Avec l'économie verte, le paradis est devenu un enfer vert !

Au moment d'écrire cet article à partir de la lettre mensuelle du World Rainforest Movement (WRM), je n'avais pas bien apprécié l'enfer dans lequel les pêcheurs de Guaraqueçabá vivent actuellement.

Ces pêcheurs brésiliens de la baie de Paranaguá que je connais bien... 

Nous avons travaillé ensemble pendant deux ans sur un projet d'élevage d'huîtres de mangrove à la fin des années 1990.... Et çà marche ! : Perlas Marinhas da Ilha Rasa

Entre temps, le protocole de Kyoto est entré en vigueur. Ce traité international qui vise à la réduction des émissions des gaz à effet de serre, est à l'origine du marché Carbone (1). 

C'est le moment choisi par l'organisation brésilienne SPVS pour "vendre" des forêts de la région de Guaraqueçabá. Près de 19.000 ha pour une valeur de 18 millions de US$ à trois sociétés Nord-américaines : Chevron, General Motors et American Electric Power.

American Electric Power s'est octroyé l'un des 3 lots pour 5 millions de US$, la réserve naturelle de Serra do Itaqui qui couvre une zone de palétuviers très recherchée pour ses crabes de mangrove, principale activité des pêcheurs de la baie de Paranaguá. 

Une zone très riche aussi en huîtres de mangrove "Crassostrea Rhizophora" collectées par les femmes d'Ilha Rasa, une île isolée au milieu de la baie de Paranaguá.

Ci-contre une vue Google Earth de la partie Nord de la baie de Paranaguá 



Quand l’économie verte détruit les économies communautaires...

 Exemple du marché du carbone (1)

Au Sud du Brésil, des communautés traditionnelles vivent depuis des générations en harmonie avec les ressources naturelles de la forêt Atlantique (Mata Atlantica).

La région de Guaraqueçabá, au Nord de la baie de Paranaguá, est un paradis terrestre préservé par le peuple Caiçaras.  Un paradis sur cette côte brésilienne  dévastée. Un paradis classé au patrimoine naturel mondial de l'Unesco (Réserve de biosphère).

A partir des années 1990, ce paradis est devenu un enfer vert pour les communautés forestières et littorales...

Des programmes estampillés « économie verte » mettent en péril les moyens d'existence des peuples comme les Caiçaras, les Quilombolas et les Guaranis.

« À présent, tout est interdit et la plupart des personnes sont parties en ville, elles sont parties très loin ».


Territoire Contesté

Reportage du WRM à Guaraqueçabá dans l’état du Paraná (2)

Ce documentaire montre que des peuples comme les Caiçaras, les Quilombolas et les Guaranis ont été les véritables protecteurs des forêts : « Tout ce beau paysage que vous voyez, ce ne sont pas les soi-disant écologistes qui l’ont conservé. Non, c’est nous qui en avons pris soin et qui l’avons conservé jusqu’à présent. Nous n’avons rien ravagé, nous n’avons jamais endommagé l’environnement. Au contraire, nous avons toujours vécu ici et tout ce qu’il y a de beau, c’est nous qui l’avons fait. Personne de l’extérieur ».




Retour sur l'accaparement d'un territoire par des ONGE et des sociétés brésiliennes et étatsuniennes...

Dans l’État brésilien du Paraná, une vaste étendue de la forêt Atlantique, qui couvrait toute la côte du pays il y a 500 ans et qui se trouve aujourd’hui en grave danger, survit encore. Des communautés traditionnelles Caiçaras, Quilombolas et Guaranis habitent cette région, et leur mode de vie est étroitement lié à la forêt Atlantique.

Il y a cinquante ans, des éleveurs ont commencé à s’installer dans la zone ; ils ont défriché la forêt et se sont approprié la terre pour élever des buffles.

Dans les années 1990, deux projets sont arrivés dans le cadre de la soi-disant « économie verte ». Premièrement, la fondation Boticário, dirigée par la plus grande société brésilienne de produits de beauté, le Groupe Boticário, a acheté une partie de la forêt pour y créer la « Réserve naturelle de Salto Morato », qui s’étend sur plus de 2 000 hectares.

Vint ensuite la Société de recherche sur la nature et d’éducation environnementale (SPVS), accompagnée de The Nature Conservancy (3), une grande ONG nord-américaine. La SPVS a acheté plus de 18 000 hectares de forêt et les a transformés en réserves naturelles afin d’y stocker du carbone. Elle a reçu 18 millions de dollars de trois grandes entreprises nord-américaines : Chevron, General Motors et American Electric Power. Les trois polluent l’environnement mais affirment qu’en stockant du carbone dans la forêt, elles compensent la pollution qu’elles causent.

Ces deux projets ont eu beaucoup d’impact sur la vie des communautés traditionnelles, dont la plupart n’ont pas de titre de propriété formel de la terre qu’elles occupent ou des forêts qu’elles utilisent. À présent, elles ne sont plus libres de travailler la terre comme elles le faisaient ; elles ne peuvent plus planter ni élever des animaux.

Il y a trente ou quarante ans, la population de Guaraqueçaba était le double ou plus de ce qu’elle est aujourd’hui, parce que tout le monde travaillait ; les familles étaient nombreuses mais elles pouvaient travailler et manger. À présent, tout est interdit et la plupart des gens sont allées à la ville, elles se sont parties très loin.

Voilà ce que les habitants des lieux ont raconté à l’équipe du WRM quand elle est allée visiter les communautés Caiçaras, Quilombolas et Guaranis pour qu’elles donnent leurs propres réponses aux questions : Que pensez-vous de ce type de projets de l’économie verte ? Que se passe-t-il quand les communautés s’organisent et reprennent le contrôle de leur terre, comme c’est arrivé dans le cas de la communauté de Rio Pequeno qui, avec l’aide du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST), a occupé une zone que son propriétaire éleveur prévoyait de vendre à la SPVS. Les familles se sont organisées, elles ont installé un campement et commencé à construire un nouvel avenir pour leurs enfants.

Leurs témoignages font partie de ce documentaire qui montre que des peuples comme les Caiçaras, les Quilombolas et les Guaranis ont été les véritables protecteurs des forêts : « Tout ce beau paysage que vous voyez, ce ne sont pas les soi-disant écologistes qui l’ont conservé. Non, c’est nous qui en avons pris soin et qui l’avons conservé jusqu’à présent. Nous n’avons rien ravagé, nous n’avons jamais endommagé l’environnement. Au contraire, nous avons toujours vécu ici et tout ce qu’il y a de beau, c’est nous qui l’avons fait. Personne de l’extérieur ».

World Rainforest Movement et Philippe Favrelière (modifié le 8 décembre 2012)

(1) Dans le cas présent, le marché du carbone entre dans le cadre du marché volontaire de compensation. Les entreprises polluantes qui émettent beaucoup de gaz à effet de serre (GES) achètent des crédits carbone (sous forme de projets forestiers) représentant des réductions d’émission de CO2 et les retirer du marché afin de compenser leurs propres émissions. 
(2) Ce reportage du WRM parle essentiellement des réserves naturelles acquises par GM et Chevron et qui se situent plus à l'intérieur des terres contrairement de la réserve naturelle de Serra do Itaqui qui borde directement les eaux de la baie de Paranaguá
(3) The Nature Conservancy est la plus grosse ONGE étatsunienne dont les biens s'élèvent à plus de 5 milliards de US$. Son but est la préservation des plantes, des animaux et des communautés naturelles représentant la diversité biologique par la mise en réserve et la protection des ressources naturelles comme l'eau et les paysages dont ceux-là ont besoin... The Nature Conservancy a été fondé en 1951 et travaille dans plus de trente pays. Cette organisation compte plus d’un million de membres et protège une surface de 69 000 km2 aux USA et plus de 473 000 km2 dans le reste du monde.... D'après Wikipedia

Autres articles :

Photographies du haut vers le bas :
  • Armindo, commerçant à Ilha Rasa, une île de la Baie de Paranaguá, montre à l'auteur de cet article comment les pêcheurs capturent les crabes de mangrove (caranguejo)  
  • La pirogue et deux fileyeurs à proximité d'Ilha Rasa (baie de Paranaguá 
  • Deux pêcheuses d'huîtres de mangrove avec le grand-frère et le père  dans le village d'Almeida (Ilha Rasa) 
  • Un couple à la pêche aux crevettes dans la baie de Paranaguá 
  • Deux pêcheuses décortiquent leur récolte de moule avant commercialisation dans le village d'Ilha Rasa  


Pour aller plus loin dans le marché du carbone

La lutte contre le changement climatique : Compensation carbone volontaire


Les entreprises intensifient la lutte contre le changement climatique : + 4% en volume en 2012 pour la compensation carbone volontaire

Paris, le 30 mai 2013 – Le marché mondial de la compensation volontaire a enregistré en 2012 une progression de +4% en volume par rapport à 2011, détruisant 101 millions de tonnes de CO2 (tCO2e) pour $ 523 millions, selon le rapport State of the Voluntary Carbon Markets , réalisé par Ecosystem Market place, Bloomberg New Energy Finance et Love the World.

