John Fredriksen, "Patron" de Marine Harvest, tourne une page du saumon fumé en Bretagne...


Si les bretons lui offraient une usine de saumon clés en main, il n’en voudrait même pas !

Marine Harvest, numéro 1 mondial du saumon, est contrôlé par le magnat John Fredriksen, 87e fortune mondiale selon Forbes. Armateur de supertankers, ce norvégien a pris la nationalité chypriote pour des raisons fiscales.

Le métier principal du groupe Marine Harvest, c'est l'aquaculture et plus précisément la salmoniculture. Leader mondial de l'élevage de saumon avec une production de 400 000 tonnes en 2012 (en comparaison, les débarquements dans les criées françaises sont de 200 000 tonnes). Le quart des saumons d'élevage sortent des fermes aquacoles de Marine Harvest : saumon bio d'Irlande, saumon label rouge d'Ecosse et de Norvège, saumon du Chili, des Féroé et du Canada,....

Pour en savoir plus sur Marine Harvest : Bretagne. Dégraissage dans le saumon fumé 

John Fredriksen, patron de Marine Harvest, tourne une page du saumon fumé en Bretagne

Le groupe norvégien Marine Harvest a annoncé ce mardi 4 juin 2013 la fermeture des usines de Poullaouen (Finistère) et de Châteaugiron (Ille-et-Vilaine) au premier semestre 2014. Deux sites de production de saumon fumé et plus de 400 employés sur le carreau.

Poullaouen, près de Carhaix est le site historique de la production industrielle de saumon fumé en France...

1967 : Installation de Pierre Chevance à Poullaouen

Tout est parti en 1967 de deux piscicultures rachetées sur les bords de l’Aulne par Pierre Chevance de retour en Bretagne après avoir vendu ses restaurants parisiens. Celui qui était alors restaurateur, commence le fumage de truites dans un atelier à Poullaouën.

1968 : Fondation de Saumon PC

Un an après, Pierre Chevance crée sa société Saumon PC. Il va vulgariser la consommation du saumon fumé en France et faire de la Bretagne la première région française de cette spécialité agroalimentaire... D'après Le Télégramme (1)

Poullaouen a été la première usine de saumon fumé en France

C'est Pierre Chevance, né à Carhaix en 1912, qui a créé la première usine de saumon fumé en France et c'était en Bretagne. L'histoire a débuté en 1967 quand Pierre Chevance vendit toutes ses affaires à Paris et revint au pays. Il reprit deux piscicultures sur les bords de l'Aulne, à Conval et à Pont ar Gorret, les mit aux normes et commença le fumage de truites dans un atelier créé à Poullaouen. Ce fut le début d'une belle ascension industrielle. Fondateur de «Saumon PC» en 1970, il allait vulgariser la consommation du saumon fumé en France et faire de la Bretagne la première région française de cette spécialité agro-alimentaire. Selon l'agence Bretagne Presse (2), "Saumon PC" devint pendant une brève période le n°1 du saumon fumé en Europe et fut ainsi l'un des fleurons industriels du Centre-Bretagne puisque l'entreprise employa jusqu'à un millier d'employés en pleine saison, avant les fêtes.

La société dépose son bilan en 1996. L'usine de Poullaouen, spécialisée dans la transformation du saumon d'origine sauvage, pêché en Alaska, salé au sel sec, fumé au bois de hêtre a ensuite connu des années plus douloureuses, dans les années 90. En 1996, la société dépose le bilan. Elle est rachetée en 1998 par le groupe norvégien Pan Fish, puis par Marine Harvest Kristen, en 2007.

D'autres usines de saumon ont été créées par la suite. Un autre homme a marqué l'histoire du saumon fumé en Bretagne, c'est François Caillarec. Cet entrepreneur mit au point une cabine à fumer baptisée Smok-A-Matic puis créa en 1972, « Armoric » pour la production de saumon fumé, peu de temps donc après que Pierre Chevance se soit lancé dans le secteur. Installée à Rosporden, la société Armoric devait être revendue en 1979 au groupe Miko, puis transférée, quatre ans plus tard, dans de nouveaux locaux à Quimper. En 1994, la société Armoric était rachetée par trois actionnaires, puis, en 1999, elle reprenait la société Profumer, basée à Lorient et spécialisée dans diverses espèces de poissons fumés et du carpaccio. En 2001, la société Armoric rachetait la société Narvik installée à Landivisiau, qui avait été créée en 1988 par René Gad. En 2005, Gilles Charpentier est devenu l'actionnaire majoritaire de l'ensemble qui a pris le nom de MerAlliance, regroupant les activités des anciennes sociétés Armoric, Narvik et Profumer. Le groupe MerAlliance est actuellement le numéro 2 français du saumon fumé après le landais Labeyrie (du groupe coopératif basque Lur Berri)

La Bretagne est ainsi devenue un des grands centres de production de saumon fumé en Europe, alors qu'elle n'a aucune tradition culinaire dans ce domaine et que la matière première de cette activité industrielle vient de très loin.

Plus de 45 ans après sa création, le site de Poullaouen va disparaître, laissant sur le carreau 187 CDI et une centaine d'intérimaires... A partir de l'article de Sylvaine Falliou dans France 3 Bretagne

(2) La Bretagne, un des grands centres de production de saumon fumé en Europe publié par l'Agence Bretagne Presse le 13/04/09 par Bernard Le Nail

Autres articles :

Pour aller plus loin...

Le 25 mai 2014

Poullaouen : triste épilogue pour Marine Harvest

Il y a un an, les employés apprenaient la fermeture de l'usine Marine Harvest de Poullaouen. Vendredi, la production a cessé. Le dernier jour. Vers 17 h, ils se sont retrouvés pour dire au revoir et afficher leur colère.

Source : Ouest France par Rosemary Bertholom

Il y a quatre décennies, ils étaient 1 000 ouvriers en pleine saison. Pour entrer « dans la maison », il fallait faire la queue sur plusieurs centaines de mètres dès 6 h du matin. « De ce temps-là, on était bien payés. Il n'y avait pas encore les machines, les supermarchés... » se souvient un salarié. C'était du temps de Pierre Chevance, le fondateur. Hier, l'usine de transformation de saumon de Poullaouen, propriété du groupe Marine Harvest, a fermé. La production a cessé. 130 personnes se retrouvent sans emploi.

Denis était là en 1974. Amer, il lance : « Si j'avais su que j'ouvrirais l'usine et la fermerais... » Vendredi, encore une cinquantaine de personnes étaient à Poullaouen. Beaucoup ont soldé leurs congés et d'autres, plus tôt dans la semaine, mardi, avaient déjà connu la fin avec l'arrêt de la P1, l'atelier de filetage du saumon. Vendredi, c'est l'atelier de conditionnement du poisson qui a fermé. Toutes les machines ont été arrêtées à 12 h.

