Aquaculture : Ah ! la belle bleue z’humide...

Copie d'écran du portail Agrocampus Ouest : Les milieux potentiellement humides de France

Zones humides entre bétonnage, sanctuarisation et valorisation...

Pendant toute la semaine, de nombreuses manifestations ont fêté les zones humides en France, un rite annuel le 2 février, jour de la signature de la Convention de Ramsar en 1971. Cette convention souligne l'engagement international pour la préservation et l'utilisation rationnelle des zones humides.

« Des zones humides pour notre avenir »

Placée sous le thème : « Des zones humides pour notre avenir », l’année z’humide 2015 n’a pas dérogé aux habitudes...

Tout le monde s’accorde à reconnaitre la richesse biologique de cet écosystème aquatique...

C’est le moment de sortir un nouveau (le 3e) Plan national d'action en faveur des milieux humides pour la période 2014-2018. Z’humide de cultures maraichères ! (1) De rappeler en cette année décisive sur le climat, conférence de Paris en décembre 2015 que les milieux humides, sont des amortisseurs du changement climatique... (2) Et qu’avec la sixième extinction massive déjà en cours, les zones humides sont devenues de fabuleux puits de carbone pour compenser tous les dégagements carbonés qui empoisonnent toute vie sur notre planète...

Beaucoup de plans tirés sur la comète alors que dans les faits, les zones humides vivent toujours sous la menace de l’urbanisation, du bétonnage des côtes, de l’agriculture motorisée... Repousser l’eau et tous ses excès... Peur de submersion, d’insalubrité, d’humidité, de sols gorgés d’eau,...

Poisson et autre produit aquatique : balance commerciale déficitaire de plus de 3 milliards d'euros !


Tous ces rituels oublient les fonctions premières des écosystèmes aquatiques : leur rôle socio-économique et leur contribution alimentaire. Le plus souvent créés et modelés par la main de l’homme, les étangs, les lagunes, les marais côtiers, les claires,... sont le support d’activités économiques ancestrales... des productions en manque de considération voire en voie de disparition comme la pisciculture, l’ostréiculture, la saliculture,... Depuis des générations, des pisciculteurs, des ostréiculteurs et des paludiers entretiennent et valorisent ces milieux humides souvent hostiles, d’où émerge la richesse biologique reconnue par tout le monde... Dans une Europe bleue déficitaire en poisson, la pisciculture en étang d'eau douce est la grande oubliée de la réforme de la politique commune de la pêche (PCP).

La disparition de ces activités, c’est la disparition à plus ou moins long terme de toute la faune et de toute la flore aquatique... Et le passage à des programmes coûteux de réhabilitation : L'étang du Méjean, réhabilité, attend le retour des oiseaux (3)



A quelques encablures, dans le bassin de Thau (4) : « 5 000 hectares qui ne sont pas sanctuarisés (il ne s'agit pas d'une immense réserve naturelle) mais dans lesquels le Syndicat mixte du bassin de Thau (SMBT), chargé désormais de “l'animation” des deux sites, doit bichonner la biodiversité. Et encourager pour cela de bonnes pratiques environnementales de la part des particuliers, des collectivités, des professionnels de l'étang, de la mer, des agriculteurs. Avec, en face, des “financements incitatifs”. »

L’avenir des zones humides réside dans l’appui aux activités professionnelles...

Non pas de cultures maraîchères, proposition du 3e Plan national d'action en faveur des milieux humides pour la période 2014-2018...(1) A la rigueur d'aquaponie.... Mais d'aquaculture et tout particulièrement de pisciculture...

Exemple des étangs d'eau douce

D’essence artificielle, l’écosystème « étang » a été créé pour la production piscicole. Des générations de pisciculteurs se sont succédées pour entretenir ces étangs, en Brenne, en Sologne, en Dombes et ailleurs. Actuellement, les pisciculteurs sont les premières victimes de la richesse biologique de ces zones humides : Pisciculture en étang d'eau douce : la carpe ou le cormoran ?

Après disparition des pisciculteurs, qui entretiendra ces zones humides afin que la biodiversité ne disparaisse ensuite ?

L'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) a publié une brochure de 62 pages présentant ses connaissances sur la biodiversité des étangs piscicoles, cumulées sur les 20 dernières années. Ces travaux s'inscrivent dans le cadre de ses missions de connaissance, de gestion de la faune sauvage et de ses habitats. En effet, pour l'ONCFS, les étangs ont un rôle stratégique en termes d'accueil de l'avifaune et de réservoirs de la biodiversité.

