La PCP du Bar à la croûte de sel ou celle de la barquette pour micro-ondes ?

Lisez ce très bon article de l'AFP qui explique les enjeux de la future Politique Commune des Pêches et les batailles qui se dessinent. Pays du Nord avec son industrie de la pêche pour des produits transformés. Pays du Sud avec sa pêche artisanale pour des produis frais. Nous en parlerons... Lisez pendant que je prépare une "loubine" achetée sur le marché de La Rochelle, un bar de ligne tacheté pêché à La Côtinière (Oléron) !

La pêche livrée à la loi du marché ? La controverse s'accentue en Europe

Bar à la croûte de sel ou barquette pour micro-ondes : ces deux approches de la table et leurs prix illustrent la bataille en cours en Europe pour les produits de la mer, avec le risque pour les pêcheurs de devoir se vendre à l'industrie pour pouvoir survivre.

La France s'inquiète de cette issue souhaitée par nombre de ses partenaires de l'UE. Elle déplore que la Commission européenne la cautionne dans ses propositions sur l'avenir de la politique commune de la pêche présentées mercredi et qui visent à réduire la capacité de la flotte de chalutiers de l'UE. Parmi elles : la création d'un marché privé d'échange de quotas entre pêcheurs.

Les Espagnols ne veulent plus des quotas

"Nous refusons de livrer la pêche à la loi du marché", a clamé jeudi Michel Barnier à l'issue d'une rencontre à Bruxelles avec le commissaire à la pêche Joe Borg, puis à Luxembourg lors d'une réunion avec ses homologues. "Je suis contre la suppression des quotas, comme le souhaitent certains démagogues, car ce sera la fin de la pêche artisanale", a-t-il soutenu. "Nous sommes favorables à des quotas identifiés pour chaque navire, mais il faut des règles. Il faut qu'ils soient administrés, pas livrés à une +marchandisation+", a-t-il expliqué. "On ne peut pas privatiser la mer, la laisser aux mains de ceux qui peuvent mettre le plus d'argent sur la table", s'insurgent pour leur part les pêcheurs français qui l'ont accompagné à Bruxelles. Plus directs, un expert du secteur explique les inquiétudes françaises: "Les Espagnols ne veulent plus des quotas.

L’industrie de la transformation achète des bateaux en Angleterre et en Irlande

L'industrie de la transformation achète des bateaux en Angleterre et en Irlande. Ils battent pavillons de leur pays, mais ils travaillent pour des intérêts espagnols. Les Néerlandais font la même chose. Ils se sont spécialisés dans la sole et ils rachètent les bateaux belges". Le choc est frontal avec la Commission. Il va l'être également avec certains partenaires de la France.

Le Danemark a instauré ce mécanisme depuis 2007 et il permet aux pêcheurs de vivre de la mer, a expliqué jeudi à l'AFP la ministre de la pêche Eva Kier Hansens. "La politique actuellement menée ne marche pas. Il faut trouver une méthode différente", a-t-elle plaidé. Les Danois dénoncent notamment le gaspillage que représente le rejet en mer de poissons par des pêcheurs qui ont dépassé leur quota de captures. "Nos pêcheurs aussi étaient très inquiets lorsque nous avons proposé les droits transférables. Mais maintenant ils sont très satisfaits. Et nous aussi nous avons des petits pêcheurs", a assuré Mme Hansens.

Les débats ne font que commencer. Mais ils s'annoncent difficiles lors de la prochaine réunion des ministres de l'UE en mai à Bruxelles. L'objectif est de parvenir à réformer la politique commune en 2012. Il y a "urgence" et il faut une "réforme en profondeur", soutient le commissaire Joe Borg, qui fait valoir que 88% des espèces sont aujourd'hui surpêchées dans l'UE. "Le secteur est en train de s'autosuicider", avertit Cesar Deben, directeur général de la pêche à Bruxelles. "Il y a trop de bateaux et plus assez de nouveaux poissons. Alors le secteur entre dans un cercle vicieux avec la demande de quotas supplémentaires ou d'aides, avec le risque de pêches illicites", explique-t-il. Le consommateur souffre de cette politique. Il paie le poisson deux fois: une fois à l'étal et une deuxième fois avec ses impôts pour financer les soutiens à la pêche, déplore la Commission. "La pêche doit s'adapter. La demande a changé depuis dix ans. Les consommateurs veulent d'autres produits, des plats pré-cuisinés, ou recherchent des garanties sur les normes de pêche", note Cesar Deben. "Tout le monde est d'accord sur la nécessité d'une nouvelle réforme. Le problème, ce sont les modalités", souligne-t-il. (Copyright AFP)

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