« Il y a tant de gâchis »

« Cela remue les tripes. Je pense aux gens. Qui, dans les environs de Carhaix, n'a pas travaillé à l'usine de Poullaouen ? Je pense aussi à Pierre Chevance, c'est le créateur du saumon fumé en Europe. J'espère que de là où il est, il ne verra pas cela, assure Denis Castel, élu du personnel, 27 ans de service, quatre plans sociaux vécus. Il travaillait hier. Demain, ce sont les familles qui seront touchées. C'est important d'être auprès des gens pour trouver une solution et surtout ne pas les lâcher. » Le quinquagénaire va continuer à Marine Harvest jusqu'à la fin décembre 2015 à Poullaouen, au service des expéditions.

« On a beaucoup pleuré. Cela nous pesait depuis un an, cette semaine a été terrible », témoigne Évelyne Le Guern, 13 ans d'usine de saumon au compteur. Elle a longtemps milité pour une intervention de l'État dans ce dossier.

À côté d'elle, une autre ouvrière ajoute : « Aujourd'hui, on s'est retrouvés livrés à nous-mêmes. J'ai eu ce sentiment : hop, allez-y. » Évelyne Le Guern poursuit : « On a été virés comme des chiens. C'est trop dur de partir comme cela. » Pour cela et d'autres revendications, elle a organisé hier soir un dernier rassemblement devant le site. Là où durant neuf jours, en novembre 2013, les employés avaient fait le blocus. Ils étaient une centaine à venir brûler leur tee-shirt et le cercueil qui les a accompagnés durant leur lutte.

Marie-Hélène Stone est venue en tant qu'ex-intérimaire et Bonnet rouge. « Tous les ans, je venais bosser de mai à décembre. Je suis inquiète pour les enfants du coin. Ils venaient travailler ici pendant les saisons. Maintenant, il n'y a plus rien en Centre-Bretagne. » Jean-Claude, 54 ans, a aussi du mal à tourner la page, même s'il a retrouvé un travail. « J'ai la haine. Il y a tant de gâchis. Regardez tous ces jeunes avec des gamins. Ils sont piégés. L'immobiliser a baissé de 25 % à Carhaix. »

Michel Crespin, élu du personnel, délégué CGT, a retrouvé les salariés dans l'après-midi pour un dernier discours. Il a travaillé 36 ans dans cette usine. Au coeur du conflit depuis un an, il revient dessus. « On a été dignes, il ne faut pas se laisser aller. On a fait ce qu'on a pu. Je suis soulagé. » Plus virulent que d'habitude, il évoque son « ressentiment fort contre les actionnaires. J'espère qu'ils souffriront autant que nous ».

Mickaël, 27 ans, a anticipé « l'après ». Il va intégrer une cellule du Centre de formation technique par alternance (CFTA) pour devenir conducteur de train. Quarante ont postulé, il y avait quatre places. Il rebondit.

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Marine Harvest : « Heureux de tourner la page »

Jérôme Joffroy fait partie des 130 employés de Marine Harvest à se retrouver sans emploi vendredi. Élu du personnel, il revient sur le dossier. Entre sentiment de gâchis et l'espoir nécessaire pour l'avenir.

Source : Ouest France par

Quand on a appris, le 4 juin, que ça allait fermer, on a bien compris qu'on ne pourrait rien y changer : Marine Harvest ne reviendrait en aucun cas sur sa décision. Avec le recul, j'ai envie de dire heureusement qu'on a abordé le dossier de la sorte, car je pense qu'autrement, les gens n'auraient rien eu au bout du compte. Je crois aussi que ce qui nous a un petit peu sauvés c'est que tous les élus du comité d'entreprise (CE) n'avaient pas d'ambition politique.

Cela m'a chagriné que des personnes de l'extérieur nous aient beaucoup critiqués. Ça a été les moments les plus difficiles à vivre. On nous a presque reproché d'avoir trop d'indemnités de départ. Cela m'a embêté. Surtout quand, à ce moment-là, on voyait la situation des Gad. Eux n'avaient malheureusement pas d'indemnités importantes. Là, il n'y a pas eu un mot. Ils ne se sont pas révoltés en disant : « Tiens ce n'est pas normal, ces ouvriers n'auront rien pour partir ». Il y a des Marine Harvest qui n'arrivaient même plus à sortir pour aller faire les courses. Ils se faisaient apostropher : « Tu vas pouvoir t'acheter une Porsche ! »

Il ne faut pas croire, nous regrettons tous ces licenciements alors que le groupe réalise des profits monstres. L'année dernière, ils ont fait entre 700 et 800 millions d'euros de bénéfices. Là, c'est carrément écoeurant. C'est cette situation particulière qui fait que les gens ne peuvent plus avoir confiance en Marine Harvest. C'est impossible.

Il y a quand même eu de la part de quelques-uns un peu de manipulation, d'opportunisme, en période préélectorale. Heureusement, on ne s'est pas laissé piéger par ça. On a négocié, obtenu une prime de mobilité de 15 000 € pour aller à Landivisiau. Mais on voit que les gens craignent que Landivisiau ne perdure pas. Et donc de déménager pour rien. Je tiens également à remercier les personnes qui nous ont aidés durant le blocus. Il y a des gens qu'on ne connaissait pas et qu'on ne reverra jamais qui nous ont donnés de la nourriture... Cette grève a porté ses fruits dans les négociations.

J'ai été près de onze ans, en CDI, à Poullaouen. Aujourd'hui, alors que la production s'arrête, je ressens un peu de soulagement car on a vécu un an de bagarre, de stress. Cela n'a pas été facile. On sait que ça va être dur de retrouver un travail. Surtout quand on voit qu'il y a 4 500 inscrits à Pôle Emploi à Carhaix. J'ai fait un bilan de compétences, j'ai quelques idées. Je garde espoir. Je vais me réorienter vers autre chose, c'est plus prudent quand on voit tous les problèmes dans l'agroalimentaire. J'y réfléchis que maintenant parce qu'avant, ce n'était pas simple de trouver un moment pour s'interroger alors que je devais m'occuper d'autres dossiers via le CE.

Je n'irai pas à la manifestation devant l'usine vendredi après-midi. Je suis heureux de tourner la page, assez vite, depuis que j'ai soldé mes congés le 12 mai, et de m'investir dans autre chose. C'est ce que je souhaite aussi aux autres Marine Harvest. »

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Le 17 août 2013

Manuel du saumon d’élevage 2012

 Salmon Farming Industry Handbook 2012


Marché européen du saumon fumé

Le marché européen du saumon fumé s’élevait à 150.000 tonnes en 2011. La France et l'Allemagne sont les deux plus grands marchés. La quantité de matière première nécessaire à cette production était d'environ 250.000 tonnes de saumon éviscéré, en hausse de 8% depuis 2009.


