Pennatule : ne va-t-on pas vers l'interdiction du chalutage dans le Golfe de Gascogne ?

Tout a commencé avec la rédaction d'une note pour un groupe de travail international sur la diversité biologique..... Et Raymond Cosquéric journaliste à Ouest-France explique la suite dans un très bon article intitulé "Qui choisir : la pennatule ou le pêcheur ?"

"Cet organisme pourrait perturber la pêche à la langoustine du golfe de Gascogne. Faut-il protéger une faune fragile ou un métier difficile ? Pennatule, pennatula phosphorea de son nom savant. Derrière ce nom barbare se cache un curieux organisme marin. Il étire au fond des océans ses branches rougeâtres, sortes de feuilles de fougères d'une vingtaine de centimètres. Pennatule trompe son monde : c'est un animal marin, un cousin des anémones de mer et des méduses. Tous appartiennent à la grande famille des cnidaires. Les pêcheurs n'en avaient pas entendu parler. Cela va changer. « Chaluté trois fois par an » Voilà que cet inoffensif organisme marin menace la langoustine. Ou, plutôt, ceux qui la pêchent sur la grande vasière du golfe de Gascogne. Soit, quand même, plus de 200 bateaux ¯ et leurs équipages ¯ de Bretagne et des Pays de la Loire. Une biologiste a été chargée par l'Agence des aires marines protégées de Brest de rédiger une note pour un groupe de travail international sur la diversité biologique. « Chaque mètre carré est chaluté trois fois par an », souligne le texte. Conséquences ? Un ratissage destructeur. Qui bouleverse les fonds. Au final, ce sont les conditions de (sur) vie de la pennatule qui sont modifiées. D'où l'idée de classer la zone en « habitat menacé » et, parmi les mesures de préservation possibles, d'interdire le chalutage. Les Comités des pêches du Finistère ont réagi par l'intermédiaire de Thierry Guigue, un spécialiste de la pêche aux langoustines. Pour critiquer, d'abord, la faiblesse scientifique du dossier. À l'Agence, Laurent Germain explique que le dossier sera approfondi, avec les pêcheurs. « Pas de reconversion irréaliste » Dans la foulée, le scientifique tempère. La pennatule ne colonise pas toute la zone de pêche. Son existence n'est pas menacée, mais sa présence, associée aux langoustines dans leurs terriers, est l'indicateur d'habitats qui méritent d'être préservés. Nuance. Thierry Guigue met quand même les points sur les « i ». « La note citait, comme un bon exemple, les langoustines capturées au casier dans le loch Corridon, en Écosse. Une toute petite pêcherie tout près du port. Qu'on n'essaie pas de nous vendre une reconversion irréaliste pour nos chalutiers. » De tels exemples de « compétition » entre des organismes marins (ou terrestres) et des professionnels, dont les pêcheurs, vont se multiplier. C'est tout le débat, sensible et difficile, entre la protection de la faune, de la flore et des emplois."

Comme Raymond Cosqueric, nous pouvons nous interroger : ne va-t-on pas progressivement interdire le chalutage dans le Golfe de Gascogne ?

Trois jours plus tôt dans le même quotidien, une brève titrait "Ni chalut ni sous-marin à la Cachucha".

"Chaluts interdits dans certaines zones dont l'accès sera réservé aux navires locaux... le projet de règlement du parc espagnol de la Cachucha, sur une montagne sous-marine asturienne, montre que l'on peut aller très loin dans les mesures de préservation. En France, les zones Natura 2000 ne devraient ne devraient, a priori , pas changer trop de choses pour les pêcheurs, rassure l'Agence des aires marines protégées. La quasi-totalité de leurs pratiques serait déjà compatible avec Natura 2000 ...."

Le parc espagnol de la Cachucha est localisé dans el golfo de Biscaya. Tous les marins comprendront, il s'agit bien du Golfe de Gascogne !!!
Source : d'après 2 articles de Ouest-France

Le 12 septembre 2009

CLPM Le Guivinec : Le dossier OSPAR (Pennatule)
La pennatule est une sorte de corail mou présent dans la grande vasière. Toute la question est de savoir si son habitat est menacé ou en déclin. Ce dossier a connu plusieurs péripéties, en octobre 2008 il a été momentanément retiré des discussions OSPAR. François Gauthier, nouveau directeur adjoint de l’Agence des Aires Marines Protégées (AMP) laisse émerger une vision française du problème dans laquelle il serait impossible de conclure à une menace généralisée sur cet habitat. Les pêcheurs s’engagent parallèlement vers une approche écosystémique. Il faut noter que depuis que les pêcheurs, via l’Aglia, ont décidé de participer à une étude sur la pennatule, on en trouve beaucoup plus que les scientifiques n’en ont jamais trouvé… Affaire à suivre de près par les pêcheurs qui se trouvent finalement au coeur de la connaissance. Il faut garder à l’esprit que l’interdiction programmée de la pêche des grands fonds a commencé par une inscription des coraux dans les listes OSPAR.
Source : CLPM Le Guilvinec Commission Langoustine du 12 septembre 2009

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Le 14 octobre 2011

Des coraux froids à protéger dans le golfe de Gascogne (Ouest France)

Les coraux n’existent pas que sous les tropiques. Il existe des coraux profonds, au large de l’Europe, aussi appelés « coraux froids ». La campagne BobEco, menée par Ifremer s’est achevée le 11 octobre. Menée par Sophie Arnaud-Haond (Ifremer Brest), cette campagne s’est déroulée à bord du navire Pourquoi Pas ? et à l’aide du sous-marin téléopéré Victor 6 000. Pendant un mois, la campagne a permis de localiser et de mieux connaître ces coraux, dans le golfe de Gascogne et à l’ouest de l’Irlande. Ils seraient menacés par la pêche par grands fonds et l’acidification des océans. La campagne BobEco vise à fournir aux décideurs les données qui permettront de prendre des mesures de gestion comme l’éventuelle création d’aires marines protégées.

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Photographie tirée de Wikipedia : Pennatule (Ptilosarcus gurneyi de Vancouver Aquarium) prise par Stan Shebs

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