Un Prix Pinocchio pour certaines filières de poissons d'importation

Pour la deuxième année consécutive, les Amis de la Terre lance un concours couronné des « Prix Pinocchio ». Cette association de protection de l’homme et de l’environnement veut dénoncer l’utilisation abusive du terme développement durable par certaines entreprises françaises. L’association veut ainsi signaler les impacts négatifs de certaines sociétés, en contradiction avec le concept de développement durable qu’ils utilisent uniquement comme outil marketing. Ce qu’on appelle aussi « Greenwashing ».

Ces « Prix Pinocchio » ne concernent que les grands groupes français. S’ils étaient développés à des filières d’importation, celles des produits de la mer auraient à coup sûr le premier prix…

L’association de consommateurs étatsunienne « Food and Water Watch » s’inquiète de la prolifération de colloques, symposium, expositions et autres forum autour des produits de la mer durables. Pour cette organisation, beaucoup relèvent du Greenwashing. Elle prend l’exemple de la Chine qui va organiser à Qingdao en novembre 2009, un forum sur la production durable des produits de la mer, « Sustainable Seafood Forum », une manifestation co-parrainée par le Ministère chinois de l'Agriculture et de la Mer.

Food and Water Watch dénonce le Greenwashing sur la filière Poisson à partir de la Chine :

« Alors que toute tentative visant à « passer au vert » et à réduire les impacts négatifs sur l'environnement doit être reconnue et saluée, le « Sustainable Seafood Forum » nous donne l’occasion de faire le point sur la situation réelle en Chine. Avec autant d'entreprises qui revendiquent aujourd'hui des produits « respectueux » de l'environnement, il est important d’identifier attentivement les pratiques qui relèvent du greenwashing.

Il est difficile d’imaginer que l’aquaculture chinoise ait atteint aussi rapidement un niveau de « durabilité » correct, étant donné les nombreux problèmes environnementaux et de santé humaine souvent associés à l'élevage de poissons. Les manquements dans l’application de la réglementation sanitaire, les défauts d’encadrement dans les élevages aquacoles et la pollution des eaux font partie des problèmes que doit surmonter l’aquaculture chinoise avant d’espérer de recevoir une quelconque reconnaissance « durable ». L’utilisation massive d’antibiotiques et de pesticides ne peut que nuire à l’environnement aquatique et décimer les espèces autochtones. L’alimentation des poissons d’élevage contribue à l’épuisement des ressources sauvages.

En plus des impacts négatifs sur la nature, les activités piscicoles sont associées à de graves problèmes de santé alimentaire. Il y a eu de nombreux scandales de sécurité alimentaire tant en Chine qu'à l'étranger au cours de ces dernières années impliquant des produits de la mer chinois, comme la mélamine, les substances cancérigènes, les antibiotiques,.... En 2006 à Shanghai, des tests ont révélé la présence de substances cancérigènes dans des turbots chinois et qui touchaient l'ensemble des échantillons. Les autorités étatsuniennes qui, comme nous l'avons souligné, examinent uniquement 2% des produits de la mer importés – ont augmenté le nombre de refus à l’introduction de produits chinois à cause de résidus médicamenteux. En 2006, près de 60% des importations refusées pour ce type de résidus provenaient de Chine.

Nous appuyons fermement les efforts visant à rendre l'industrie plus durable. Mais les gens ne devraient pas s’en tenir à des campagnes de relations publiques qui tentent de brosser un tableau écologique pour une activité opprise à de nombreuses difficultés. Erica Schuetz

Il est étonnant qu'en France, grand importateur de produits halieutiques à partir de la Chine, aucun problème ne soit signalé !