Les dix plus grands fabricants de saumon fumé en Europe ont une part de marché cumulée d'environ 55 à 60%. La production se fait principalement en Pologne, France, Royaume-Uni, Pays baltes, Allemagne et Pays-Bas.

Après l'acquisition de la société allemande Laschinger, Morpol est devenu le plus grand producteur de saumon fumé en Europe. Basée en Pologne, cette société vend une grande partie de sa production sur le marché allemand.

Labeyrie est le deuxième producteur. Cette société française vend la plupart de ses produits en France, mais également au Royaume-Uni, Espagne, Italie et Belgique.

Pour en savoir plus sur l'industrie du saumon, télécharger le document du leader mondial Marine Harvest : Salmon Farming Industry Handbook 2012

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Le 18 juin 2013

Entre globalisation et licenciement, la saga Marine Harvest continue....

Marine Harvest : tour de table à Rennes

Source : Ouest France

La direction et les élus se sont retrouvés lundi pour évoquer la fermeture de deux sites bretons de découpe de saumon.

Dirigeants de l'entreprise de transformation de saumon Marine Harvest et élus se sont rencontrés pendant près de deux hier sous l'égide du préfet de région. Il s'agit de leur première réunion de travail depuis l'annonce du projet de fermeture, début 2014, des usines de Poullaouen, dans le Finistère et de Châteaugiron, en Ille-et-Vilaine, entraînant la disparition de quelque 450 emplois.

Les maires de Carhaix, Poullaouenn et Châteaugiron étaient présents, de même que le député de Carhaix, Richard Ferrand. IIs n'ont pas souhaité s'étendre sur le contenu des discussions à l'issue de cette rencontre. « Nous avons dit nos préoccupations », a simplement réagi Richard Ferrand.

« Nous avons exprimé nos demandes et exigences, a commenté la maire de Châteaugiron Françoise Gatel, détaillant « le maintien des sites ou la réindustrialisation ». « Il appartient à chacun d'être sur ses engagements », a-t-elle ajouté.

Laurent de Baynast, directeur général de Marine Harvest chargé du projet de réorganisation en France, a de son côté souligné un « échange constructif » et la volonté du groupe norvégien d'« avancer dans un souci de transparence ». Une nouvelle réunion est prévue en septembre.

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Saumon: foire d'empoigne autour du norvégien Cermaq

Source : Afp / Oslo, 17 juin 2013

Le producteur norvégien de saumon d'élevage Cermaq, convoité par son compatriote Marine Harvest pour près de 10 milliards de couronnes (1,31 milliard d'euros), a annoncé lundi avoir reçu une offre concurrente pour la seule activité de production de farine de poisson Ewos.

Les fonds d'investissement scandinave Altor et américain Bain Capital proposent 6,2 milliards de couronnes pour Ewos, une offre qualifiée d'"intéressante" par Cermaq et qui pourrait compliquer les projets de Marine Harvest.

"Leur offre (...) est jugée suffisamment intéressante pour que Cermaq entame un processus en vue de conclure un accord final", a indiqué le groupe dans un communiqué boursier.

Cermaq tente actuellement d'échapper à une offre inamicale de Marine Harvest, qui propose 107 couronnes par action, un montant jugé insuffisant par la direction du groupe et par l'Etat norvégien qui détient 43,5% du capital.

En début de matinée, l'action Cermaq se traitait à un cours sensiblement plus élevé à la Bourse d'Oslo, à 111 couronnes.

Pour échapper à son compatriote, Cermaq s'est mis en quête de chevaliers blancs susceptibles d'acquérir tout ou partie du groupe.

"Cermaq considère cette offre (de Bain Capital et Altor, ndlr) comme significativement plus élevée que la valeur implicite d'Ewos dans le cours historique de l'action Cermaq de même que celle représentée par l'offre de Marine Harvest", a-t-il précisé.

Propriété du magnat d'origine norvégienne John Fredriksen, 87e fortune mondiale selon Forbes et qui a pris la nationalité chypriote pour des raisons fiscales, Marine Harvest est le principal producteur de saumon au monde.

Le 4 juin, des sources syndicales avaient annoncé qu'il avait l'intention de fermer deux sites en Bretagne au premier semestre 2014, provoquant la suppression de plus de 450 postes

NB : Dans la reprise de la multinationale Cermaq, il est probable que Marine Harvest laisse filer Ewos (n°1 mondial de l'aliment piscicole et filiale de Cermaq) car Marine Harvest a un lien historique avec le néerlandais Nutreco, son fournisseur exclusif d'aliment dans le monde...

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Le 26 août 2013

Rabobank, la banque de l'industrie du poisson dans le monde

Pour en savoir plus, téléchargez Ici le document :

Investors in the global seafood industry – implications and trends

Gorjan Nikolik, Food and Agribusiness Research, Rabobank International

Irish Seafood Summit

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1 octobre 2013

La Commission favorable à un quasi monopole norvégien sur le marché européen...

... du saumon et par extension du poisson...

Pas d'objection à l'acquisition de Morpol par Marine Harvest... La Commission Européenne autorise la main-mise de Marine Harvest, N°1 du saumon d'élevage (1/4 de la production mondiale), sur Morpol, N°1 du Saumon fumé...

La CE favorise ainsi la création d'un groupe halio-alimentaire norvégien parmi les 5 premiers dans le monde avec un CA de près de 3 milliards d'euros pour 10.000 emplois...

Seule contrainte de la Commission... Que Marine Harvest cède les élevages de Morpol en Ecosse. Sinon la multinationale norvégienne contrôlerait plus de 50% de la production de saumon écossais !

La Commission envoie un signal fort à Marine Harvest qui a maintenant les mains libres pour restructurer sa production industrielle en France avec la fermeture de deux usines en Bretagne...

Lire : Marine Harvest Bretagne : Dégraissage dans le saumon fumé ?

Communiqué de la Commission Européenne daté du 30 septembre 2013

Concentrations : la Commission autorise l’acquisition du transformateur de saumon Morpol par le salmoniculteur Marine Harvest, sous réserve du respect de certaines conditions

La Commission européenne a autorisé, en vertu du règlement de l'UE sur les concentrations, le projet d’acquisition de Morpol, premier transformateur de saumon de l’Espace économique européen (EEE), par Marine Harvest, principal salmoniculteur de l'EEE, tous deux norvégiens. Cette autorisation est subordonnée à la cession de l'essentiel des activités de salmoniculture de Morpol en Écosse. La Commission craignait que l’opération, telle qu’initialement notifiée, n'entrave de manière significative la concurrence sur le marché de l'élevage et de la transformation primaire du saumon écossais. Les engagements proposés par les entreprises parties à la concentration écartent ce risque.