En 2012, la France représente 6% du marché global avec 6 millions tCO2e compensées, en progression de +20% sur un an.

« La compensation carbone volontaire est plébiscitée par les entreprises qui y voient, au-delà de leurs efforts de réduction, le meilleur moyen d’affirmer leur engagement dans la lutte contre le changement climatique » explique Bertrand Ramé, Directeur Général de Love the World.
« Malgré un contexte économique encore difficile, cette croissance est une excellente nouvelle. L’engagement des entreprises est d’autant plus important que les états ont largement montré ces dernières années leur incapacité à mener une action forte et commune pour lutter contre le changement climatique et ses nombreuses conséquences. »

L’Europe, leader de la compensation volontaire

En 2012, l’Europe se positionne comme le marché le plus actif, avec une croissance de 34% et la compensation de 43 millions de tCO2e essentiellement issue de projets situés dans les pays en développement, en dépit des difficultés que connaît le marché obligatoire.

Cette croissance est un message fort des entreprises européennes pour le soutien de la lutte contre le changement climatique.
Les Etats-Unis sont le pays le plus important grâce à l’engagement des sociétés américaines, de Walt Disney à Chevrolet, qui ont compensé près de 29 millions de tCO2e.

« Que ce soit en Amérique du Nord ou en Europe, ces résultats montrent que de nombreuses entreprises restent prêtes à agir et à prendre de l’avance sur les gouvernements quand il s'agit de lutter contre le changement climatique », explique Michael Jenkins, Président de Forest Trends-Ecosystem Marketplace.

Les chiffres clés de la compensation volontaire en 2012 :
101 millions tCO2e en 2012
$523 millions–marché mondial
43%de part de marché pour l’Europe (en volume)
$5,9 par tCO2e en moyenne
$1.6-$2.3 milliards–estimation du marché pour2020

Les motivations des entreprises

En 2012, la responsabilité sociale demeure le facteur numéro un des entreprises qui compensent leurs émissions de CO2. Pour la première fois, elles ont aussi été nombreuses à compenser pour affirmer leur leadership climatique et montrer l’exemple dans leurs domaines respectifs.

Baisse du prix à la tonne

L’étude montre une baisse du prix moyen de la tonne en 2012 à $5,9 contre $ 6,2 en 2011, toujours beaucoup plus haut que sur le marché obligatoire qui s’échange à moins de $ 1.
Selon l’étude, la très faible baisse du prix de la tonne en 2012 sur le marché volontaire a poussé de nombreux porteurs de projets à vendre leurs CER initialement destinés au marché obligatoire sur le marché volontaire.

L’éolien et les forêts au top

L’éolien, notamment plébiscité par les entreprises européennes, et la préservation des forêts restent les deux principaux types de projet financés par la compensation volontaire avec chacun 20% du marché.
Enfin, en termes de certification, le standard volontaire VCS (Verified Carbon Standard) reste la référence mondiale avec 55% du marché, suivi de loin par Gold Standard avec 13%.

Le résumé du rapport est disponible sur : http://www.forest-trends.org/vcm2013.php.

Le rapport complet « Maneuvering the Mosaic: State of the Voluntary Carbon Markets 2013 » est disponible gratuitement sur le même lien depuis la mi-Juin 2013

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La Californie met en place son "Cap & Trade" des émissions de CO2

Source : BE USA

1. Introduction

La Californie est une zone géographique particulièrement menacée par le réchauffement climatique. En 2009, l'ancien secrétaire américain à l'Energie, Steven Chu, déclarait que ce phénomène pourrait réduire à néant l'activité agricole de la Californie d'ici la fin du siècle. L'affaire est d'importance car l'Etat fournit actuellement plus de la moitié des fruits, légumes et noix du pays). En 2011, une étude tentait de chiffrer les répercussions du changement climatique pour les stations balnéaires de la région : 500 millions de dollars de perte pour Malibu et 440 millions pour Venice Beach.

La politique environnementale volontariste de la Californie s'explique donc notamment par sa forte exposition au risque climatique. En 2006, elle s'est engagée à réduire d'ici 2020 ses émissions de gaz à effet de serre au même niveau que celui de 1990 (Global Warming Solutions Act). Dans cette optique, le California Air Resources Board (ARB) a décidé en octobre 2011 d'instaurer un système de Cap & Trade semblable à celui en vigueur en Europe. La première mise aux enchères de permis d'émissions de CO2 s'est tenu le mercredi 14 novembre 2012.

2. Fonctionnement du Cap & Trade californien

En 2012, la Californie a émis 470 millions de tonnes de CO2 équivalent. Si rien n'est fait, les prévisions sont de l'ordre de 510 millions en 2020 (Source : Scoping Plan de l'ARB). En conséquence, l'Etat s'est fixé comme objectif de réduire ses émissions à 426 millions de tonnes pour 2020.

Outre des mesures régulatoires telles que le California Renewables Portfolio Standard (RPS) obligeant les producteurs d'électricité à fournir à leurs clients 33% d'électricité verte, l'ARB a choisi de monétiser les émissions de CO2 pour accélérer sa lutte contre le changement climatique. Il a préféré un système de Cap & Trade à une taxe carbone, le premier garantissant une mise au niveau souhaité d'émissions de CO2 tandis que le second se contente de définir un prix fixe pour la tonne de carbone émise.

Par ailleurs, l'application d'une nouvelle taxe en Californie devant être validée par plus des deux tiers de l'Assemblée de Californie. N'étant soumis à un vote, il est plus aisé d'instaurer un marché de permis d'émissions.

Comment fonctionne le système de Cap & Trade californien ?

Le système Cap & Trade permet de créer un marché de permis d'émission de CO2. L'agrégation de tous ces permis correspond quantitativement aux objectifs d'émissions fixés par l'ARB pour une période donnée. Le système de Cap & Trade californien se décompose en trois périodes : 2013-2014, 2015-2017 et 2018-2020. A la fin de chaque période, les émissions de CO2 d'une entreprise doivent correspondre au nombre de permis qu'elle détient. Elle peut néanmoins effectuer du "banking" entre deux périodes, c'est-à-dire stocker des permis dont elle n'aurait pas eu l'usage au cours de la première période. Ce "banking" n'est pas infini et l'ARB a fixé des niveaux de détention ("holding limits") afin que le volume de permis en possession d'un acteur ne lui permette pas d'influer sur le marché.


Toutes les industries californiennes ne sont pas soumises au système de Cap & Trade : cela dépend à la fois de leur niveau d'émissions (seules celles émettant plus de 25.000 tonnes de CO2 par an sont concernées) et de leur domaine d'activité (le programme prévoit d'incorporer au fur et à mesure de plus en plus de secteurs - production d'électricité et industrie en phase 1 puis distribution de gaz et pétrole en phase 2). En 2020, les entreprises soumises au Cap & Trade représenteront 80% des émissions totales de l'Etat.