Autres articles :

Informations complémentaires :

Pour voter à aller sur Les Amis de la Terre : Prix Pinocchio

Le 25 novembre 2009 :

Voir : les Lauréats du prix Pinocchio

Parmi les lauréats, BNP PARIBAS est classé 3e du Prix Pinocchio « Environnement » pour :

Le financement d'un projet pétrolier et gazier qui menace les dernières baleines grises occidentales du monde (Russie)

Le projet russe Sakhaline II est décrit par ses concepteurs comme le plus grand projet pétrolier et gazier intégré au monde. Il comprend trois plate-formes pétrolières et gazières off-shore et des oléoducs et gazoducs sous-marins. Ces énergies fossiles seront ensuite transportées sur terre à travers l'île sibérienne de Sakhaline, située dans le Pacifique nord-occidental, par 800 km de tuyaux, débouchant sur un des futurs plus grand terminal et usine d'exportation de pétrole & gaz au monde, situés dans le sud de l'île. Le projet pourrait coûter jusqu'à 22 milliards de dollars et implique des entreprises russes, japonaises et occidentales, ainsi que des banques et agences de crédit à l'exportation des mêmes régions, incluant BNP Paribas. Un des principaux problèmes environnementaux réside dans la présence des dernières baleines grises du Pacifique occidental dans la zone d'exploitation pétrolière, qui empiète sur la seule zone d'alimentation estivale de ces mammifères. La présence des 120 derniers spécimens d'une population menacée d'extinction a d'ailleurs fortement diminué à l'été 2008, concrétisant les inquiétudes des associations écologistes. Les baleines sont ainsi confrontées aux nuisances sonores de la construction, ainsi qu'aux risques de collision, et de marée noire.La construction des tuyaux sur l'île a également conduit à des dégâts dans les rivières riches en saumons sauvages. Celle du terminal de Prigorodnoye, notamment, a provoqué en 2005 le déversement des déchets issus du creusement de la baie d'Aniva, perturbant gravement les ressources halieutiques et l'écosystème local. Par ailleurs, le projet ne prévoit toujours pas de mesures adéquates pour répondre au risque de marée noire en conditions hivernales.Malgré les déficiences constatées dans le développement de ce projet et les vives protestations étayées des ONG, et alors que cette population de baleines grises figure sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN , BNP Paribas, une des plus grosses banques au monde, a participé en juin 2008, en toute connaissance de cause, au financement de ce projet pour un montant de 82 millions d'euros.Pour en savoir plus :

- Site « Secrets bancaires » : http://www.secretsbancaires.fr - France Info, chronique de Nathalie Fontrel : La baleine et le pétrole

- RFI, le quotidien de la mer : Urgence, menace sur les baleines grises

- Page dodgy deals de BankTrack (en anglais) : Sakhalin II oil and gas project

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Le 20 octobre 2010

Les Prix pinocchio du Développement Durable 2010 : le vote est lancé (Cdurable)

Les Amis de la Terre, en partenariat avec le CRID et Peuples Solidaires, lancent aujourd’hui le vote public des internautes pour l’élection des Prix Pinocchio 2010. Douze entreprises françaises ont été nominées et concourent dans trois catégories : Environnement, Droits Humains et Greenwashing. Toutes se disent en faveur du "développement durable" alors que leurs impacts réels sont lourds et négatifs pour l’environnement ou les populations locales. A l’issue du vote, une cérémonie publique de remise des prix sera organisée le 9 novembre 2010 au Comptoir Général à Paris.

  • Prix Pinocchio "Droits humains" (Sodexo - JL Vilgrain, Somdiaa, Sosucam – Orange - GDF-Suez)
  • Prix Pinocchio "Environnement" (AXA – Total – Eramet – Alstom)
  • Prix Pinocchio "Greenwashing" (Crédit Agricole - SNCF Zéro Carbone - Aéroport de Beauvais-Tillé - Renault/Dacia)

Pour plus d’informations : Prix Pinocchio du développement durable 2010

Et pour voter jusqu’au 9 novembre 2010 cliquer Ici

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Le 25 novembre 2011

En 2011 : Les prix Pinocchio touchent indirectement les activités halieutiques

Prix Pinocchio : les cancres du développement durable (Le Monde)

Côté pile, elles se disent écolos et engagées en faveur du développement durable. Côté face, elles mènent des activités aussi lucratives que leurs conséquences environnementales et sociales sont néfastes. Elles, ce sont Vinci, la Société générale et Tereos. Elles ne sont pas les seules — loin s'en faut — mais les pires, aux yeux des internautes. Jeudi 17 novembre, elles se sont vu décerner, par les Amis de la Terre, les prix Pinocchio du développement durable, qui récompensent chaque année les plus gros mensonges et les plus graves omissions des entreprises en la matière.