L’opération envisagée, telle qu'initialement notifiée, aurait réuni deux des principaux éleveurs et transformateurs primaires de saumon écossais. L’entité issue de la concentration aurait détenu des parts de marché importantes et ses concurrents n’auraient pas été en mesure d’exercer une pression suffisante à son égard. L'acquisition aurait probablement conduit à une hausse des prix, ce qui aurait pu, finalement, léser les consommateurs.


L’enquête de la Commission a montré que de nombreux clients avaient une nette préférence pour le saumon élevé en Écosse par rapport au saumon d’élevage produit dans d’autres pays, en particulier en Norvège. La possibilité d'acheter du saumon d'autres origines n'aurait pas été suffisante pour permettre aux clients de déjouer une éventuelle hausse du prix du saumon écossais. De même, faute de capacités de réserve suffisantes, les autres fournisseurs écossais n’auraient pas été en mesure de compenser une telle hausse. Enfin, vu l'importance des obstacles réglementaires à surmonter, il est peu probable qu'un nouveau fournisseur entre sur le marché du saumon écossais dans un avenir prévisible. Les nouveaux arrivants éventuels seraient, en tout état de cause, trop peu nombreux pour que le problème de concurrence constaté puisse être résolu.

Afin de répondre aux préoccupations de la Commission, Marine Harvest s’est engagée à céder l'essentiel des activités de salmoniculture de Morpol en Écosse, plus précisément dans les îles Shetland et Orcades. Ces cessions résolvent le problème de concurrence engendré par la concentration, car elles suppriment en grande partie le chevauchement entre les activités des parties sur le marché en cause.


La Commission en a donc conclu que l'opération envisagée, telle que modifiée par les engagements, ne poserait pas de problème de concurrence. Cette décision est subordonnée au respect des engagements souscrits.

La Commission a également constaté que l’opération ne poserait pas de problème de concurrence en ce qui concerne l’élevage, de même que la transformation primaire et secondaire du saumon norvégien.

L’opération a été notifiée à la Commission le 9 août 2013.

Informations sur les entreprises et les produits

Marine Harvest est une entreprise norvégienne qui élève des saumons et des flétans blancs et propose un large éventail de produits de la mer à valeur ajoutée. Elle exerce des activités d'élevage et de transformation primaire de saumon en Norvège, au Chili, en Écosse, au Canada, en Irlande et dans les îles Féroé.

Morpol est un producteur et transformateur norvégien de saumon. Il produit du saumon d’élevage et offre un large éventail de produits à valeur ajoutée à base de saumon. Il exerce des activités d'élevage et de transformation primaire de saumon en Norvège et en Écosse.

Règles et procédures en matière de contrôle des concentrations

La Commission a pour mission d'apprécier les fusions et les acquisitions entre entreprises dont le chiffre d'affaires dépasse certains seuils (voir l'article 1er du règlement sur les concentrations) et d'empêcher les concentrations qui entraveraient de manière significative l'exercice d'une concurrence effective dans l'EEE ou une partie substantielle de celui-ci.

La grande majorité des concentrations notifiées ne posent pas de problème de concurrence et sont autorisées après un examen de routine. À compter de la date de notification d’une opération, la Commission dispose en général d’un délai maximal de 25 jours ouvrables pour décider d’autoriser cette opération (phase I) ou d’ouvrir une enquête approfondie (phase II).

Pour de plus amples informations, veuillez consulter le registre public des affaires de concurrence sur le site web de la Commission consacré à la concurrence, sous le numéro M.6360.

Contacts:

Antoine Colombani (+32 22974513, Twitter: @ECspokesAntoine)

Marisa Gonzalez Iglesias (+32 22951925)

Source : Europa 

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Quimper. Des engagements réclamés à Marine Harvest

Source : Le Télégramme 30 septembre 2013

"Un groupe qui a une très bonne rentabilité financière ne peut pas se permettre de fermer d'un trait de plume deux sites en Bretagne" a indiqué ce midi Guillaume Garot à Quimper à propos de Marine Harvest. En recevant ce matin, la direction du groupe et les syndicats séparément à la préfecture, le ministre délégué à l'agroalimentaire a évoqué un "discours clair, exigeant, ferme". Guillaume Garot a demandé au groupe des engagements sur le plan de sauvegarde de l'emploi concernant la fermeture du site industriel de saumon fumé de Poullaouen. Il a aussi annoncé la création d'un "fonds de revitalisation" abondé par le groupe et des "propositions sur l'avenir industriel du site".

Marine Harvest. La direction prend des engagements

Source : Le Télégramme 1 octobre 2013 - Réagir à cet article

Après la rencontre organisée hier à Quimper avec Guillaume Garot, ministre chargé de l'agroalimentaire, Richard Ferrand a fait le point sur le dossier Marine Harvest via un communiqué. Le député précise qu'avec Guillaume Garot mais aussi Pierre Maille, président du conseil général, Christian Troadec, président de Poher communauté, et Didier Goubil, maire de Poullaouen, « nous avons entendu la direction de Marine Harvest Kritsen » et « rappelé les souffrances que représente pour les salariés et pour notre territoire la décision du groupe de fermer l'usine de Poullaouen ». Richard Ferrand indique également qu'au cours de cette réunion la direction de Marine Harvest s'est engagée « à la pérennité du site de Landivisiau où des postes pourront être proposés aux salariés de Poullaouen », « à un accompagnement personnalisé de chaque salarié frappé par un licenciement » et « à un plan de revitalisation et de réindustrialisation de notre territoire ». Le député, qui se dit « personnellement mobilisé aux côtés des représentants du personnel pour maintenir l'effort auprès du groupe qui doit réparer tous les préjudices qu'il crée par la décision réaffirmée de son départ », affirme que « les services préfectoraux, les élus et les organisations syndicales seront vigilants sur la concrétisation et le respect des engagements pris ».

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Le 14 octobre 2013

Brest. Manifestation des salariés de l’agroalimentaire, ce lundi, à l’aéroport

Source : Ouest-France

Les syndicats CGT et FO agroalimentaire de chez Doux, de Gad et d’autres entreprises appellent à un rassemblement tôt, ce lundi matin, à l’aéroport de Brest (Finistère).