Les permis d'émission sont délivrés par l'ARB via un système d'enchères. Cependant, la mise en place du Cap & Trade va créer un surcoût substantiel pour les industriels à haute consommation énergétique et donc de fait émettant beaucoup de CO2. Afin d'éviter une fuite des entreprises tentées de délocaliser leur production, l'ARB a décidé de leur céder gratuitement des permis d'émission selon l'impact du Cap & Trade sur leurs activités. Trois profils de risque ont été identifiés :
- Impact faible du Cap & Trade sur les activités de l'entreprise : 90% de ses émissions de début de période 1 sont couvertes par des permis délivrés gratuitement. En période 2, 50% de ses émissions prévisionnelles basées sur une baseline de réduction définie par l'ARB seront couverts. En période 3, seulement 25%.
- Impact moyen : période 1 : 100%, période 2 : 75%, période 3 : 50%.
- Impact fort : période 1 : 100%, période 2 : 100%, période 3 : 100%.

Ainsi, en période 3, une entreprise présentant un profil de risque faible se verra allouer gratuitement par l'ARB des permis pour 25% de ses émissions.

Une entreprise a la possibilité d'obtenir des crédits compensateurs ("offset credits", c'est-à-dire des crédits carbone) par l'intermédiaire de projets de développement durable (projet de reforestation par exemple). Ces crédits ne peuvent couvrir que 8% des émissions de CO2 de l'entreprise.

L'ARB ne joue aucun rôle spécifique sur le marché secondaire des permis d'émission. Il s'assure juste du bon fonctionnement de celui-ci. Pour ce faire, l'ARB a pris comme mesure de limiter en volume la possession de permis, l'objectif étant de limiter le pouvoir de marché des acteurs et d'éviter toute manipulation de marché.

Afin d'éviter toute envolée des prix de la tonne de CO2 émise qui affecterait l'économie californienne, l'ARB dispose de réserves de permis de 40$, 45$ et 50$ à introduire sur le marché à tout moment (ces prix fixés pour 2013 subiront une hausse annuelle de 5%, hors inflation). Ces possibles introductions de permis sur le marché primaire offrent à l'ARB un certain contrôle du prix de la tonne de CO2 sur le marché secondaire.

L'ARB a fixé un "prix plancher" pour la tonne de CO2 émise : 10$ en 2012 avec une hausse annuelle de 5%, hors inflation. Si, en fin de période, une entreprise ne couvre pas ses émissions de gaz à effet de serre avec les permis et les "offset credits" qu'elle détient, le prix des permis manquants qu'elle devra acheter sera multiplié par 4.

3. Différences majeures avec le système européen

Dans le système californien, les "offset credits" sont limités à 8% des émissions totales des entreprises. En Europe, aucune limite n'est prévue jusqu'en 2020. Fixer une limite présente l'avantage d'inciter les entreprises à réduire leurs émissions plutôt que de se concentrer sur des projets annexes étiquetés "développement durable".

Une autre différence fondamentale est la fixation d'un prix plancher. En Europe, la crise économique a considérablement ralenti l'activité industrielle et les émissions de CO2 des entreprises ont de fait diminué. Leur quota de permis alloué gratuitement ayant été évalué sur leur niveau d'activité d'avant la crise, elles se voient aujourd'hui délivrer des permis dont elles n'ont pas l'usage. Le prix de la tonne de CO2 s'est donc complètement effondré, la demande étant très faible et l'offre abondante sur le marché.

4. Premiers enseignements sur le Cap & Trade californien

La première mise aux enchères de permis d'émissions pour la période 2013-2015, tenue le 14 Novembre 2012, a été un succès. L'ensemble des 23,1 millions de permis disponibles ont été achetés à un prix de 10,09$ pour la tonne de carbone émise, et 97% des permis ont été acquis par des entreprises ciblées par l'ARB. Pour Scott Murtishaw, Conseiller Energie auprès du directeur de la CPUC (Mickael Peevey), ces informations témoignent de la crédibilité et de la viabilité du marché carbone aux yeux des entreprises.

Cette première mise aux enchères a rapporté à l'Etat californien 233 millions de dollars. Une des questions se pose à l'heure actuelle : quel usage va faire l'ARB des sommes levées par les ventes aux enchères des permis d'émissions ? La CPUC a récemment proposé de verser aux citoyens californiens 85% des revenus générés sous forme de "dividendes climatiques" de 30$. L'objectif de la CPUC est de contrebalancer la très probable hausse des prix résultant de la mise en place du Cap & Trade. Néanmoins, cette proposition est perçue par certains comme un manque d'engagement dans la lutte contre le réchauffement climatique dans la mesure où les fonds levés ne sont pas directement réinvestis dans des projets "verts".

Cette question reste aujourd'hui en suspens et sera traitée l'an prochain par le Gouvernement.                                                                     

Pour en savoir plus, contacts :          

-          Le site web de l'ARB : http://bit.ly/TJZJPY
-          Le site du C2ES (Center for Climate and Energy Solutions) : http://bit.ly/THGkM3


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    Services écosystémiques : de quoi parle-t-on ?


    Formation Inter / Intra | Durée : 2,0 jours

    Objectifs

    Cette session de formation a un double objectif. Elle vise, d'une part, à apporter aux auditeurs des connaissances sur la notion de services écosystémiques, sur la dynamique de sa mise à l'agenda politique (politiques de conservation de la biodiversité et de lutte contre le changement climatique, politique agro-environnementale ) au niveau international et national, sur les débats autour des méthodologies d'évaluation (monétaires et/ou quantitative) et les modalités d'opérationnalisation de la notion de SE via la mise en ouvre de dispositifs de paiements pour services écosystémiques. Les enjeux éthiques seront abordés (la notion de services écosystémiques constitue-t-elle le nouvel avatar de la dynamique de marchandisation généralisée de l'environnement et en particulier de la biodiversité est-elle socialement acceptable ...). D'autre part, des éléments de méthodes seront exposés à l'occasion de la présentation de premiers retours d'expériences de démarches locales d'opérationnalisation de cette notion de services-écosystémiques dans le contexte français.

    Contenu

    - La notion de services écosystémiques, dynamique de sa mise à l'agenda politique au niveau international et en France (IRD, UICN-France, MEDDE)
    - Pourquoi et comment évaluer les services écosystémiques : présentation des réflexions en cours (positionnement de la France par rapport aux démarches britanniques et allemande TEEB) et premiers résultats (MEDDE, ONEMA, IRSTEA)
    - Les paiements pour services écosystémiques : de nouveaux dispositifs innovants pour financer la biodiversité versus la requalification de mécanismes existants, retour d'expériences à l'étranger (UICN, AFD, IRD) et en France (MEDDE, ONF, ONEMA, CDC-Biodiversité)
    - Retour sur de premières expériences : L'étude du GIP Massif Central sur la valorisation des services sociaux et environnementaux ; exemples de création d'un fond de compensation carbone volontaire (Région Aquitaine ou CRPF Rhône-Alpes) ; Services écosystémiques et mesures compensatoires.

    Public concerné

    Ingénieurs et cadres des DDT, DREAL, Régions, Départements, collectivités locales et EPCI, Agences de l'eau, Parcs Naturels Régionaux, bureaux d'études, agences d'urbanisme, organismes de recherche appliquée
    Le tarif indiqué comprend les déjeuners des journées entières de formation.

    Contexte

    Le processus de mise en politique de la notion de service écosystémique s'est accéléré au cours des dernières années à la faveur d'initiatives internationales et nationales. Les services écosystémiques sont définis comme les bénéfices retirés par l'homme (en termes de bien-être) des processus biologiques qui permettent le fonctionnement et le maintien des écosystèmes (CGDD, 2010). L'évaluation internationale pour le millénaire (MEA, 2005) a établi une typologie des services écosystémiques qui distingue : les services d'approvisionnement, les services de régulation, les services de support (nécessaires à la production des autres services écosystémiques) et les services culturels. L'évaluation physique et monétaire de la biodiversité et des services écosystémiques est perçue comme un levier de sensibilisation et d'orientation de l'action prioritaire dans le contexte actuel du constat de leur raréfaction (CAS, 2009 ; CGDD, 2010 ; IPBES, 2011). De telles évaluations doivent permettre de guider les prises de décision individuelle et collective (intégration des coûts et des gains liés à la perte et au maintien de la fonctionnalité des écosystèmes dans les décisions publique et privée) à chacun des niveaux pertinents (au niveau micro et macro-économique). Outre les enjeux liés aux questions de leur évaluation (quels objectifs, quelles méthode ), l'émergence de la notion de services écosystémiques renouvelle également les dispositifs d'action publique, mais également privés, avec en corollaire, la création de mécanismes de paiements pour services écosystémiques.. Dans le domaine de l'agriculture d'anciens dispositifs d'action publique et privés (mesures agri-environnementales, label et certification environnementale) tendent à être requalifiés en termes de PSE (Engel et al., 2008). La genèse des PSE s'inscrit également surtout dans une dynamique de mise en « marché de la biodiversité » que le développement des politiques de compensation écologique a contribué à initier (en particulier à la faveur de la création du mécanisme de banques de compensation depuis le début des années 90 aux Etats Unis et en Australie). Ces politiques de compensation d'atteintes à la biodiversité, obligatoires, introduisent le principe de la réalisation de mesures pour restaurer, créer, améliorer ou empêcher la perte ou la dégradation d'un type d'écosystème, afin de compenser les impacts résiduels des projets d'aménagement et d'infrastructure sur l'écosystème et/ou sur ses espèces associées. Elles peuvent également être volontaires, en particulier dans le champ de la lutte contre le changement climatique (fonds de compensation carbone).