Le rapport "Connaissance des facteurs influençant la biodiversité des étangs piscicoles : quelques principes de gestion issus des travaux de l’ONCFS" présente les résultats des études menées par l’ONCFS et ses partenaires.

Les étangs par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS)

En 2011, dans le cadre de son contrat d’objectifs, l’ONCFS a décidé de mettre en œuvre un pôle thématique interne sur les étangs. Son objectif est d’établir, par la recherche et l’expérimentation, des références techniques sur la gestion des étangs (génie écologique, gestion piscicole, etc.) qui ont ensuite vocation à être transférées auprès des gestionnaires et intégrés dans les politiques publiques.

La validation et la promotion des modes de gestion favorables à la biodiversité sont actuellement au cœur des projets du "Pôle étangs continentaux" dans plusieurs régions d’étangs piscicoles.


Connaissance des facteurs influençant la biodiversité des étangs piscicoles

Les complexes d’étangs piscicoles constituent des réservoirs majeurs de biodiversité en Europe. D’essence artificielle, l’écosystème « étang » a été créé pour la production piscicole.

De nombreux travaux ont été menés depuis une vingtaine d’années par l’ONCFS et ses partenaires, visant à définir, en concertation avec les gestionnaires, des modèles permettant de maintenir l’équilibre entre les activités humaines (pisciculture, chasse, agriculture) et la préservation de cet écosystème.

La gestion d’un écosystème aussi complexe que celui de l’étang piscicole suscite de nombreuses questions pour l’usager ou le propriétaire conscient de l’importance de prendre en compte les exigences de la biodiversité dans ses pratiques. Par exemple :
  • Quelle surface minimale doit avoir une roselière pour optimiser l’accueil des oiseaux d’eau ?
  • Jusqu’à quel seuil le chargement piscicole est-il compatible avec la biodiversité ?
  • Quelle serait la fréquence optimale d’assec pour le bon fonctionnement écologique de l’étang ?

Plusieurs documents pédagogiques existants rassemblent les connaissances acquises à l’usage des gestionnaires des étangs. Toutefois, ces divers documents n’intègrent pas les résultats des recherches conduites par l’ONCFS et ses partenaires dans plusieurs régions d’étangs et laisse en suspens un certain nombre de questions que peuvent se poser les gestionnaires confrontés à l’évolution actuelle des pratiques.

Il était donc nécessaire de réaliser une compilation des résultats d’études de l’ONCFS, avec un triple objectif :
  • rassembler et synthétiser les connaissances scientifiques et l’expérience acquises par l’ONCFS sur son cœur de métier « faune sauvage-habitat »,
  • proposer les grandes lignes d’orientations de gestion qui en résultent,
  • contribuer a l’identification des pistes de recherche et d’expérimentation prioritaires pour les prochaines années.

L'ONCFS présente les grands habitats des étangs : végétation aquatique, sédiment, vasières et habitats périphériques (prairie et champs). Le gros du document repose sur l'évaluation des conditions nécessaires à la présence et à la préservation des habitats de la faune et la flore de ces zones humides. Il s'agit notamment de la gestion de la végétation aquatique, de la pratique de l'assec, d'une herbivorie limitée, de la qualité physico-chimique du sédiment et de la transparence de l'eau favorable aux herbiers aquatiques, de la qualité de l'eau du bassin versant ou encore de l'agriculture riveraine.

L'ONCFS identifie également trois acteurs de la gestion des étangs : le pisciculteur, le chasseur et l'agriculteur. L'étang est pour le premier un outil de production, pour le second un support pour la chasse et un lieu de reproduction du gibier, et pour le dernier un lieu de production dans le cas de la culture du fond de l'étang en assec ou un débouché du fumier. L'office promulgue pour chacun des conseils spécifiques. (5)

Cliquer Ici ou pour télécharger "Connaissance des facteurs influençant la biodiversité des étangs piscicoles : quelques principes de gestion issus des travaux de l’ONCFS"

Philippe Favrelière

(3) France 3 Languedoc-Roussillon : L'étang du Méjean, réhabilité, attend le retour des oiseaux
(4) Midi Libre : Pays de Thau : Natura 2000 dans le paysage
(5) Actu-Environnement : Etang piscicole : l'ONCFS diffuse ses recommandations en matière de biodiversité

Autres articles :

Pour aller plus loin...

