La pêche aux QIT : Spéculation sur les stocks de poissons !

Sous le titre « Un récit édifiant sur la pêche des QIT », l’ONG Ecotrust Canada vient de publier une étude en huit volets sur la gestion des pêcheries selon le système des Quotas Individuels Transférables en Colombie Britannique. Cette organisation dresse des constats sans appel, le système des QIT enrichit des spéculateurs, il appauvrit les pêcheurs et il ne permet pas d’améliorer la gestion de la ressource halieutique.

L’Etat de Colombie Britannique sur la côte Pacifique canadienne a adopté le système des Quotas Individuels Transférables (QIT) à partir de la fin des années 1980.

En se basant sur des pêcheries « quitées » depuis près de 20 ans, Ecotrust Canada a assez de recul pour évaluer ce système de gestion halieutique. Cette organisation qui milite pour un développement économique et communautaire dans le respect de l’environnement, constate et démontre dans ces différentes études que les QIT ne contribuent pas à atteindre les objectifs fixés. Elle dénonce avec véhémence les conséquences désastreuses de ce système de gestion à un moment où le gouvernement canadien pense étendre ce mode de gestion à d’autres Etats côtiers et que l’administration Obama souhaite développer cette pratique pour les pêcheries de l’autre côté de la frontière de Colombie Britannique.

« Les quotas individuels transférables sont fortement encouragés ; ils sont considérés comme une solution pour protéger les ressources halieutiques et pour régler les problèmes financiers qui affligent les flottes de pêche partout dans le monde. Toutefois, notre expérience en Colombie-Britannique nous permet de dire que la spéculation sur le marché des QIT a créé beaucoup de problèmes et ce système de gestion n'a rien résolu », dit Tasha Sutcliffe, directrice de programme pour la pêche à Ecotrust Canada.

« Sous le régime des QIT, les pêcheurs de Colombie-Britannique sont devenus progressivement des locataires qui paient des loyers exorbitants aux propriétaires de quotas, appelés «Sealords». Ces locations lucratives ont à leur tour fait monter le coût de la pêche et le prix d'achat des quotas, rendant l’exploitation de plus en plus onéreuse pour de nombreux pêcheurs », ajoute Sutcliffe.

D'après un article du The Fisheries Secretariat

Autres articles sur le sujet :
Deux études de Ecotrust Canada :

Autres documents :

Droits à produire, QIT et fonds de commerce appliqués aux pêches maritimes.

Yves Perraudeau - LEN-Corrail, Université de Nantes (Janvier 2006)

Longtemps, les ressources halieutiques ont été en libre accès, la pêche ne donnant droit à de quelconques droits de propriété. Progressivement, sur le second XXème siècle, des politiques de régulation des pêcheries ont été adoptées, favorisées par la montée du « nationalisme maritime » qu’illustrent les Zones Economiques Exclusives. Ainsi, tantôt en se superposant, tantôt en les effaçant, les réglementations de gestion et d’appropriation (avec privatisation) ont progressivement remplacé les règles tacites et souvent ancestrales des communautés de pêcheurs.

Le débat sur les droits à produire, sur les Q.I.T. ou encore plus récemment sur « les fonds de commerce à la pêche » garde donc toute son acuité, ces derniers n’étant qu’une expression plus commerciale et « grand public » d’une privatisation des droits à produire.

Pourquoi réglementer les pêcheries ? Pourquoi cette évolution ? Suite…

Le 7 novembre 2009

Finistère - Les marins sous la pression écologiste (Ouest France)

André Le Berre, président du Comité régional des pêches a dû gérer un débat un moment houleux entre pêcheurs et environnementalistes.

Échanges vifs autour de la gestion des ressources halieutiques hier aux Assises de la pêche à Quimper.

« Nous ne voulons pas être responsables devant des irresponsables. Je n'ai pas envie de confier l'avenir de la pêche à n'importe qui. » Philippe Le Moigne, président de la coopérative Ar-Mor-Glaz n'a pas caché hier sa lassitude face à l'omniprésence écologiste dans les dossiers pêche. Ses propos ont été relayés par Olivier Le Nézet (CFDT-pêche) qui a dénoncé « les organisations autoproclamées environnementalistes » pour lui largement responsables « de la dégradation de l'image de la pêche » et notamment du chalutage de grand fond.

Pourtant la réunion d'hier à la chambre de commerce de Quimper se voulait consensuelle : il s'agissait d'élaborer, dans le cadre des Assises de la pêche, une série de propositions que pourrait adopter le ministre Bruno Lemaire dans le cadre de la réforme de la politique commune des pêches. Des propositions du Comité régional des pêches visant par exemple à défendre le modèle breton de pêche responsable.

Structures de décision

Environnementalistes et pêcheurs ont adopté dans ces assises une attitude assez modérée, mais les choses se sont quand même gâtées, lorsque l'on a évoqué l'éventuelle création de nouvelles structures : les Unités d'exploitation et de gestion concertée (UEGC) des pêcheries. Les pêcheurs n'en veulent pas, car ils craignent que les environnementalistes n'y soient trop directement associés aux décisions.

Et quand Stéphan Baucher (Greenpeace) déclare « la pêche c'est l'extraction d'un bien commun. D'autres que les pêcheurs doivent s'exprimer, » Jacques Pichon (organisation de producteurs PMA) tempère : que l'on indique des objectifs. Les professionnels sauront gérer entre eux pour les atteindre. Et Olivier Le Nézet de conclure : « Pour nous les représentants de la société civile, ce sont les élus, pas les ONG. » Débat difficile à gérer pour André Le Berre, président du Comité régional des pêches qui, malgré les désaccords, annonce vouloir dialoguer plutôt que déterrer la hache de guerre avec ces organisations. Raymond COSQUÉRIC.

Illustration de Ecotrust Canada

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