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    Le 15 mai 2013
     
    Un commerce vert est un impératif au développement durable

    Le rapport du PNUE démontre que la promotion de l'économie verte dans six secteurs clés permet de créer de nouvelles opportunités commerciales

    Cliquer Ici ou pour accéder au dossier "Green Economy" du Pnue

    Source : PNUE /UNEP

    Rendre le commerce international plus écologique représente une étape essentielle afin d'atteindre le développement durable, et les pays en développement (PED) sont bien placés pour aider à promouvoir cette transition, selon un nouveau rapport diffusé aujourd'hui par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE).

    « Aujourd'hui, dans un monde de plus en plus interconnecté où des milliards de dollars en biens et services sont échangés chaque année, rendre le commerce international plus écologique présente toujours des défis, mais offre également des opportunités considérables », a déclaré Achim Steiner, Secrétaire général adjoint des Nations Unies et Directeur exécutif du PNUE. « Si nous voulons inverser le déclin de la biodiversité à l'échelle planétaire, réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES), mettre un terme à la dégradation des terres et protéger nos océans, il est impératif que le commerce international devienne plus durable et contribue à la protection du capital naturel des économies du monde en développement ».

    Au cours des deux dernières décennies, le commerce n'a cessé de s'élargir, favorisant ainsi la croissance économique et le progrès et permettant d'éradiquer la pauvreté dans les PED. Dans le même temps, toutefois, l'augmentation du volume des échanges a exercé une pression supplémentaire sur les ressources naturelles, entraîné l'accroissement des émissions de GES et contribué aux inégalités sociales.

    La structure du commerce international montre que les PED, et en particulier les pays les moins avancés (PMA), dépendent toujours largement des produits basés sur les ressources naturelles et des matières premières pour leurs exportations. Toutefois, afin d'atteindre un développement économique durable à long terme, les PED doivent saisir les opportunités tangibles et réelles qui leur permettront de diversifier leur économie et de se positionner de manière à tirer parti de la demande globale croissante pour des produits et services plus écologiques.

    Bien qu'il ne représente encore qu'une faible part du marché international, le commerce de produits certifiés et de biens et services environnementaux est en hausse en termes absolus. Par exemple, le marché mondial des technologies à basse émission de carbone et à haut rendement énergétique, qui comprend les produits innovants dans le domaine de la fourniture d'énergie renouvelable, devrait presque tripler pour atteindre 2,2 milliards de dollars US d'ici à 2020.

    Le rapport intitulé « L'économie verte et le commerce ? tendances, défis et opportunités », constate que les PED disposant d'abondantes ressources renouvelables sont bien placés pour exploiter les opportunités leur permettant d'augmenter leurs parts de marché dans le commerce international des biens et services durables.

    Le rapport fait l'analyse de six secteurs économiques (agriculture, pêche, forêts, manufacture, énergies renouvelables et tourisme) dans lesquels les débouchés commerciaux existent, et identifie les mesures, telles que les réformes politiques et la certification, pouvant aider les PED à tirer parti de ces marchés.

    Cliquer Ici pour télécharger le rapport "Green Economy and Trade : Trends, Challenges and Opportunities", le Rapport du PNUE sur L’économie verte et le commerce – tendances, défis et opportunités

    Green Economy and Trade / Chapter 3 Fishery and Aquaculture

    Cliquer Ici pour télécharger le chapitre consacré à la pêche et l'aquaculture

    Extrait....

    3.2.2 Trade and fisheries

    Fish and fish products are the most extensively traded commodities in the food sector. As shown in Figure 3, approximately 40 per cent of fish output is traded internationally (FAO 2012a). Furthermore, fishery exports are increasing significantly. The share of total fishery production exported in the form of various food and feed items rose from 25 per cent in 1976 to about 38 per cent or 57 million tonnes in 2010. In the same period, world trade in fish and fish products grew significantly also in value terms, rising almost thirteenfold from US$ 8 billion to US$ 102 billion. In 2011, despite the economic instability experienced in many economies, increasing prices and strong demand in developing countries pushed trade volumes and values to the highest levels ever reported. Despite some softening in the second half of the year, preliminary estimates indicate that in 2011 exports exceeded US$ 125 billion (FAO 2012a).

    Due to the high perishability of fish products, 90 per cent of trade in terms of quantity (live weight equivalent) comprises processed products such as frozen food and prepared and preserved fish (FAO 2012a).

    Even if not comparable with volumes of fish traded for consumption, there is also considerable trade in aquarium or ornamental fish and supplies. An estimated one billion ornamental fish are exported annually (Dykman 2012). The world export value in 2010 was over US$ 350 million. The main exporting countries include Singapore, Malaysia and Thailand. Brazil and Columbia are also significant exporters. The main importing countries include Germany, Japan, Singapore, the US and the UK. The figures for Singapore also include re-export, from imports from all surrounding countries (Ploeg 2013).


    Trade in fish products can play a key role in the growth strategies of many developing countries. In particular, fish trade represents a significant source of foreign currency earnings. Developing countries’ net exports of fish products have been increasing rapidly in recent years. There was a seven-fold increase from 1980 to 2010 – from US$ 3.7 to 27.7 billion. Fish exports of US$ 27.7 billion represented twice the value of exports of other key commodities such as coffee from the same group of countries. In 2010, 48 per cent of fish consumed in developed countries was imported from developing countries. This share has increased by 10 per cent between 2000 and 2010, and is expected to further rise in the near future due to the steady demand in developed countries coupled with a declining domestic fish production (FAO 2012a).

    Remarque personnelle....

    Commerce vert = Plus on commerce et plus on éco-labellise...

    La pêche d'espèces sauvages déjà certifiée ou en cours d'évaluation complète enregistre des captures annuelles de près de 18 millions de tonnes métriques de fruits de mer. Cela représente environ 17% de la capture annuelle mondiale dans le secteur de la pêche d'espèces sauvages, et la demande dépasse largement l'offre. De plus, la valeur totale de fruits de mer d'élevage conformément aux normes de durabilité certifiées devrait atteindre 1,25 milliard de dollars US d'ici à 2015, comparé à 300 millions de dollars US en 2008.
     
    Certaines des tendances relevées dans ce rapport illustrent ci-dessous ce potentiel dans les secteurs étudiés :

    Agriculture : le marché mondial des aliments et boissons biologiques devrait s'accroître et atteindre 105 milliards de dollars US d'ici à 2015, par rapport à une valeur totale de 62,9 milliards de dollars US en 2011. Ainsi, la production de thé respectant les normes en matière de durabilité a augmenté de 2 000% entre 2005 et 2009.

    Pêche et aquaculture : la pêche d'espèces sauvages déjà certifiée ou en cours d'évaluation complète enregistre des captures annuelles de près de 18 millions de tonnes métriques de fruits de mer. Cela représente environ 17% de la capture annuelle mondiale dans le secteur de la pêche d'espèces sauvages, et la demande dépasse largement l'offre. De plus, la valeur totale de fruits de mer d'élevage conformément aux normes de durabilité certifiées devrait atteindre 1,25 milliard de dollars US d'ici à 2015, comparé à 300 millions de dollars US en 2008.