Le 14 Février 2015

La Région Centre recherche son animateur piscicole

La Fédération Aquacole de la Région Centre - FAReC - a notamment pour objet de pérenniser en région Centre l’aquaculture durable traditionnelle, source de biodiversité, et favoriser le développement d’une aquaculture nouvelle et responsable.

Source : Actualités aquacoles

Bio Centre fédère l’ensemble des opérateurs engagés dans le développement de la filière agriculture biologique régionale.

Ces deux associations, dans le cadre du contrat de pays Brenne ont pour objectif de soutenir et développer la pisciculture d’eau douce traditionnelle et biologique en Brenne. Elles ont pour but de regrouper et de soutenir les différents acteurs dans leur métier et leurs compétences en vue de ce développement.

L’enjeu de la mission de l’animateur (trice) est l’accompagnement du développement de la filière piscicole locale autour de ses 5 pôles prioritaires : l’écloserie, les pisciculteurs producteurs, les pisciculteurs négociants, la transformation, la communication sur la filière piscicole.

L'activité s'exerce dans le cadre d'un plan d'actions annuel défini par le bureau de la FAReC qui intègre les demandes du Syndicat des exploitants piscicoles de Brenne (SEPB) et de Bio Centre. Ces demandes sont déclinées en projets pilotés par des référents.

Les activités de l’animateur sont :
  • Contribution à la réalisation du plan d'actions défini annuellement par le Bureau de la FAReC ;
  • Prise en compte les besoins des exploitants piscicoles et des autres acteurs de la Filière. Force de propositions pour les solutions à mettre en œuvre ;
  • Mise en avant des objectifs et résultats du plan d'actions auprès des acteurs de la Filière piscicole, des acteurs privés ou publics, des partenaires du contrat de pays, des acteurs de la profession en France notamment en région Centre ;
  • Contribution à l’amélioration de l’image de la Filière piscicole de la Brenne : qualité de ses activités depuis l’écloserie jusqu’aux pêches, qualité de ses produits transformés, respect de la biodiversité, etc.
De formation supérieure minimum type bac + 2, dans le domaine de l'aquaculture avec une spécialisation en pisciculture d'étang ou pouvant justifier d'une expérience équivalente, vous avez une forte motivation pour développer les projets de la filière piscicole tant traditionnelle que biologique ancrée dans un territoire rural. Vous avez une compétence indispensable en animation.

Dépendant du Bureau de la FAReC, vous mettrez en œuvre le projet de filière traditionnelle et biologique grâce à vos compétences et à vos qualités : une autonomie  dans l'organisation et l'exécution de votre activité doublée d’une capacité à rendre compte, vous avez le sens de l'innovation et vous êtes pragmatique, curieux et observateur, vous maitrisez la gestion de projet et la conduite du changement en vue d’obtenir un résultat dans un esprit challenger.

Vous devez avoir une réelle capacité à prendre des responsabilités sur des projets transversaux ou stratégiques nécessitant une gestion forte des priorités, une capacité d’écoute et de conviction, d’analyse et de synthèse, d’engagement et d’adaptabilité, de conduite du changement.

Dynamique et volontaire, vous devrez être capable d'appréhender les problématiques des acteurs de cette filière, de faire émerger leurs projets et les concrétiser avec eux.

De bonnes connaissances en agriculture biologique seraient un plus.

Salaire : à négocier selon profil

Adresser votre CV et lettre de motivation avant le 20 février 2015 à francoiseaubrun@hotmail.com

Entretiens à Mézières en Brenne 36290, poste à pourvoir à partir du 2 mars 2015.

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Les pisciculteurs régionaux veulent développer la filière

Créer une véritable filière piscicole est l’objectif de la Fédération aquacole de la région Centre...