« Tous les salaries sont concernés, soutient Nadine Hourmant. On est tous dans le même bateau. » La syndicaliste fustige le discours du gouvernement après la chute de Gad, vendredi. « 87 personnes sur les 1 000 personnes licenciées chez Doux ont trouvé un emploi. Que le gouvernement arrête de nous dire n’importe quoi. Nous voulons du travail. Ils ont trouvé de l’argent pour les banques quand il fallait ! Et ils n’en trouvent pas pour l’agroalimentaire ? Nous n’avons aucune envie d’aller à Pôle emploi. Même si nos emplois sont difficiles, nous y tenons. Le boulot des élus politiques est bien d’accompagner, que l’argent aille pour moderniser l’outil et former les salariés. Et que nous puissions contrôler le parcours de cet argent. »

« Derrière Pôle emploi, le RSA »

Nadine Hourmant ajoute : « Derrière Pôle emploi, c’est le RSA… Je sais la détresse. Que les gens soient conscients de ce qui se passe. Il faut privilégier l’être humain. Qu’on arrête de nous jeter comme des mouchoirs. Et la ministre Marylise Lebranchu qui réagit le dernier jour pour Gad ! On ne peut pas digérer cela. »

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Nouvelle saignée dans l'agroalimentaire breton

Source : Le Monde par Laurence Girard

Un léger tremblement de terre a secoué la pointe bretonne, vendredi 11 octobre. Heureusement, sans gravité. Mais une autre secousse, plus forte celle-là, a de nouveau bousculé le tissu social breton. Avec pour épicentre le Finistère.

Près d'un millier d'emplois vont être supprimés dans les abattoirs de porcs Gad. Le verdict, attendu, a été prononcé par le tribunal de commerce de Rennes, vendredi 11 octobre. En approuvant le plan de continuation de Gad, placé en redressement judiciaire, le tribunal a prononcé la fermeture de l'abattoir de Lampaul-Guimiliau, dans le Finistère, mais aussi du siège de Gad, également dans ce département, et d'un autre site à Saint-Nazaire. Seul l'abattoir situé à Josselin, dans le Morbihan, poursuivra son activité.

Les salariés de Lampaul, qui attendaient que le couperet tombe en faisant blocus devant leur usine, depuis jeudi, ont été rejoints par les employés de l'usine voisine du charcutier Jean-Caby. Ces derniers ont appris, eux aussi vendredi, qu'ils allaient subir une restructuration. L'entreprise veut sous-traiter son activité de désossage, ce qui devrait conduire à une suppression de 80 postes sur un total de 500.

Juin 2012, Début de la série noire

La saignée se poursuit donc dans l'agroalimentaire breton. La liste des fermetures de sites ne cesse de s'allonger. La série noire a débuté en juin 2012, avec l'annonce de la faillite du volailler Doux. L'entreprise a, depuis, supprimé un millier d'emplois. En juin 2013, c'était au tour du leader mondial du saumon, la société norvégienne Marine Harvest, de dévoiler son projet de fermetures de deux sites. L'un à Poullaouen, près de Carhaix, dans le Finistère, l'autre à Châteaugiron, en Ille-et-Vilaine. Ils devraient fermer au printemps 2014. A la clé, plus de 400 emplois supprimés.

La coopérative Cecab, connue pour sa marque de conserves d'aucy, premier actionnaire de Gad, a aussi prévu la fermeture début 2014 d'une usine de transformation de légumes de sa filiale Boutet-Nicolas, à Rosporden (Finistère). Elle emploie 140 salariés permanents et près de 200 saisonniers. "On peut estimer à 3 500 le nombre d'emplois directs menacés dans l'agroalimentaire breton", affirme Jean-Luc Feillant, chargé de l'agroalimentaire à la CFDT Bretagne.

D'autres sociétés sont dans une situation financière délicate. A l'instar du concurrent de Doux sur le marché de la volaille exportée, Tilly-Sabco. Il emploie près de 400 personnes à Guerlesquin, dans le Finistère.

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Peut-on parler de crise du "modèle breton" ? "L'agroalimentaire en Bretagne s'est développé dans les années 1960-1970, passant de l'artisanat à l'industrie. Maintenant, une page se tourne. Face à la mondialisation, des zones comme le Finistère ne sont pas prêtes", affirme Christian Troadec, maire de Carhaix. Il fustige la société Marine Harvest, qui "affiche des bénéfices et préfère investir en Pologne où les salaires sont moins chers". "Ils se conduisent comme des requins", ajoute-t-il.

Sa commune a tout fait pour accueillir le chinois Synutra, qui a signé un accord d'approvisionnement en lait breton auprès de la coopérative Sodiaal et s'apprête à construire deux tours de séchage. M. Troadec milite pour un modèle plus souple et plus réactif avec de plus grands pouvoirs donnés aux régions. "Le vieux carcan de l'Etat français est dépassé", déclare-t-il.

Des manifestations prévues

Le mécontentement contre l'Etat se cristallise dans un front commun d'élus, de salariés comme d'agriculteurs ou de transporteurs pour rejeter l'écotaxe poids lourds en Bretagne. Des manifestations sont prévues, le 12 octobre, sur les lieux d'implantation des portails censés permettre de prélever cette taxe.

Le syndicat FGTA-FO a décidé d'une action collective des salariés des entreprises Gad, Doux, Tilly-Sabco et Marine Harvest, le 14 octobre. Il menace de bloquer l'aéroport de Brest. Nadine Hourmant, déléguée FO de Doux, s'interroge "sur le mutisme des pouvoirs publics alors que l'hécatombe continue".

Le premier ministre Jean-Marc Ayrault, pris à partie par les salariés de ces entreprises et par les éleveurs lors de sa visite au salon Space à Rennes, en septembre, avait annoncé un plan spécifique pour la Bretagne, formalisé d'ici la fin de l'année.

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Labeyrie. New article [B.M-D.]

Labeyrie propose une nouvelle gamme Sélection de trois références de saumons fumés élevés dans les Highlands d’Ecosse. Les plateaux de 8 tranches déclinent ce saumon garanti jamais congelé en « finement glacé », tranché fin ou classique (PMC de 13,99 € les 220 à 270 g, avec intercalaires).

Source : Linéaires 

Après une saison festive plutôt réussie et des volumes en hausse de 14 % à 57 tonnes, les Tentations de Labeyrie sont reconduites pour une troisième année. De cinq recettes, elles passeront cependant à quatre : baies roses & fine champagne ainsi que 4 agrumes sont remplacées par une référence baies roses et pavot (prix marketing conseillé de 10,49 € les 6 tranches, 230 g).

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L’inoxydable Robert Labeyrie

L’homme de Saint-Geours-de-Maremne, très attaché à ses amis et au pays, a 90 printemps. Portrait.

Robert Labeyrie doit sa fortune au foie gras et au saumon.