Dans la catégorie "Plus vert que vert", qui concerne ce que l'on appelle le greenwashing, soit l'écoblanchiment lié à l'usage abusif d'arguments environnementaux dans la publicité et le marketing, c'est Vinci qui remporte la mise. Le géant français du BTP est pointé du doigt en raison du projet d'aéroport Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), dont il est le concessionnaire. La construction de l’aéroport et de ses infrastructures entraînerait le bétonnage de près de 2 000 hectares de terres agricoles fertiles et une perte de biodiversité avec la destruction d’un bocage. "Ce projet suscite une opposition locale depuis près de quarante ans, livre Romain Porcheron, chargé de la campagne sur la responsabilité sociale et environnementale des entreprises aux Amis de la Terre. Or, pour tenter de minimiser ces impacts écologiques négatifs, Vinci a proposé la création d'une Association pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP) dans l'aéroport et une ferme de démonstration en face des parkings. C'est typiquement une démarche de greenwashing."

La catégorie "Une pour tous, tous pour moi !", elle, dénonce l'entreprise sucrière française Tereos, pour son programme d'agrocarburants au Mozambique. Dans un pays qui fait face à de graves problèmes de sécurité alimentaire, avec 70 % de la population en-dessous du seuil de pauvreté et des émeutes de la faim qui ont causé 13 morts et plus de 300 blessés, la culture d'agrocarburants aggrave encore la situation, les terres arables étant utilisées pour nourrir les voitures d'Européens et non les populations locales. "Un contrat de 100 000 hectares de terres fertiles a été attribué à Tereos pour une durée de 25 ans, avec une possibilité d’extension de 15 000 hectares, et dans des conditions fiscales très avantageuses. L'entreprise dégage ainsi des profits mirobolants alors que la population meurt de faim", déplore Romain Porcheron.

Enfin, la société générale remporte le prix "Mains sales, poches pleines", pour son rôle dans le financement de l'énergie nucléaire. La banque française coordonne ainsi un consortium de banques privées qui finance, à hauteur de 1,1 milliard d’euros, la construction du réacteur Angra 3 au Brésil. Un projet de centrale décrié pour ses conditions de sécurité défaillantes et sa localisation — à 130 km à l’ouest de Rio de Janeiro et à 220 km à l’est de Sao Paulo. La Société générale est également pressentie pour participer au financement de la centrale de Jaitapur en Inde, sur un site à la jonction entre trois plaques tectoniques.

Un prix Pinocchio d'honneur a en outre été remis à Total "pour l'ensemble de son action", qu'il s'agisse de l'extraction de sables bitumineux au Canada, de pétrole au Nigeria ou le permis d'exploitation de gaz de schiste que l'entreprise vient de décrocher aux Etats-Unis. "Malgré les nombreux avertissements de la société civile, Total poursuit dans la voie des énergies fossiles néfastes pour l'environnement et la santé", remarque Romain Porcheron.

"Une fois de plus, les prix Pinocchio mettent l'accent sur les décalages entre les discours et la réalité, explique le chargé de mission. Grâce à des budgets en communication colossaux, ces entreprises bénéficient de retombées positives en termes d'image auprès de leurs actionnaires, de leurs clients et des citoyens, alors qu'elles ne s'engagent que sur des grands principes généraux peu opérationnels, et ne sont pas redevables de leurs actes en cas de non-respect de ces approches volontaires. Par ailleurs, elles font payer leurs dégâts aux populations les plus démunies, notamment celles du Sud."

"Les pouvoirs publics français et européens doivent donc encadrer de façon contraignante les activités de ces entreprises", conclut-il.

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