Françoise Farec, présidente de la Farec : « La pisciculture est la sauvegarde de la biodiversité l'héritière d'un passé séculaire et a une vraie volonté de réussir. » Françoise Farec, présidente de la Farec : « La pisciculture est la sauvegarde de la biodiversité l'héritière d'un passé séculaire et a une vraie volonté de réussir. »

Source : La Nouvelle République

Parce qu'il n'existe pas encore de réelle filière régionale piscicole et aquacole, les acteurs de la profession ont décidé de s'organiser. Héritière de structures anciennes, la Fédération aquacole de la région Centre (Farec), présidée par Françoise Aubrun, a tenu son assemblée générale, hier, au Blanc, à deux pas des locaux de l'entreprise Fish Brenne, en présence d'une douzaine de membres. L'association représente des exploitants producteurs, des négociants et des transformateurs. Ses principaux objectifs : pérenniser et développer la production, adapter les volumes à la demande, gérer les ressources en eau, structurer la filière et créer un marché régional du poisson d'eau douce.

 Aquaculture responsable

La Farec souhaite « pérenniser l'aquaculture durable traditionnelle, source de biodiversité, et favoriser le développement d'une aquaculture nouvelle et responsable ». Pour atteindre ce dernier objectif, elle travaillera avec BioCentre, pour accompagner les professionnels intéressés par une conversion au bio.
Afin de concrétiser ces axes de travail, la Farec s'appuiera sur un ingénieur en agronomie, Thomas Marcié, nouvel animateur chargé de mission de la fédération, recruté dans le cadre d'un contrat de Pays. Son rôle : « Accompagner les professionnels dans leur conversion, organiser la production et assurer des débouchés à un prix rémunérateur ainsi que faire connaître les produits auprès des consommateurs ». Il concevra également des rendez-vous techniques, des formations et des animations, et tiendra informés les différents acteurs de l'évolution de la réglementation et du cahier des charges en agriculture bio. Dans un premier temps, Thomas Marcié dressera un état des lieux de la filière et rencontrera ses différents protagonistes afin d'évaluer les besoins de chacun. Par ailleurs, la Farec souhaite lancer une grande étude hydraulique, notamment en Brenne et Sologne. C'est l'une de ses priorités. Que reçoivent les étangs, que rejettent-ils et quelle est la qualité des rejets ? Autant de questions auxquelles l'étude devra répondre. « L'étang est souvent considéré comme prélevant de l'eau dans les rivières ; il faut démontrer que ce n'est pas le cas. Il capte et retient les eaux de pluie, par exemple, et a un rôle d'épuration ; et il augmente la biodiversité. » Le cahier des charges devrait être établi d'ici la fin de l'année.

repères

De 1990 à 2005, les pisciculteurs de la région étaient réunis sous la bannière de l'Association pour le développement de l'aquaculture en région Centre. En 2009, cette association renaissait sous les traits du Groupe d'intérêt piscicole Brenne Sologne ; une structure aujourd'hui élargie à tous les départements de la région Centre, avec la Fédération aquacole de la région Centre (Farec). Créée en 2011, la structure ne prend son véritable envol qu'aujourd'hui, avec l'entrée en fonction d'un animateur chargé de mission, le lancement d'un contrat de Pays de la filière piscicole et aquacole de la Brenne et l'initiation d'une grande étude hydraulique.

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Le 19 Février 2015

Un plan pour sauver la Seudre



Le syndicat mixte d’accompagnement du Sage Seudre se fait l’écho de l’État pour diminuer de 70 % l’irrigation autour du fleuve d’ici 2021

Source : Sud Ouest par Stéphane Durand 

Pour sauver l'ostréiculture au débouché de la Seudre, à La Tremblade et Marennes, lutter contre les inondations et améliorer la qualité de l'eau, les acteurs du fleuve entendent réduire de 70 % l'irrigation agricole en amont et passer d'environ 10,2 millions de mètres cubes d'eau prélevés lors d'une campagne d'irrigation à 6 millions dès 2017, puis 2,9 millions d'ici 2021. Ceci pour répondre à une demande de l'État. En contrepartie, des réserves de substitution d'une capacité de 3 millions de mètres cubes d'eau pourraient être créées après une étude d'impact.

Ruisseau insignifiant après sa source, au sud-ouest de Saint-Genis-de-Saintonge, la Seudre se termine par un important estuaire en passant entre les villes de La Tremblade et de Marennes, via le port de Ribérou à Saujon. Le constat d'un déséquilibre du fonctionnement de son hydrosystème composé de l'eau et des milieux aquatiques a amené les pouvoirs publics à créer il y a quelques années un Schéma d'aménagement de la gestion des eaux (Sage) dont le portage administratif et financier est assuré par un syndicat mixte, regroupant les intercommunalités du bassin-versant.

