mois qui sont mortes en grand nombre. Les huîtres, commercialisées après trente-six mois d'élevage, risquent donc de manquer sur les étals en 2009 et 2010. Et la trésorerie de faire défaut. D'où le dernier impératif, qui n'est autre que le soutien financier de la profession. « Réduire le test de la souris était indispensable. Maintenant, il va falloir se battre pour survivre », résume Olivier Laban

L'ostréiculture archonnaise en chiffres
Le bassin d'Arcachon compte 350 entreprises ostréicoles réparties dans 10 ports. L'activité génère un millier d'emplois directs. Entre 8000 et 10000 tonnes d'huîtres sont commercialisées par an. La surface exploitée dépasse 800 hectares de parcs en mer. 50 % du naissain utilisé par l'ostréiculture française provient du bassin d'Arcachon. Environ 1000 tonnes de moules sont pêchées par une quinzaine d'entreprises

Source : Le Point (02/10/2008)

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