    Forêts : au début 2013, la surface totale de forêts certifiées à travers le monde s'établit à près de 400 millions d'hectares, ce qui représente environ 10% des ressources forestières mondiales. Les ventes de produits ligneux certifiés totalisent plus de 20 milliards de dollars US par an.

    Industrière manufacturière : de nombreux fournisseurs rendent leurs pratiques plus écologiques dans le but de sécuriser leur positionnement au sein des chaînes d'approvisionnement internationales. Cette démarche est illustrée, par exemple, par une hausse de 1 500% du nombre de certifications ISO 14001 à l'échelle mondiale dans la gestion de l'environnement entre 1999 et 2009.

    Énergies renouvelables : depuis 1990, la croissance mondiale annuelle des capacités d'approvisionnement en panneaux photovoltaïques, énergie éolienne et biocarburants représente en moyenne respectivement 42, 25 et 15%. En 2010, les investissements dans la fourniture d'énergies renouvelables ont atteint 211 milliards de dollars US, soit cinq fois plus qu'en 2004, et plus de la moitié de ces investissements ont été réalisés dans les PED. Les PED ont considérablement augmenté leurs exportations d'équipements destinés à l'exploitation des sources d'énergie renouvelables tels que les panneaux photovoltaïques, les éoliennes et les chauffe-eau solaires, tout en élargissant leur potentiel afin d'exporter l'électricité issue de sources renouvelables.

    Tourisme : en 2012, le nombre de touristes internationaux a pour la première fois atteint un milliard par an. Dans les PED, la part de marché dans cette industrie est passée de 30% en 1980 à 47% en 2011 et devrait atteindre 57% d'ici à 2030. Le sous-secteur connaissant la croissance la plus rapide dans le domaine du tourisme durable est l'écotourisme, qui est centré sur les activités liées à la nature. De nombreux PED disposent d'un avantage comparatif dans le secteur de l'écotourisme du fait de leurs environnements naturels, leur patrimoine culturel et les possibilités de circuits d'aventure.

    « Le passage à une économie verte peut ouvrir la voie à de nouveaux débouchés commerciaux, qui à leur tour permettront de rendre le commerce international plus durable », a déclaré M. Steiner. « Dans le même temps, le commerce de biens et de services environnementaux est manifestement un domaine dans lequel de nombreux PED possèdent un avantage concurrentiel. Grâce à la mise en place de politiques et régimes tarifaires adaptés, les PED sont bien placés pour encourager la transition mondiale vers une économie plus durable ».

    Le rapport identifie plusieurs domaines dans lesquels des mesures publiques et privées peuvent contribuer à soutenir les efforts des PED afin d'accéder à des marchés plus écologiques sur le plan international, à savoir :

    Investissements publics dans les infrastructures économiques majeures, l'assistance technique, les programmes d'éducation et de formation ciblés, et l'accès à des ressources durables, telles que l'électricité issue de sources d'énergie renouvelable.

    Instruments basés sur les marchés, notamment l'élimination de subventions qui encouragent la production, la consommation et le commerce non durables, et des politiques tarifaires qui prennent en compte les coûts réels de production et de consommation, tant aux plans environnemental que social.

    Cadres réglementaires qui soutiennent les industries vertes et intègrent les enjeux du développement durable dans les plans de développement nationaux et les stratégies de promotion des exportations.

    Méthodes de production à faible consommation d'énergie et de ressources afin d'assurer la compétitivité à long terme sur les marchés internationaux.

    Instances régionales et multilatérales pouvant permettre la libéralisation du commerce de biens et services environnementaux, la suppression de subventions néfastes pour l'environnement, et offrir des possibilités d'action collective en vue de relever les défis environnementaux et sociaux à l'échelle mondiale.

    Créer des opportunités commerciales durables peut impliquer que les fournisseurs doivent se conformer à un nombre croissant d'exigences environnementales et sociales. Lors des préparatifs de la Conférence des Nations Unies sur le développement durable (Rio+20), plusieurs pays ont fait part de leurs inquiétudes à l'égard des difficultés d'accès aux marchés d'exportation en raison de la complexité des régimes de réglementation. En outre, le respect des exigences peut se révéler onéreux, en particulier pour les petites et moyennes entreprises.

    C'est pour ces raisons que le soutien de l'État et du secteur privé est nécessaire afin d'aider les entreprises à rendre leurs production et chaînes d'approvisionnement plus écologiques. De plus, la coopération en matière de réglementation, l'assistance technique et financière et le renforcement des capacités seront déterminants si les PED souhaitent exploiter les nouvelles opportunités offertes par le commerce vert.

    Le PNUE, dans le cadre du Projet sur l'économie verte et les opportunités commerciales commerciaux (GE-TOP en anglais), vise à identifier les politiques et mesures qui permettraient aux PED de relever les défis et répondre à la demande d'exportation de biens et services durables.

    Suite à ce rapport, qui représente la première grande réalisation dans le cadre du GE-TOP, le PNUE passe à la deuxième phase de mise en ?uvre du projet. En réponse aux appels lancés à Rio+20 pour davantage d'actions de la part de la communauté internationale, le PNUE fournira aux PED une assistance spécifique au secteur par le biais d'un processus inclusif de consultation des parties prenantes pour qu'ils saisissent les opportunités offertes par la transition vers une économie verte.

    Note aux rédacteurs :

    Ce rapport a été rédigé grâce au soutien inextinguible de la Commission Européenne, laquelle contribue à la réalisation du programme de travail du PNUE tel qu'à travers ce projet par le biais d'un accord de coopération stratégique avec la DG Environnement sous le programme thématique pour l'environnement et la gestion durable des ressources naturelles, dont l'énergie (ENRTP). 

    Pour télécharger une copie du rapport ou pour obtenir plus d'informations sur le Projet sur l'économie verte et les débouchés commerciaux du PNUE, consulter le site suivant : www.unep.org/greeneconomy

    Pour plus d'informations, contacter :

    Nick Nuttall, Directeur des communications et porte-parole du PNUE

    Tél. : +41 795 965 737 ou +254 733 632 755, e-mail : nick.nuttall@unep.org

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    Le 30 décembre 2013

    Biodiversité. La nature n’est pas à vendre !

    Déclaration internationale pour défendre les biens communs et s’opposer aux mécanismes de compensation biodiversité

    En réaction au Forum Mondial sur le Capital Naturel qui s’est tenu à Edimbourg (Ecosse), du 21 au 22 novembre 2013, 136 organisations ont publié une déclaration pour s’opposer au principe de compensation biodiversité et ont organisé un contre-forum sur les biens communs.

    Alors que les marchés du carbone ont montré leur inefficacité à faire diminuer les émissions de gaz à effet de serre, les entreprises et les gouvernements proposent désormais d’étendre ce type de mécanisme à la biodiversité et aux écosystèmes.

    Source : Cdurable

    Le contexte

    Le principe est qu’une entreprise ayant un projet entrainant une destruction ou une dégradation d’un espace naturel puisse payer un intermédiaire pour compenser ses impacts en restaurant ou en protégeant un autre espace. Or, comme l’explique Hannah Mowat de FERN : «  La biodiversité n’est pas un produit de supermarché que l’on peut acheter ou échanger. Elle est liée aux paysages humains et culturels et sa destruction à un endroit ne peut être compensée par une action plus loin ».

    De plus, le risque associé à ce type de mécanisme est d’ouvrir un nouveau marché pour les acteurs financiers qui peuvent se placer dans la chaine des intermédiaires, et spéculer, comme l’explique Lucie Pinson, chargée de campagne pour les Amis de la Terre : « Avec les incertitudes autour de la crise économique, les banques cherchent de nouveaux investissements : la crise écologique s’accélérant, avec une demande en ressources naturelles et en énergie croissante, les banques voient dans les mécanismes de compensation biodiversité un nouveau marché florissant ».

    Si les entreprises soutiennent les mécanismes de compensation, c’est également parce qu’ils permettent d’éviter des législations plus contraignantes ou de saper la contestation locale contre un projet comme l’explique Maxime Combes d’ATTAC : «  L’extension des mécanismes de compensation biodiversité est clairement au cœur des projets de gestion de la nature que veulent mettre en œuvre des acteurs financiers pour maintenir coûte que coûte un modèle insoutenable. Le Parlement français, qui sera saisi d’une loi biodiversité au printemps 2014, devra choisir entre ouvrir les vannes de la compensation biodiversité ou alors renforcer les cadres qui permettent de bloquer les petits et grands projets inutiles destructeurs de biodiversité et d’écosystème ». Une dizaine d’organisations françaises, notamment des associations locales impliquées dans la lutte contre des projets controversés, sont ainsi signataires de la déclaration.