La commission locale de l'eau née dans le cadre de ce Sage et présidée par le maire de Saujon, Pascal Ferchaud, vient d'élaborer un document de planification d'actions concrètes visant à instaurer un équilibre durable entre la protection des ressources et la satisfaction des usages. Exemple : les huîtres, pour se développer, ont besoin d'un mélange d'eau douce et d'eau salée.

« Aujourd'hui, avec les prélèvements en amont pour l'eau potable (2,8 millions de mètres cubes d'eau sur un an) et l'irrigation des cultures (10,2 millions de mètres cubes d'eau pour une campagne), la Seudre se comporte plus comme un bras d'eau de mer avec un manque d'eau douce », constate Jean-Philippe David, animateur du Sage. Ce qui n'est pas bon pour la conchyliculture.

Retrouver des zones humides

La stratégie pour remédier à ce problème est de plusieurs ordres. « Il faut rassembler les maîtres d'ouvrage présents sur le bassin afin de parler d'une seule et même voix, avance Pascal Ferchaud. Quant à la commission locale de l'eau, elle a déjà permis de mettre autour d'une même table les agriculteurs, les ostréiculteurs, les collectivités… « Tout le monde a conscience du problème », insiste l'élu.

Jean-Philippe David rappelle que depuis 1830, l'homme cherche à assainir les fonds de vallée pour y développer des cultures. « Du coup, les zones humides ne jouent plus leur rôle d'éponge et de retardateur de crues. » L'objectif du Sage est donc aussi de redonner à ces zones leur utilité première. Tout l'écosystème est concerné par le plan d'action.

« Le modèle de la monoculture ne sera plus viable. Il faut que les agriculteurs songent à un autre modèle économique avec, pourquoi pas, une diversification vers le maraîchage », indique l'animateur du Sage.

La montagne à gravir est immense : faire passer sur le bassin de la Seudre les surfaces irriguées de 7 800 ha à un peu plus de 1 500 ha. L'enjeu se trouve aussi dans la qualité de l'eau.

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Février 2015

Loir-et-Cher - Romorantin-Lanthenay - Pisciculture

" Tous les ans, on perd une propriété ou deux "

Les ravages des cormorans, conjugués à la baisse du nombre de pêcheurs à la ligne, ont considérablement freiné l’activité de la pisciculture Doyon.

Source : La Nouvelle République  par Laurence Texier

Au bout du terrain de la pisciculture Doyon, les gardons patientent dans la Sauldre. La fin de saison des pêches en étang a beau se profiler à grands pas, pour le professionnel romorantinais, le compte n'y est pas. Ce n'est pas la première année que les prélèvements de poissons s'avèrent en dessous des prévisions, mais la tendance, qui se répète saison après saison, pèse de plus en plus sur les épaules du père et du fils Doyon.

Les pluies du printemps facteur aggravant

La faute au cormoran, ce migrateur désormais sédentarisé en Sologne et particulièrement friand des poissons d'étangs, mais pas seulement, explique Jean-François Doyon : « Il y a eu beaucoup de pluie au printemps et le ruissellement, ce n'est pas bon pour la reproduction des gardons ». Résultat : « on en est à espérer pouvoir honorer les commandes ». Si la clientèle, des fédérations de pêche, étangs de CE et quelques autres communaux pour l'essentiel, sont bien au rendez-vous, la production, elle, se fait encore attendre à quelques semaines à peine de la fin de la saison du gardon. Un poisson qui représente 70 % de l'activité de la maison.
« Ça ne fait pas de bruit, mais tous les ans, on perd une propriété ou deux, parce que les gens abandonnent leurs étangs faute de récupérer leur argent ». Pour Jean-François Doyon, les séquelles infligées par le « prédateur » à plumes depuis son arrivée dans les années 90, sont bien sûr économiques – il avance une perte de 50 % de son tonnage de poissons en une quinzaine d'années – mais aussi environnementale. Installé à son compte depuis 1985, le professionnel estime, en effet, que plus de 15 ha d'étangs dont il assurait l'exploitation seraient aujourd'hui à l'abandon. Avec des conséquences directes sur la préservation du milieu, poursuit Thomas Doyon : « L'eau qui stagne, pour la biodiversité, ce n'est pas bon ». « C'est déjà tellement aléatoire la nature, mais là, le cormoran ajoute un facteur contre lequel on ne peut pas lutter », poursuit le fils qui a malgré tout décidé de prendre la relève de son père, probablement l'année prochaine.