Source : Sud Ouest

D’autres, dans notre région, ont vendu leur entreprise à prix d’or et sont partis en Suisse pour échapper à l’impôt. Robert Labeyrie fut encouragé à les imiter. « Je préfère payer en France et rester avec mes copains, ma ferme, mes pins, mes œuvres d’art, mes poules et mes œufs », confie, serein, le Landais de Saint-Geours-de-Maremne qui possède un gros patrimoine immobilier à Bordeaux, à Biarritz, à Paris et en Tunisie. « L’argent ne représente rien, j’ai ce dont j’ai besoin », ajoute celui qui doit à son flair et à son travail la réussite de l’entreprise qu’il a cédée en 1990 et continue à porter son nom.

Fils d’un ouvrier des chemins de fer, Robert Labeyrie, qui est né le 12 août 1923 à Saubusse, dans les Landes, a eu 90 ans cet été. Son anniversaire a donné lieu à une fête amicale avec les proches et les amis, loin des mondanités et des flatteries.

Comment le jeune homme qui, en 1946, à 23 ans, montait à Bordeaux pour vendre les produits gastronomiques landais - les saumons, les aloses, les brochets, les tanches, les poulets jaunes, le foie gras - est-il devenu le numéro un du saumon fumé ? « J’avais de l’avance, j’ai fait ce que les autres ne faisaient pas », explique Robert Labeyrie, qui transgressa les pratiques et les habitudes, quitte à déplaire. Il fut le premier à exporter des foies gras crus à l’étranger (en Suisse), alors que l’Alsace était le marché obligé et qu’aller ailleurs équivalait à se faire fermer le robinet. « J’adorais le saumon fumé, qui coûtait une fortune dans les épiceries fines. Je voulais me lancer mais je ne savais pas fumer et personne ne voulait me montrer », raconte le citoyen de Saubusse. Le salut viendra de la Norvège, d’où un émissaire envoyé par ses soins reviendra au bout de six mois avec le savoir-faire indispensable.

700 salariés, 14 magasins

Robert Labeyrie est convaincu que le saumon fumé ne doit pas rester un produit élitiste et que la solution réside dans le sous-vide. Il sera le premier à le conditionner dans des sachets et prendra une nouvelle fois le contre-pied en décidant, seul contre tous, de travailler avec la grande distribution. « Je n’ai perdu ni mon âme ni ma marque, c’est ce qui a permis à l’entreprise de se développer », insiste-t-il. Nous sommes au début des années 1960 et les premiers saumons fumés achetés par la grande distribution sont… les saumons sauvages de l’Adour. L’élevage arrivera vite (1965), les volumes grossiront et, en 1968, l’usine actuelle de Saint-Geours-de-Maremne sera construite. À l’apogée de la marque, elle comptera 700 salariés et 14 magasins ouvriront dans l’Hexagone. La grande distribution de l’époque n’est pas la grande distribution d’aujourd’hui : « Ils sont devenus les seigneurs, ils veulent des prix, le consommateur aussi, et la qualité en souffre », commente Robert Labeyrie, pour qui élevage ne rime pas avec médiocrité « quand les saumons mangent des poissons ». Et qui sait que, pour gagner du poids (et de l’argent), les industriels ne salent plus les saumons au sel sec, préférant des infiltrations d’eau salée à l’aide d’aiguilles, d’où cette sensation désagréable en bouche de chair pâteuse et de goût fort.

L’art et l’immobilier

« Si j’avais été aidé, j’aurais continué, les banques me suivaient », confie Robert Labeyrie, pour qui le successeur désigné de l’entreprise était son fils Vincent. « Il avait la capacité. Dans ma tête, j’avançais pour lui. » Les relations, aujourd’hui renouées, s’arrêtèrent le jour où Vincent, encore étudiant, se maria et tourna le dos à la succession.

Robert Labeyrie avait 67 ans quand il quitta Saint-Geours-de-Maremne. Il n’est pas resté inactif depuis, s’employant à faire fructifier un patrimoine financier et immobilier auquel il consacre son temps et son énergie. Cultivé et épris d’art, il partage sa vie avec Monette Loza, une artiste belge d’origine espagnole, vive et gaie, ancienne danseuse de la compagnie de Maurice Béjart, qui façonne au chalumeau des sculptures en acier puissantes et originales reconnues dans plusieurs pays.

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Le 3 mai 2014

Marine Harvest engrange toujours plus....

Au premier trimestre 2013, Marine Harvest Group (MHG) annonçait la fermeture de deux sites de transformation en Bretagne, à un moment où la multinationale norvégienne affichait un bénéfice de 80 millions $US (pour cette période). 

Un an plus tard, alors que les deux usines de saumon, Poullaouen et Châteaugiron, ont mis sur le carreau près de 500 personnes, MHG annonce 181 millions de dollars de bénéfices au cours du premier trimestre 2014...

Début 2014, MHG a versé 1 million d’euros pour le plan de revitalisation, lié à la fermeture de l'usine Marine Harvest Kritsen de Poullaouen (29)... Et maintenant 0,8 dollar de dividende (par action) aux actionnaires, selon l’article de FIS : Marine Harvest obtains Q1 strong result.

Sachant que les actionnaires de MHG se partagent 4 000 000 000 parts (page 161 du rapport financier 2013 mise en ligne Ici - Marine Harvest 2013 Annual Report), nous aurions un versement de dividende de 3 600 000 000 $US !

Cherchez l’erreur...


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Le 6 Décembre 2014

Le Panda et le saumon : la face sombre du WWF

Wilfried Huismann, Pandaleaks : The Dark Side of the WWF, éd Nordbook, Bremen, 2014, 260p

En 2012, le journaliste allemand Wilfried Huismann a publié son enquête sur le WWF en Allemagne et elle a eu un grand retentissement. Il nous donne maintenant une version en anglais, complétée et revue. Il a rencontré des dirigeants du WWF, quand ils ont accepté de le recevoir et de répondre à ses questions, et il a aussi reçu de nombreux témoignages d’anciens membres de l’organisation -ou actuels- sur le malaise que suscitent en son sein les liens étroits qu’entretient le WWF avec les grandes multinationales, y compris celles qui sont considérées comme les plus grands pollueurs et destructeurs de l’environnement. Il ne met pas en cause la sincérité des salariés de l’ONGE, et il reconnaît que le travail de terrain peut être respectable,  il constate simplement que les plus hautes instances du WWF négocient avec de grandes sociétés multinationales et les contestent de moins en moins, au point de couvrir et même de favoriser l’expansion de pratiques inacceptables. Il analyse ainsi les rapports avec Coca Cola, les liens avec les défenseurs de l’apartheid, avec Monsanto et les grands producteurs d’huile de palme et de soja. Il confronte les intentions affichées par le WWF avec les réalités sur le terrain. Or, toutes les enquêtes de terrain menées par W Huismann montrent que les entreprises liées au WWF ne respectent pas leurs engagements, pourtant bien limités. Malgré ces constats alarmants, le WWF continue d’assurer qu’il contribue à l’amélioration des pratiques de ces grandes sociétés, en Afrique, au Mexique, au Brésil, en Argentine, en Inde et en Indonésie. L’enquête montre qu’elles poursuivent la déforestation, la destruction des sols, des ressources en eau. Elles sacrifient des communautés indigènes et paysannes et le WWF soutient cette politique, malgré ses engagements en faveur des droits des indigènes . Loin de contribuer à la protection de la nature et des populations qui en vivent, selon W Huismann, le WWF couvre les turpitudes et les pratiques scandaleuses des sociétés qui le financent. Pire, il permet ainsi à ces multinationales d’étendre leurs activités destructrices, comme en Indonésie, au Chili ou en Argentine.

