L’Economie circulaire, simple comme un poisson dans un conteneur...

« Pour se lancer dans l’économie circulaire, » nous explique Christian Echternacht, « il faut récupérer un ou deux conteneurs ! » çà tombe bien ! Avec les fortes tempêtes, les porte-containers les "sèment" actuellement au large des côtes françaises ! (2)

Christian Echternacht est co-fondateur d’ECF pour « efficient city farming » ou ferme urbaine de haute efficacité (1). Avec Nicolas Leschke, il envisage de développer des fermes urbaines, des fermes « aquaponiques » qui combinent aquaculture et hydroponie (c'est-à-dire associer l’élevage de poisson à la culture de fruits et légumes hors sols).

Illustration ci-dessus : Le prototype de la ferme urbaine est visible dans la Malzfabrik à Berlin, non loin de l’Euref Campus, un site industriel et universitaire d’environ 55 000 m2 entièrement dédié à la «Nachhaltigkeit» (développement durable en allemand). Les poissons, des perches, se trouvent au rez-de-chaussée dans le conteneur, et les plantes, principalement des tomates, au-dessus. « Nous pouvons élever des poissons d’eau douce et faire pousser une grande variété de légumes. La seule contrainte pour le moment, c’est que nous ne pouvons pas faire pousser de légumes à racine, comme les carottes », précise Christian Echternacht.

Economie circulaire (mode d'emploi) : les excréments des poissons sont transformés via un filtre biologique en engrais, qui est lui utilisé par la suite pour la culture des plantes. L’eau utilisée pour l’aquaculture sert dans un deuxième temps à l’arrosage des plantes, qui elles, absorbent le CO2 dégagé par l’élevage de poissons. Par ailleurs, le conteneur dispose de filtres absorbant la vapeur d’eau dégagée par les plantes pour être ensuite réutilisée pour les poissons. En d’autres termes, le concept présenté par ECF Farming brise la linéarité des pratiques industrielles et agricoles conventionnelles et entend montrer que les principes de l’économie circulaire peuvent s’appliquer tout aussi bien à l’industrie qu’à l’agriculture.

« Notre vision ? Produire des biens de haute qualité accessibles au plus grand nombre, en réduisant au maximum les trajets, la consommation d’eau et d’électricité, et ça, en milieu urbain, car c’est dans les villes que la population mondiale va grandir le plus vite », explique Christian Echternacht. « Tout le monde en profite », sourit l’entrepreneur berlinois qui ajoute que  « c’est notre vision que d’intégrer les éléments clés de l’économie circulaire dans notre projet industriel. Réutilisation des conteneurs, réduction des surfaces agricoles, transformation de déchets organiques en matières premières de haute qualité, réduction de la consommation d’eau, sobriété énergétique et carbone, tout est là pour aboutir à une plus-value environnementale et sociale mais aussi au succès économique ».

L’accent est mis sur le circuit court. « Il n’y a plus d’intermédiaire entre le producteur et le consommateur : les prix sont les mêmes que dans le commerce conventionnel, mais la marge des bénéfices du producteur est plus grande et le consommateur profite de produits biologiques et frais pour lesquels il devrait normalement payer bien plus cher ». Par ailleurs, cette façon de produire en pleine ville limite non seulement les circuits de distribution et donc les transports, mais également les importations de poissons tout en apportant une solution à la surpêche.

Economie circulaire (en mode industriel) : Les deux entrepreneurs berlinois entendent construire la première ferme aquaponic industrielle du monde. A cette fin, ils attendent actuellement l’accord des derniers investisseurs pour boucler le budget de construction estimé à 1,6 million d’euros, ce qui, d’après Christian Echternacht, ne saurait tarder. « D’ici neuf mois, nous allons pouvoir commencer ».

Et là, changement d'échelle, plus besoin de 1 ou 2 containers de récupération mais de dizaines de conteneurs remplis de matériaux comme le laisse imaginer cette photo Ici

Philippe Favrelière (à partir de l'article de Claire Stam dans Novethic : Des fermes urbaines qui fonctionnent en boucle)

(1) Site du projet : Efficient City Farming (ECF) 
(2) Mer et Marine : L'Abeille Liberté à la pêche au conteneur au large du Cotentin

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Le 26 février 2014

Les conteneurs perdus en mer suscitent la colère des pêcheurs et des écologistes

Le Svendborg, pris dans la tempête Ulla, aurait perdu près de 520 conteneurs en mer le 14 février dernier. Autant de dangers potentiels pour les bateaux naviguant entre la Hague et le Golfe de Gascogne.





Reportage de Stéphanie Potay et Sylvain Rouil
Intervenants:
- Nicolas Constant, patron du Victor Constant
- Frédéric Lejuez, patron du Père Arthur
- Jean-Pierre Geismar, association Robin des Bois

Source : France 3 Basse Normandie    Publié le 26/02/2014

Des cartouches de cigarettes, des capsules de café, ces derniers temps les pêcheurs font de d'étranges découvertes dans le rail des Casquets. Quand ils ne font pas de mauvaises rencontres. "La semaine dernière, on a pêché un conteneur", raconte Frédérice Lejuez. Une "pêche au gros" qui ne fait pas vraiment rire le patron cherbourgeois. "Toute ma toile est partie, on en a pour 6000 euros de dégât". La colère commence à monter chez ceux qui travaillent quotidiennement en mer. Le 21 février dernier, l'Abeille Liberté était mobilisée pour remorquer une des ces boites métalliques repérées à 45 milles nautiques ouest nord-ouest du cap de la Hague. Une douzaine d'autres ont été retrouvées dans l'Atlantique.

Le 14 février dernier, le porte-conteneur Svendborg était pris dans la tempête Ulla au large de la Bretagne. Dans un premier temps, l'armateur, la compagnie Maersk déclarait la perte de 70 boites métalliques. Mais au fil des jours, le bilan s'est considérablement alourdi: ce seraient près de 520 conteneurs qui auraient été perdus entre la Hague et le Golfe de Gascogne, autant de dangers potentiels pour les bateaux s'aventurant dans ces eaux. L'association écologiste Robin des bois a porté plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, pollution et abandon de déchets. Pêcheurs et défenseurs de l'environnement dénoncent les conditions d'amarrage des ces conteneurs. Certains navires de commerce peuvent en transporter jusqu'à 18 000.

Lire aussi l'article du Cdpm 29 : Conteneurs perdus : Dangers pour les pêcheurs...

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