    L’extension des mécanismes de compensation est un phénomène mondial : « Au Brésil, le gouvernement procède à une réforme des politiques publiques pour permettre aux entreprises de « compenser » l’impact plutôt que de prévenir les dégâts. La banque de développement brésilienne, BNDES, subventionne les Etats pour qu’ils adoptent des lois locales sur les compensations carbone et biodiversité. Bien que cela soit contesté par le procureur public, ces politiques sont à l’origine de violations dramatiques des droits des peuples autochtones », explique Lucia Ortiz, des Amis de la Terre Brésil.

    Pour faire face, et dénoncer, les mécanismes de compensation biodiversité, les organisations signataires de la déclaration proposent de renforcer l’idée de bien commun comme l’explique Nick Dearden, directeur du Mouvement mondial pour le développement et co-organisateur du Forum sur les Biens Communs : « La nature est un bien commun qui appartient à tous et dont chacun est responsable. Elle doit être gérée démocratiquement, en renforçant en priorité les droits des communautés locales qui en dépendent selon le principe de bien commun et non de marché. »

    Déclaration complète : La nature n'est pas à vendre !

    Partout dans le monde, les écosystèmes (et donc les communautés qui en dépendent) sont mis à mal par de grands projets d’infrastructure, les sites d’extraction et les marchés financiers.[1] Afin de faciliter ces activités, des entités tant publiques que privées mettent sur pied des mécanismes pour ‘compenser’ leur impact sur l’environnement. Ces mécanismes pourraient aggraver la situation, et plus inquiétant encore, ils font de la nature une marchandise. C’est pourquoi les organisations signataires mettent en garde contre les effets de cette fausse solution et refusent les mécanismes de compensation pour perte de biodiversité.

    Cliquer Ici pour accéder au site de la déclaration avec la liste des signataires

    La compensation pour perte de biodiversité, c’est la promesse de remplacer ce qui est détruit dans la nature à un endroit par de la nature ailleurs. De même que dans le cas des mécanismes de développement propre (Clean Development Mechanisms, CDM) et de réduction des émissions suite à la déforestation et la dégradation des forêts (Reduce Emissions from Deforestation and Forest Degradation, REDD), la compensation pour perte de biodiversité se base sur l’avis d’‘experts’ pour faire croire qu’un morceau de la planète est équivalent à un autre.

    À qui profite le crime?

    Introduire ces compensations permet, voire encourage, la destruction de l’environnement en faisant croire qu’un habitat peut être recréé ailleurs. Tout bénéfice pour les entreprises responsables de dégradation, puisqu’elles peuvent se présenter comme si elles investissaient dans la protection de l’environnement, donnant ainsi un vernis écologique à leurs produits et services.

    Cela crée également des ouvertures pour de nouveaux intermédiaires : des consultants en conservation du biotope pour évaluer ce qui est perdu, des banquiers pour le transformer en crédits, des traders pour spéculer dessus sur de nouveaux marchés spécialisés et des investisseurs qui veulent tirer profit de ce ‘capital vert’. “Le capital naturel” est un concept artificiel reposant sur des hypothèses économiques boiteuses et non sur des valeurs écologiques, un concept qui permet la marchandisation de la nature.

    Et ceci se produit avec l’appui de gouvernements qui font en sorte que des droits de propriété sur des éléments naturels comme le carbone ou la biodiversité puissent être transférés à des sociétés et des banques.
    Les compensations ne vont pas empêcher la perte de biodiversité

    La nature est unique et complexe. Il est impossible de mesurer la biodiversité, il est donc trompeur de suggérer qu’il est possible de trouver des zones équivalentes. Il faut à certains écosystèmes des centaines sinon des milliers d’années pour devenir ce qu’ils sont – or ces compensations font semblant qu’il est possible de trouver des remplacements. [2]

    Ces compensations vont faire du tort aux communautés

    La compensation en matière de biodiversité a comme conséquence que la protection de l’environnement n’est plus qu’un sous-produit d’un projet commercial, marginalisant les communautés et menaçant leur droit à la vie. La nature joue un rôle important pour les communautés locales, que ce soit du point de vue social, spirituel ou de leur subsistance. Ces valeurs ne peuvent pas plus être mesurées, estimées ou compensées que ces communautés ne peuvent aller vivre ailleurs.[3]

    La compensation en matière de biodiversité sépare les gens du milieu où ils ont grandi, où s’enracine leur culture, où leur activité économique se déroule depuis des générations.

    La compensation en matière de biodiversité pourrait accélérer la perte de biodiversité

    Une série de cas démontrent que ces compensations accélèrent l’exploitation des ressources naturelles et sont préjudiciables aux droits des communautés à protéger et gérer leurs biens communs. Parmi ces exemples, citons :
    • Le nouveau code forestier au Brésil qui permet aux propriétaires de détruire des forêts s’ils achètent des ‘certificats de réserves environnementales’ émis par l’état et échangé à la bourse des produits verts récemment créée par le gouvernement brésilien.
    • La législation de l’UE sur les compensations en matière de biodiversité (dite ‘initiative de perte nette nulle’) qui pourrait vider les directives existantes de leur substance.
    • Des institutions financières publiques comme la Banque mondiale, la Société financière international (SFI, la branche de la BM pour le privé) et la Banque d’investissement européenne (BIE) ont integer les compensations en matière de biodiversité dans leurs norms, ce qui leur permet de financer des projets qui détruisent l’environnement.

    Il est impossible compenser de grands projets d’infrastructure et d’extraction. Une fois qu’un écosystème est détruit, il est impossible de le récréer ailleurs. Là où la compensation de biodiversité est permise, elle entraîne souvent l’affaiblissement des lois qui doivent empêcher la destruction de l’environnement. Si les compensations se couplent de quota échangeables (comme pour le carbone), la voie est libre pour la spéculation financière qui menace la nature et les droits des communautés qui en dépendent.

    Sept ans de compensation carbone n’ont pas réduit les émissions de carbone,[4] alors ne laissons pas les compensations de biodiversité ouvrir la voie à des destructions qui auraient sinon été déclarées illégales ou contraires aux critères de protection de l’environnement.

    Pour ces raisons, nous rejetons toute tentative de faire figurer des mécanismes de compensation en matière de biodiversité dans des lois, critères ou politiques publiques, qui auraient pour effet de créer de nouveaux marchés y of où la nature est devenue marchandise.

    Annexe : quelques exemples de politiques et de projets de compensation

    1. Le gouvernement britannique envisage d’introduire ces mécanismes de compensation (consultation jusqu’au 7 novembre 2013 (http://www.fern.org/UKbiodiversityconsultation). Des cas de compensation montrent que la promesse de compenser la perte est préjudiciable à l’application de lois qui empêcheraient la destruction de l’environnement, affaiblissant ainsi le processus démocratique et l’attention portée aux communautés affectées.[5]

    2. Notre Dame des Landes, en France : depuis une quarantaine d’années, il est question de construire un aéroport sur plus de 1000 hectares de terres où les agriculteurs ont préservé biodiversité et paysage traditionnel. Les lois françaises sur l’eau et la biodiversité exigeaient des compensations. ‘Biotope’ a mis au point une nouvelle méthodologie basée sur des ‘fonctions’ et non des ‘hectares’, ce qui aboutit à compenser seulement pour 600 ha. La résistance locale a réussi jusqu’à present à bloquer le projet. La Commission européenne va s’en mêler.

    3. Stratégie de l’UE sur la biodiversité à l’horizon 2020 – l’UE envisage de légiférer sur les compensations en matière de biodiversité, y compris une “banque d’habitats” qui permettrait de compenser les pertes d’espèces et d’habitats partout dans l’Union. L’objectif est d’éviter une perte nette de biodiversité, ce qui n’est pas la même chose que pas de perte.