La relève malgré tout

Il reprendra alors la location d'étangs familiale, une centaine d'ha d'eau environ, mais surtout l'activité de rempoissonnement des propriétés de Sologne. Avec l'espoir d'y récupérer, un ou deux ans plus tard, le fruit de son travail. Un pari loin d'être gagné. « Il arrive qu'on ne retrouve même pas l'empoisonnement initial », les deux pisciculteurs romorantinais, citant l'exemple du rendement de l'étang de la Bâtarde qui était de 6 ou 7 tonnes il y a une quinzaine d'années et qui n'excède plus guère la tonne et demie de poissons cette année.

" Solenska " vise la qualité supérieure

La pisciculture Hennequart réalise aujourd'hui 80 % de son chiffre d'affaires grâce aux esturgeons qu'elle a introduits dans ses bassins...

Source : La Nouvelle République

Sur le bord de ses étangs de Saint-Viâtre, Vincent Hennequart regarde passer les cormorans avec beaucoup moins d'inquiétude qu'avant. Dans les années 1990, le pisciculteur a, en effet, décidé de faire en sorte que le fléau à plumes ne s'en prenne plus à ses poissons. Non pas frontalement, mais en se reconvertissant peu à peu dans l'esturgeon. Une première en Sologne et presque un nouveau métier, retrace le pisciculteur qui est passé « d'exploitant d'étang à producteur et éleveur d'esturgeons ».

Il a fallu, bien sûr, réaménager l'outil de travail, entre étangs et bassins extérieurs et intérieurs. Attendre aussi, patiemment. « Il faut au moins 8 ans pour que les premiers poissons soient matures, pour un retour sur investissement », rappelle Stéphane Hennequart du long processus, qui a permis de génération en génération d'esturgeons d'atteindre les 50.000-70.000 spécimens. Dont les œufs se retrouvent aujourd'hui sur les meilleures tables des palaces parisiens – la France représente 80 % du marché – mais aussi d'Hong Kong, Dubaï, d'Allemagne ou Londres…

Et le caviar« Solenska », pour Sologne Hennequart, n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. La production devrait atteindre les deux tonnes cette saison et plus de 3 tonnes à l'horizon 2018, si les prédictions du pisciculteur de Saint-Viâtre se réalisent.

L'esturgeon osciètre bientôt dans l'assiette

Vincent Hennequart a, en tout cas, de bons arguments gustatifs pour y arriver. Et cela grâce à l'introduction, voilà six ans, de l'esturgeon osciètre, en plus du traditionnel baeri qu'il élève dans ses bassins depuis le début. Reconnue pour la saveur particulièrement délicate de ses œufs, la seconde espèce devrait normalement commencer à porter ses fruits à l'automne prochain. Une échéance alléchante et un gage de « produire un caviar de qualité encore supérieure », savoure déjà l'heureux pisciculteur de Saint-Viâtre.
L.T.

« La première cause de destruction des zones humides, c’est l’intensification agricole »

A l’occasion de la journée mondiale des zones humides, François Letourneux, co-président de l’UICN-France, l’Union internationale pour la conservation de la nature, et président de la Fête de la nature, détaille les enjeux de ces concentrés de biodiversité.

Source : Le Monde.fr | Propos recueillis par Martine Valo

Selon une estimation du Programme des Nations Unies pour l’environnement, 64 % des zones humides auraient disparu de la surface de la planète depuis 1900. Comment définissez-vous ces zones ?

Le terme désigne tous les lieux de contact entre la terre et l’eau, les endroits où alternent sols secs et détrempés selon les moments. Ce sont les étangs littoraux, les bords de rivières, de lacs, les marais… Tous ces réservoirs de biodiversité où se produisent les échanges entre le monde aquatique et le monde terrestre font la richesse de la nature.

Toute cette biomasse particulièrement dense capture beaucoup de carbone. Surtout, ces espaces offrent les plus magnifiques spectacles. Ainsi ce n’est pas dans l’eau mais dans les plaines inondées que les brochets pondent ; sans îlots au milieu des étangs, les oiseaux d’eau ne peuvent pas se poser…

Pourquoi sont-elles devenues un lieu emblématique, un enjeu de protection à tout prix, comme à Sivens ou à Notre-Dame-des-Landes ?

Suite : Le Monde.fr

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(4796 au 09/02/2018)

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