Mortalité 2010 : Aidons les ostréiculteurs à sauver les huîtres !

Après deux années de mortalités massives de jeunes huîtres, l’année 2010 ne se présente pas sous les meilleurs auspices pour l’ostréiculture française. Depuis la mi-avril, le naissain d’huître recommence à mourir dans les centres ostréicoles en Méditerranée (Etang de Diana en Corse, Etangs de Thau et de Leucate en Languedoc). Il est probable que dans les jours à venir, la mortalité touchera aussi les centres de productions de l’Atlantique et de la Manche.

Au moment où cette nouvelle vague de mortalité débutait dans le Sud de la France, l’OCDE accueillait à Paris un colloque international sur l’avenir de l’aquaculture mondiale (OCDE : Faire progresser le dossier de l’aquaculture - Actions publiques pour un avenir durable de l'aquaculture). Des experts du monde entier donnaient leur vision de l'Aquaculture de demain. Lors de son exposé, Maurice Héral, Directeur des programmes et de la stratégie à l’Ifremer et chercheur reconnu dans le domaine de l’ostréiculture tirait la sonnette d’alarme : « Save the oysters ». Sauvons les huîtres confrontées à des mortalités massives estivales de naissains partout dans le monde.

Sauvons les huîtres….

Avant de tirer des plans sur l’Aquaculture de demain, il est urgent de sauvegarder les activités aquacoles existantes, des activités qui dans les années 1980 avaient placé la France parmi les toutes premières nations aquacoles dans le monde. Aujourd’hui, la pisciculture française en eau douce est mal en point. L’ostréiculture au bord du gouffre ! Ces deux productions représentent avec la mytiliculture les piliers de l’aquaculture française. Avec une production totale comprise entre 230.000 et 250.000 tonnes annuelles, l’aquaculture contribue à 30% de la production halieutique nationale (pêche + aquaculture).

Au cours de son développement, la conchyliculture a vécu des moments difficiles. A chaque fois (1), les ostréiculteurs et les mytiliculteurs ont surmonté les obstacles. Ils ont même fait preuve d’innovation avec l’extension des champs conchylicoles plus au large pour la production de moules et d’huîtres en offshore.

Quelques obstacles :
  • Dans les années 1950-60 : Attaque de Mytilicola sur les moules de bouchot en Charente-Maritime, « contrée » par un redéploiement de la mytiliculture en Bretagne et en Manche….
  • Pendant les années 1900 : Disparition progressive de l’huître plate et remplacement par l’huitre creuse portugaise, « délogée » ensuite par la japonaise importée du Pacifique.

…. En aidant les ostréiculteurs à passer le cap de la surmortalité !

Pour le moment, aucune réponse n’a été apportée à la surmortalité des jeunes huîtres. De multiples hypothèses sont avancées. Les entreprises ostréicoles survivent dès lors sur les stocks d’huîtres d’avant hécatombe. L’enlisement de la situation ne peut qu’affaiblir le secteur ostréicole et fragiliser ce réseau de plus de 3000 exploitations familiales dans des zones littorales très convoitées.

Pourquoi aider l’ostréiculture ?

Des emplois stables par rapport à des emplois saisonniers : L’ostréiculture familiale, c’est le maintien d’une économie locale forte (avec plus de 10.000 emplois liés directement à l’activité) dans des zones rurales littorales marquées par des flux touristiques très saisonniers.

Un produit phare dans les produits de la mer consommés en France : Les huîtres, c’est un marché de près de 130.000 tonnes qui génère plus de 500 millions d’euros de chiffres d’affaires annuels (2). (En France, la production annuelle « Pêche + Aquaculture » s’élève à 700.000 tonnes pour un CA de plus de 2 milliards d’euros)

L’ostréiculture, une activité aquacole très productive

L’élevage d’huître fait partie des activités aquacoles les plus performantes en termes de productivité. Les huîtres s’alimentent essentiellement de phytoplancton présent naturellement dans l’eau de mer. Les huîtres, essentiellement l’huître japonaise, entrent dans le clan des espèces aquacoles les plus élevées dans le monde avec algues, carpes, moules, tilapias, poissons-chats,… Toutes ces espèces qui constituent plus de 90% de la production aquacole mondiale, sont situées aux niveaux inférieurs de la chaîne alimentaire. Contrairement à la pêche ou à l’aquaculture dite « nouvelle », où les espèces capturées ou élevées (saumon, bar, daurade, turbot, sériole, crevette,….) sont principalement des espèces carnivores marines situées à un échelon élevé de la chaîne alimentaire aquatique.
Philippe FAVRELIERE

(1) à l’exception de la vénériculture : L’élevage de palourde, précurseur des techniques conchylicoles à partir de naissain d’écloseries, n’a pas survécu aux maladies suite à l’intensification des productions. N’y aurait-il pas un parallèle à établir avec les mortalités massives du naissain d’huîtres ?
(2) Selon FranceAgriMer : 269 millions d’euros (pour 113.215 tonnes) en 2008 – il s’agit probablement d’un chiffre d’affaires calculé sur un prix de vente en gros qui ne tient pas compte de la plus-value vente directe très importante pour les huîtres.

Autres articles :

5 mai 2010 : Naissance du Syndicat National de l’Ostréiculture à Paris sur le pont de l’Alma (Source : Celsa Buzz)

Photographie : La Belle d'Oléron

Informations complémentaires :

Tour d'horizon sur l'aquaculture mondiale

Colloque OCDE : Faire progresser le dossier de l’aquaculture - Actions publiques pour un avenir durable de l'aquaculture – Paris 15 et 16 avril 2010

Des intervenants et leurs présentations (diapositives) :

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