    4. La Banque mondiale finance un projet d’extraction de nickel et de cobalt en Indonésie. Il est dirigé par la société française Eramet (http://wedabaynickel.com/), qui fait partie de BBOP (Business and Biodiversity Offsets Program: http://www.business-biodiversity.eu/default.asp?Menue=133&News=43). Le projet a déjà reçu l’aval de MIGA (la branche de la Banque mondiale qui s’occupe de couvrir les risques économiques et politiques des investisseurs) et doit être financé par la Banque mondiale, la Banque de développement asiatique, la banque japonaise pour la coopération internationale (JPIC), Coface et l’Agence française du développement (AFD) en ce qui concerne le volet compensations. Les conséquences pour les habitants et les sols sont très graves et la société civile se mobile pour combattre le projet, tant au niveau international qu’en Indonésie.
    Notes

    [1] Les méga-projets dans l’industrie minière, l’énergie, l’exploitation forestière, les transports et les monocultures entraînent l’expropriation de terres et des changements dans l’utilisation des sols, y compris la conversion de forêts à de l’agriculture à échelle industrielle. Dans le même temps, au nom de la sécurité énergétique, c’est sur grande échelle que se développent l’extraction de carburants fossiles conventionnels et non-conventionnels comme les sables bitumeux et le gaz de schiste.
    [3] Ceci illustre le fardeau disproportionné que doivent supporter des communautés qui ne sont en rien responsables de la destruction de l’environnement et dont la survie dépend d’un environnement en bonne santé.

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    Le 20 Mai 2014

    22 mai. Journée internationale de la biodiversité

    Thème 2014 : la diversité biologique insulaire

    Le thème de la diversité biologique insulaire a été choisi pour coïncider avec la décision de l'Assemblée générale des Nations Unies de désigner 2014 comme étant l’Année internationale des petits États insulaires en développement.

    Les Îles et les milieux marins proches des côtes constituent des écosystèmes uniques, souvent composés de nombreuses espèces végétales et animales qui sont endémiques — et que l’on ne trouve nulle part ailleurs sur terre. Héritage d'une histoire évolutive unique, ces écosystèmes sont des trésors irremplaçables. Ils sont également essentiels à la subsistance, à l'économie, au bien-être et à l'identité culturelle de 600 millions d’habitants insulaires — soit un dixième de la population mondiale.

    La Convention sur la diversité biologique traduit l’engagement de la communauté internationale pour la conservation de la diversité biologique, l'utilisation durable de ses éléments et le partage juste et équitable des bienfaits découlant de l'exploitation des ressources génétiques.

    Les produits et services essentiels offerts par notre planète sont fonction de la variété et de la variabilité des gènes, des espèces, des populations et des écosystèmes. En effet, les ressources biologiques nous nourrissent et nous fournissent vêtements, logements, médicaments et nourritures sprirituelles.

    La dégradation de la diversité biologique à laquelle nous assistons actuellement est essentiellement la conséquence de l'activité humaine et met gravement en péril le développement humain.

    Le 20 décembre 2000, l'Assemblée générale a proclamé le 22 mai Journée internationale de la diversité biologique (résolution 55/201) pour commémorer l’adoption de la Convention sur la diversité biologique le 22 mai 1992 lors de la Conférence de Nairobi. Auparavant, la journée était célébrée le 29 décembre (résolution 49/119 du 19 décembre 1994). Pour en savoir + : ONU

    Journée internationale de la biodiversité 2014

    Les Îles et les milieux marins proches des côtes, constituent des écosystèmes uniques, souvent composés de nombreuses espèces végétales et animales qui sont endémiques — et que l’on ne trouve nulle part ailleurs sur terre. Héritage d'une histoire évolutive unique, ces écosystèmes sont des trésors irremplaçables. Ils sont également essentiels à la subsistance, à l'économie, au bien-être et à l'identité culturelle de 600 millions d’habitants insulaires — soit un dixième de la population mondiale. En savoir plus sur l'importance des îles.
    Le thème de la diversité biologique insulaire a été choisi pour coïncider avec la décision e l'Assemblée générale des Nations Unies de désigner 2014 comme étant l’année Internationale des petits états insulaires en développement. En outre, le thème a été choisi pour correspondre avec le calendrier de la décision XI/15 alinéa 1(a) de la CdP qui vise « à renforcer la mise en œuvre du programme de travail sur la diversité biologique insulaire ».

    Partenariat insulaire mondial (GLISPA)
    Le Partenariat insulaire mondial (GLISPA)(GLISPA en anglais) aide les îles à aborder l’un des plus grands défis du monde: la conservation et l'utilisation durable des ressources naturelles insulaires inestimables qui permettent à des populations, à leurs cultures et modes de subsistance, d’exister dans leurs îles respectives du monde entier.

    Il s'agit d'un partenariat qui englobe toutes les îles du monde, quelle que soit leur taille ou leur statut politique, et qui les encourage à prendre des mesures audacieuses en faveur d’une plus grande durabilité. Le partenariat fournit une plateforme mondiale permettant aux îles de travailler ensemble pour développer des solutions à des problèmes communs, de prendre des engagements de haut niveau et de mener des actions répondant à ces défis mondiaux. 

    Pour en savoir + : Cdb

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    Le 18 Août 2014

    “Carbone Bleu” ou “REDD Bleu” : la marchandisation des territoires marins côtiers

    Lutte contre le changement climatique : La restauration de mangrove dans les Pays du Sud représente des crédits carbone pour les grandes sociétés (qui diminuent ainsi leur empreinte CO2)

    “Carbone Bleu” ou “REDD Bleu” correspond au Carbone stocké dans les écosystèmes marins côtiers. Ce stockage a lieu de façon naturelle, en particulier par l’absorption de CO2 que font les plantes aquatiques. D’après les promoteurs de « Carbone Bleu », les écosystèmes marins côtiers riches en plantes, comme les mangroves, les prairies d’herbes marines et les marais salants piègent de grands volumes de Carbone de l’atmosphère et les stockent dans leurs sédiments et leurs sols. Les pays du nord  considère le « Carbone Bleu »  comme une alternative importante qui leur permet de « réduire » les émissions de carbone en payant pour que d’autres les réalisent. Les pays du sud, eux, y voient une opportunité pour obtenir de l’argent pour la conservation de leurs forêts. Selon l'ONG World Rainforest Movement (WRM), les projets “Carbone Bleu” ou “REDD Bleu” représentent une nouvelle et grave menace pour les populations littorales par la marchandisation des territoires marins côtiers...

    REDD est l’abréviation de Réduction des Emissions de la Déforestation et de la Dégradation des forêts. 


    Nous appelons « territoires marins côtiers » les régions qui possèdent des mangroves et leurs zones d’influence, les prairies d’herbes marines et les marais salants. Dans ces territoires et dans leurs environs vivent des communautés qui dépendent des mangroves et d’autres écosystèmes marins côtiers pour leur survie.

    1 - Qu’est-ce qu’un projet de « CarboneBleu » ou « REDD Bleu » ?

    Ceux qui chercheront à se renseigner sur le « CarboneBleu » ou « REDD Bleu » découvriront que cela ressemble au système REDD (Réduction des émissions dues au déboisement et à la dégradation des forêts ; voir le site de WRM), que l’on propose depuis des années dans les forêts tropicales terrestres d’Amérique latine, d’Afrique et d’Asie. Dans le cas de « REDD Bleu », il s’agit du Carbone stocké dans les écosystèmes marins côtiers, et surtout dans les mangroves. Ce stockage a lieu de façon naturelle, en particulier par l’absorption de CO2 que font les plantes aquatiques. D’après les promoteurs de « REDD Bleu », les écosystèmes marins côtiers riches en plantes, comme les mangroves, les prairies d’herbes marines et les marais salants piègent de grands volumes de Carbone de l’atmosphère et les stockent dans leurs sédiments et leurs sols.