Le WWF et le roi du saumon

L’entreprise norvégienne Marine Harvest réalise près du quart (plus de 400 000t en 2014) de la production mondiale de saumon d’élevage. L’ensemble des entreprises norvégiennes contrôle 90% de cette production et John Fredriksen, propriétaire de Marine Harvest, est considéré comme le roi du saumon. Son entreprise produit du saumon en Norvège, en Ecosse, au Chili et elle le transforme dans plusieurs pays d’Europe et d’Asie. Avec 10 000 employés dans 23 pays, elle est le leader de la « révolution bleue ». En 2008, le WWF a signé un accord de partenariat avec Marine Harvest pour promouvoir l’aquaculture durable suivant les canons de la certification ASC (Aquaculture Stewardship Council), conçue sous l’égide du WWF et lancée officiellement en 2009.

Carte extraite de l'article de Global magazine : L'or rose en chute libre

Cette même année, le Chili a connu un désastre dans ses fermes aquacoles, le virus ISA (Anémie Infectieuse du Saumon), apparu en 2007, a touché une grande partie des élevages, entraînant la mort de millions de saumons, du nord au sud du pays. Cette crise jette une lumière crue sur les pratiques des entreprises aquacoles du Chili. Marine Harvest, en Norvège, subit des contrôles et chaque année, les concessions peuvent être retirées ; l’usage des antibiotiques est réduit et souvent absent, la densité des élevages est nettement plus faible qu’au Chili. Il en résulte que l’épidémie a été maîtrisée en Norvège alors qu’elle ne le fut pas du tout au Chili . L’ISA n’est pas la seule maladie, sur 478 élevages, 420 sont infestés de poux et les saumons sont touchés par une vingtaine de maladies. L’usage des antibiotiques est hors contrôle, 800 fois plus élevé qu’en Norvège et même 36 000 fois, selon un biologiste chilien . L’environnement marin est sacrifié, les fonds marins sous les cages sont en état d’anoxie (sans oxygène), les saumons échappés des cages ont modifié les espèces locales et la biodiversité. Les ressources qui faisaient vivre les pêcheurs sont détruites et n’offrent plus d’alternative aux employés des élevages et des ateliers de transformation qui se retrouvent sans emploi et sans revenu. La pêche chilienne se trouve sous la dépendance des industriels du saumon à qui les pêcheurs fournissent les poissons pour la farine et l’aliment : « Nous ne sommes que des esclaves des multinationales, il ne reste plus de pêcheurs indépendants au Chili » déclare un patron pêcheur à Wilfried Huismann. Le gouvernement a favorisé une véritable mafia du saumon, sans contrôle. Les dirigeants de Marine Harvest reconnaissent leurs erreurs face à cette catastrophe, mais ils l’ont organisée, par appât du gain, et n’ont nullement respecté les règles imposées en Norvège. Malgré ces responsabilités évidentes, en 2011, le WWF a signé un accord de partenariat avec cette entreprise, au nom de progrès futurs. Le WWF vient de recevoir, en novembre 2014, d’importantes subventions de la part des grandes entreprises chiliennes pour accompagner le « verdissement » de l’aquaculture et sa labellisation ASC. Pour l’ONG Ecoceanaos, ce partenariat, c’est l’annonce d’une catastrophe et l’extension des zones d’élevage .  En l’absence de règles contraignantes fixées et contrôlées par l’Etat, les entreprises feront ce qu’elles voudront en cherchant, peut-être, à éviter la catastrophe dans leurs nouvelles implantations. Ce n’est pas le WWF qui les dénoncera si elles continuent de dégrader l’environnement, tant il est lié à leurs financements. Le WWF apporte plutôt une caution verte à des entreprises déconsidérées par leur comportement et leur mépris de l’environnement et des droits sociaux. Au sein même du WWF International, ces accords sont considérés comme honteux par certains responsables, en privé…



L’enquête ne concerne pas la pêche et le Marine Stewardship Council (MSC), premier label lancé en 1995 par le WWF et Unilever. Ce label certifie des pêcheries durables, mais ces pêcheries sont déjà suivies par les services scientifiques et le label ne vient que conforter des pêcheries déjà bien gérées. Certains parlent d’un racket, car il faut payer cher une certification qui est de plus en plus souvent exigée par la grande distribution. Walmart est un des grands soutiens à cette politique et Carrefour vient de s’y mettre en France. La fondation Walmart finance le WWF pour promouvoir ce label. Les organisations de pêcheurs artisans ont pris fortement position contre ce type de labellisation lors de la rencontre de Bangkok en 2008. Des chercheurs considèrent que cette certification renforce les logiques de privatisation : «La certification et l’éco-labellisation privatisent la gouvernance des pêches de plusieurs façons largement méconnues, par la création de nouvelles formes de droits exclusifs et de privilèges dans des situations de gestion commune déjà compliquées par des droits d’accès et de propriété, créant ainsi les conditions de confusions, de conflits mais aussi de coopération ».

Cette certification met les pêcheurs artisans entre les mains de la grande distribution qui contrôle leur accès au marché.

L’environnement et les affaires contre les droits humains.