    Les projets de « Carbone Bleu » ou « REDD Bleu » qui sont déjà en route sont généralement mis en œuvre dans une zone déterminée d’une mangrove, dans le but de la conserver ou de la restaurer. Comme dans les projets REDD pour les forêts terrestres (voir le Bulletin nº 184 du WRM), on vise à montrer que, par une incitation financière additionnelle, il est possible d’éviter les émissions de carbone ou d’accroître les stocks de carbone dans la zone du projet. Premièrement, on fait l’inventaire de la quantité de carbone qui serait « stockée » dans la zone du projet pendant une période déterminée. Par une série de calculs, on essaie de prévoir la quantité de carbone que contient la zone au début et à la fin du projet. Suivant la logique de REDD, il faut également prévoir la quantité de carbone que la zone du projet contiendrait à l’avenir si le projet n’avait pas existé. Ces calculs donnent pour résultat la quantité supposée de carbone que le projet va générer (les « crédits carbone »), mais il est impossible de les faire avec précision (1). Suivant la logique du marché du carbone, l’acheteur de ces « crédits » aurait le droit de continuer à émettre la quantité de CO2 que le projet permettrait de « stocker ». Dans la pratique, la réduction des émissions de CO2 est nulle, parce que le carbone censément « stocké » dans la zone de la mangrove sera émis ailleurs par l’entreprise acheteuse des « crédits ».

    Les promoteurs d’initiatives de « CarboneBleu » ou « REDD Bleu » espèrent que les marchés du carbone pourront produire à l’avenir l’argent nécessaire pour financer leurs projets. C’est pourquoi ils font de fortes pressions pour que « REDD Bleu » soit inclus dans un accord international sur REDD, au cours des conférences climatiques annuelles de l’ONU dans le cadre de la CCNUCC : les dénommées CdP du climat. Les gouvernements du Costa Rica, de Tanzanie, d’Indonésie et de l’Équateur ont déjà inclus les mangroves dans leurs politiques nationales sur REDD (2).



    Les arguments des promoteurs du « CarboneBleu » ou REDD Bleu et les réponses

    Les promoteurs du « CarboneBleu » ou « REDD Bleu » se servent d’une série d’arguments pour défendre cette idée. Nous allons en mentionner quelques-uns et chercher à y répondre.

    Argument 1 : les écosystèmes marins côtiers sont capables d’absorber beaucoup de carbone, plus que les forêts terrestres, et les connaissances scientifiques disponibles pour mesurer qui sont suffisantes

    D’après le portail internet « Carbone Bleu » (3), « Les taux de piégeage et de stockage de carbone sont comparables aux taux de piégeage d’écosystèmes terrestres tels que les forêts tropicales ou les tourbières et, souvent, ils sont même plus importants ». On affirme également que, « à la différence de la plupart des écosystèmes terrestres, qui atteignent l’équilibre du carbone au sol en quelques décennies, le dioxyde de carbone peut continuer à se déposer dans les sédiments d’un écosystème côtier pendant des milliers d’années ». Des études menées par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et par l’Organisation de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) suggèrent que « 7 % des réductions des émissions de dioxyde de carbone (CO2) nécessaires pour  maintenir la concentration de ce gaz dans l’atmosphère au-dessous de 450 ppm (une valeur qui, pour la plupart des scientifiques, nous donnera 50 % de possibilités de maintenir le réchauffement planétaire dans la limite de 2 degrés)  peuvent suffire à protéger et à récupérer des mangroves, des marais salants et des prairies marines, soit la moitié de ce qu’on espère obtenir avec REDD [dans les forêts terrestres] ». C’est pourquoi les promoteurs du « CarboneBleu » affirment qu’il s’agit d’un « instrument transformateur pour la gestion du carbone naturel à l’échelon mondial » (5).

    Les promoteurs du « CarboneBleu » affirment aussi que « de nos jours, les connaissances scientifiques sur le piégeage de carbone et sur les émissions potentielles des écosystèmes côtiers sont suffisantes pour développer des incitations favorables à une gestion efficace et des politiques pour la conservation du carbone Bleu côtier ». (6)

    Réponse à l’argument 1 :

    Premièrement, les projets de « REDD Bleu » utilisent le même système de calcul des émissions des projets REDD pour les forêts terrestres, et ces calculs ne sont pas fiables. Il y aura toujours une quantité approximative de carbone au début d’un projet, et une estimation assez subjective de la quantité de carbone qui aura été « stocké » à la fin du projet. En outre, les scientifiques se heurtent à beaucoup de difficultés pour arriver à comprendre les processus de stockage de carbone. D’après Gabriel Grimsditsch, fonctionnaire du programme des écosystèmes marins du PNUE, « il existe des incertitudes considérables quant à ces estimations et à la compréhension du stockage de carbone dans les écosystèmes côtiers ». (7)

    Les « phrases à effet » qu’utilisent les études et les projets pour parler de volumes de « CarboneBleu » qui seraient stockés sont révélatrices de ces incertitudes. Tandis que l’Initiative pour le « CarboneBleu » affirme que le taux de piégeage de carbone des mangroves serait de « deux à quatre fois plus important que les taux observés dans les forêts tropicales du monde » (8), la FundaciónNeotrópico qui développe un projet-pilote de « CarboneBleu » au Costa Rica affirme que les zones côtières et marines, telles que les mangroves et d’autres marais, « stockent jusqu’à cinq fois plus de carbone que les forêts tropicales » (9).

    Quant à la publicité sur le « CarboneBleu », elle fait peu de références à l’incidence des changements climatiques existants sur les océans et les zones marines côtières et aux fonctions vitales que ces derniers accomplissent. On sait que l’augmentation du piégeage de CO2 de l’atmosphère par les océans a augmenté l’acidité de l’eau. À long terme, la présence de davantage de carbone dans les océans peut avoir une série d’effets qui non seulement vont interférer avec la capacité des océans de piéger du CO2 mais vont stimuler le processus inverse, c’est-à-dire l’émission de carbone par les océans. Ces processus sont encore peu étudiés et mal compris, de sorte que l’incertitude est encore plus grande quant à ce qui se passera avec le « CarboneBleu » à l’avenir. Pourtant, toutes ces incertitudes n’ont pas empêché la mise en œuvre de quelques initiatives qui arrivent même à paraître absurdes.

    Les absurdités du « CarboneBleu »

    Sous prétexte que les océans sont « les endroits les plus prometteurs pour piéger du carbone », le Centre de recherches sur le piégeage de carbone des océans du Département de l’énergie du gouvernement des États-Unis, dont le siège est à Berkeley, a mené une étude sur l’injection directe de CO2 à une profondeur de 1 000 mètres ou plus, dans des stations situées sur la côte ou dans la mer, avec des bateaux qui disposaient de tuyaux suffisamment longs. Une autre technique étudiée est la dénommée « fertilisation » des océans avec des particules de fer minuscules (nanoparticules) pour stimuler la fixation de carbone que fait le phytoplancton (10). En 2007, une commission scientifique intergouvernementale avait prévenu que la fertilisation des océans avec du fer pour augmenter le piégeage de carbone de façon commerciale comportait « des risques pour l’environnement, et il n’existe pas de preuve scientifique de son efficacité ». Cette déclaration répondait à une tentative de l’entreprise PlanktosInc de lancer 100 tonnes de fer dans une zone de 10 000 km2 du Pacifique, dans le but de pouvoir vendre des crédits carbone (11).


    Argument 2 : les territoires côtiers et marins sont en train de se détruire rapidement à cause de la mauvaise gestion

    (...)

    Argument 3 : les territoires marins côtiers ont une grande valeur monétaire en raison de la valeur de leurs « services écosystémiques », et la reconnaissance de cette valeur peut assurer leur conservation

    (...)

    3 - Quelques initiatives importantes de « CarboneBleu » ou « REDD Bleu », et ceux qui les ont lancées

    En 2009, la transnationale française Danone, avec l’UICN (16) et RAMSAR (17), a organisé la restauration de quelque 4 700 ha de mangroves, à Casamance et Sine Saloum, au Sénégal. Elle a entrepris aussi un projet de récupération de mangroves sur près de 6 000 ha aux Sundarbans, en Inde. L’entreprise rapporte qu’il s’agit d’un investissement d’environ 23 millions d’euros, qui va générer entre 6 et 11 millions de tonnes de crédits carbone par an, sur une période de 23 ans (18). L’entreprise peut utiliser ces crédits pour « compenser » ses propres émissions, ou les revendre sur les marchés du carbone.

    (...)

    4 - Activités prioritaires des promoteurs du « CarboneBleu »

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    5 - Comment conserver les territoires marins côtiers ?

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    Winnie Overbeek, winnie@wrm.org.uy


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