« Au cas où je me réincarnerais, j’aimerais revivre sous la forme d’un virus mortel, afin de contribuer à résoudre le problème de la surpopulation » Voilà ce que déclarait le Prince Philip, Duc d’Edimbourg, dans une interview en 1988. Il était alors président du WWF, puisqu’il le fut de 1981 à 1996. Il était aussi l’un des fondateurs du WWF en 1961. Une telle déclaration n’est pas un épiphénomène pour le WWF, elle témoigne de l’existence en son sein d’un courant profondément réactionnaire qui se retrouve au plus haut niveau, ce qui explique les choix de l’organisation. Le WWF entretient des relations étroites avec les grandes sociétés multinationales dans de nombreux domaines : la pêche, l’aquaculture, l’huile de palme, le soja, les forêts, etc. Le WWF s’est fait une spécialité dans le développement de dialogues et de tables rondes avec les grandes entreprises, y compris les plus critiquées pour leur mépris de l’environnement. Ainsi le WWF n’hésite pas à collaborer avec Monsanto. Mais cet affairisme, revendiqué au nom d’une amélioration des pratiques de ces puissantes sociétés, va jusqu’à la collaboration avec des groupes et des hommes qui sont les piliers des régimes les plus réactionnaires et dictatoriaux. L’exemple le plus significatif analysé par W Huismann est celui de José Martinez de Hoz. Il a été membre fondateur de la Fondacion Vida Silvestre (FVSA), partenaire du WWF en Argentine. Il est membre influent du WWF international en tant que membre du club des 1001, un club fermé de 1001 membres où figure le gotha des multinationales et des têtes couronnées d’Europe qui financent le WWF. Mais il a été également membre du gouvernement de Videla, comme ministre de l’économie, et il a depuis été condamné pour crimes contre l’humanité. Il a participé à la promotion du soja en Argentine et au développement des OGM. L’autre grand partenaire du WWF a été Hector Laurence, président de FVSA de 1998 à 2008, et représentant de deux filiales de Dupont en Argentine, promoteur du soja OGM. La présence de tels personnages dans les instances dirigeantes du WWF n’est pas un accident. Elle est la manifestation des liens étroits établis par le WWF, depuis sa création en 1961, avec les milieux les plus réactionnaires partenaires des fondateurs. En Afrique du Sud, le WWF est né au sein des milieux défenseurs de l’apartheid. Le premier président du WWF a été le prince Bernhard des Pays-Bas, connu pour son passé nazi et ses liens avec les industriels de l’armement. Les accusations de corruption l’ont amené à quitter la présidence du WWF, il a été remplacé par le Prince Philip…

Malgré ces turpitudes, qui ne sont qu’un échantillon de toutes celles dévoilées par l’enquête de Wilfried Huismann, le WWF reste la meilleure marque environnementale pour réaliser du verdissement à bon compte, et il sait la vendre.

Alain Le Sann
Décembre 2014

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Chili

Le dernier jour de Bachelet. Privatiser le littoral de la mer australe ?

de Franck Gaudichaud, extrait de l'article de Forum des alternatives : Tremblement de terre politique et retour des Chicago boys au Chili

Et s’il fallait essayer d’expliquer pourquoi la Concertation est honnie de toute une partie du mouvement social et critiquée par de nombreux militants de gauche (y compris du Parti socialiste) ; s’il fallait tenter de montrer de quoi le social-libéralisme est-il le nom au Chili, on pourrait alors s’en tenir au denier jour de la présidence Bachelet. Ce 10 mars 2010, c’est avec l’approbation du dernier exécutif de la Concertation qu’est paraphée la réforme de la Loi générale de pêche et d’agriculture. L’objectif ? Tout simplement, venir en aide aux transnationales de saumon d’élevage qui ont inondé les côtes du sud du pays depuis des années et connaissent de graves difficultés. Crise sanitaire tout d’abord, conséquence d’un mode de production aberrant qui a dévasté une partie du littoral à coup de colorant, hormones, antibiotiques, surpêche (pour nourrir les saumons !). Crise économique ensuite. Alors que cette industrie était censée être un des moteurs de l’économie, elle a été engagée sur la voix d’une rentabilité à tout prix, basée sur une exportation de masse aux quatre coins de la planète (Japon, Etats-Unis, UE). Le développement exponentiel d’un virus (virus ISA) a affecté toute la chaîne, et c’est ce modèle d’élevage intensif entièrement dépendant du marché mondial s’est affaissé violemment |3|. Cette « agonie du saumon » a provoqué une chute de la production de plus de 30% entre 2007 et 2008 et le licenciement de milliers travailleurs (plus de 15.000) |4|.

Vues les conditions offertes, en 20 ans, les capitaux ont afflué de toute part, à commencer par la transnationale hollandaise Nutreco (plus grosse productrice mondiale) mais aussi des entreprises norvégiennes, japonaises, canadiennes et espagnoles. Le patronat chilien n’est pas en reste puisqu’il détient 55% de la filière. N’en déplaise aux écologistes et aux pécheurs artisanaux (dont la vie a été ruinée), le Chili est devenu le second producteur de la planète, avec plus de 650 000 tonnes de saumon en 2007 et, en valeur, cette denrée représente le 4° poste d’exportation nationale |5|. Rapidement c’est un véritable lobby du saumon qui a fait son apparition au sein des institutions et de la société civile. Ainsi, alors que le secteur affiche désormais une dette de deux milliards de dollars, la proposition du gouvernement Bachelet a été de garantir le déblocage d’un fonds public de 450 millions de dollars. Les banques restant méfiantes, le projet de loi prévoit aussi une modification des règles de production, un meilleur confinement des poissons, une rotation régulière dans les lieux d’élevage et… la concession de milliers d’hectares de mer et de terre ferme offerte comme garantie hypothécaire auprès des banques ! Comme le rappellent les responsables de la campagne « Sauvons la mer chilienne », « Jamais dans l’histoire aucun pays n’avait permis d’hypothéquer la mer. Ce n’est pas seulement un scandale, c’est aussi le renoncement de notre pays à la souveraineté sur son territoire » |6|. Au lieu de s’inscrire dans le sillage d’Allende qui avait exproprié les grandes compagnies de cuivre (“le salaire du Chili”), le gouvernement Bachelet se sera montré beaucoup moins glorieux aux yeux de l’histoire… |7|

|3| Voir le dossier « Industria salmonera en Chile » de l’OLCA (Observatorio Latinoamericano de Conflictos Ambientales), www.olca.cl/oca/chile/region11/salmoneras.htm.
|4| Darío Zambra B., « La agonía del salmón », La Nación Domingo, 15 mars 2009.
|5| Arnaldo Pérez Guerra, “Chile : Salmoneras, crecimiento a cualquier costo”, 28 août 2003, www.ecoportal.net/content/view/full/21441
|6| Cette loi pourrait d’ailleurs être déclarée inconstitutionnelle puisqu’un recours a été présenté par 34 députés et 12 sénateurs devant le tribunal constitutionnel.
|7| Certains journalistes et militants ont même eu le mauvais gout de faire le parallèle avec le Général Pinochet qui avait lui aussi la veille de son départ, fait passer subrepticement (et en dictature) une loi léonine favorisant les intérêts de l’éducation privée dans le système scolaire du pays.

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